Winston Smith, 39 ans, le narrateur travaille à Londres. Il est un des rouages infimes (et insignifiants) du parti de Big Brother. Bienvenue au monde cauchemardesque imaginé en 1948 par G Orwell !!! Dans ce monde, plus de pays mais trois blocs, l’Océanie, l’Eurasia et l’Estasia. Ces trois blocs passent leur temps à se faire la guerre ou à s’allier au gré des opportunités.
Ce livre, en trois parties, va crescendo : la première plante le décor d’un monde totalitaire terrifiant où chacun est observé, par un télécran, chacun doit approuver les directives du parti, acclamer Big Brother. Il faut également participer à des manifestations appelées les 2 Minutes de la Haine et huer Goldstein, le traître. Les enfants sont invités à dénoncer leurs parents à la Police de la Pensée.
Pour les habitants de Londres, plus de possibilité de s’exprimer, plus de sexe (autre que pour la procréation), plus de livres, plus de loisirs à part ceux collectifs organisés par le parti. Une pauvreté terrible est présente partout, les immeubles sont délabrés, les gens n’ont que peu à manger et la nourriture est infecte. Petit à petit, Winston a envie de se rebeller et commence un acte terrible, puni de mort : il écrit un journal où il raconte son travail au ministère (il est chargé de réécrire les journaux pour changer l’histoire et se pose constamment des questions sur la mémoire individuelle et collective).
Dans la deuxième partie, Winston écrit également sa rencontre avec Julia, une jeune femme du parti comme lui (en sachant que toute relation est interdite à l’intérieur du parti). Ils vivent ensemble un début d’idylle qui leur donne espoir en un monde meilleur, se trouve une petite chambre (sans télécran) où ils peuvent s’aimer.
Un responsable du parti intérieur, O’Brien, leur propose de rejoindre la rébellion, appelée aussi la Fraternité, mais cette rébellion existe elle réellement ? Winston et Julia s’engagent alors chez O Brien à rejoindre la rébellion jusqu’au moment où ……
Ce livre est un texte très riche, très abouti, qui réfléchit sur le rôle des livres, des médias, de la manipulation de l’information.
Le parti arrive à asservir les populations en faisant planer le risque de la guerre (Y a t-il réellement une guerre ?). Big Brother apparaît alors le sauveur (Big Brother existe-t-il réellement ? tout en donnant quand même quelques lueurs d’espoir (la rébellion existe elle ?)
En réécrivant l’histoire continuellement et en réduisant de plus en plus le vocabulaire autorisé, le pouvoir en place étouffe toute révolte et même l’idée de révolte. Plus personne n’a de souvenirs d’avant, plus de mémoire, plus de comparaisons, plus de mots, plus de révolte…
Trois extraits
Le ministère de la Vérité comprenait, disait-on, trois mille pièces au-dessus du niveau du sol, et des ramifications souterraines correspondantes. Disséminées dans Londres, il n’y avait que trois autres constructions d’apparence et de dimensions analogues. Elles écrasaient si complètement l’architecture environnante que, du toit du bloc de la Victoire, on pouvait les voir toutes les quatre simultanément. C’étaient les locaux des quatre ministères entre lesquels se partageait la totalité de l’appareil gouvernemental. Le ministère de la vérité, qui s’occupait des divertissements, de l’information, de l’éducation et des beaux arts. Le ministère de la paix qui s’occupait de la guerre. Le ministère de l’amour qui veillait au respect de la loi et de l’ordre. Le ministère de l’abondance, qui était responsable des affaires économiques. Leur noms, en novlangue, étaient : Miniver, Minipax, Miniamour, Miniplein. (p 15)
Une réflexion de Winston sur le rôle de la sexualité
Son aventure avec cette femme avait été son premier écart après deux ans environ. Fréquenter les prostituées était naturellement défendu, mais c’était une de règles qu’on pouvait parfois prendre sur soi de transgresser. C’était dangereux, mais ce n’était pas une question de vie ou de mort. Etre pris avec une prostituée pouvait signifier cinq ans de travaux forcés, pas plus, si l’on n’avait commis aucune autre offense. Et c’était assez facile, pourvu qu’on puisse éviter d'être pris sur le fait. Les quartiers pauvres fourmillaient de femmes prêtes à se vendre. Quelques unes pouvaient même être achetées avec une bouteille de gin, liquide que les prolétaires étaient censés ne pas boire. (P91)
Un peu de géographie pour le challenge « Lieux imaginaires » D’Aymeline
La division du monde en trois grands états principaux est un évènement qui pouvait être et, en vérité, était prévu avant le milieu du vingtième siècle. Avant l’absorption de l’Europe par la Russie et de l’Empire britannique par les Etats-Unis, deux des trois puissances actuelles, l’Eurasia et l’Océania, étaient déjà effectivement constituées. La troisième, l’Estasia, n’émergea comme unité distincte qu’après une autre décennie de luttes confuses. Les frontières entre les trois super états sont, en quelques endroits, arbitraires. En d’autres, elles varient suivant la fortune de la guerre, mais elles suivent en général les tracés géographiques. L’Eurasia comprend toute la partie nord du continent européen et asiatique du Portugal au détroit de Behring.
L’Océania comprend les Amériques, les Iles de l’Atlantique, y compris les îles Britanniques, l’Australie et le Sud de l’Afrique.
L’Estasia, plus petite que les autre, et avec une frontière occidentale moins nette, comprend la Chine, les îles du Japon, et une portion importante mais variable, de la Mandchourie, de la Mongolie et du Tibet. (p247)
Ma troisième participation au challenge Lieux Imaginaires d'Aymeline
Ma quatrième participation au challenge de Métaphore sur les Romans Cultes ;-)

et Challenge Babelio Lettre O