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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 18:54

Participation à l'atelier de Gwennaelle  

 

La consigne :

 

Un article récent de Claudialucia est à l’origine du sujet que j’ai envie de vous proposer aujourd’hui. A mi-chemin entre l’autobiographie et la construction de personnage, vous allez devoir énumérer les objets figurant dans le Cabinet de Curiosités de votre « double ». Votre double? Oui, un homme ou une femme pas tout à fait comme vous et pas tout à fait autre non plus. Votre « moi » rêvé ou fantasmé en quelque sorte… qui vous permettra de vous dévoiler un peu, beaucoup ou pas du tout… 

 

Comment procéder? Eh bien tout d’abord en décrivant le lieu où se trouve ce Cabinet de Curiosités (forcément révélateur) puis en énumérant les objets qui s’y trouvent et éventuellement en racontant leur histoire. Vous pouvez pour cela utiliser la première personne mais aussi  le personnage d’un amateur, d’un fan, d’un amoureux éconduit ou d’un journaliste qui se lance sur les traces de votre double, bien décidé à en apprendre davantage… Sur la forme vous être donc relativement libres.  Sur le fond, vous devez trouver des objets (au moins une dizaine) qui permettront au lecteur d’esquisser un portrait de celui ou celle à qui ils appartiennent (au moins virtuellement… ). Débridez votre imagination, votre poésie et laissez s’envoler vos rêves les plus secrets ou les plus fous…

 

 

 

et mon texte :

 

L'inspecteur regarde l'univers d'Audrey d’un œil neutre, attentif à tous les détails …….

Il a demandé à la soeur, Magali, de le laisser seul pour les premières investigations, les premières heures sont cruciales et il a horreur de sentir la famille dans son dos, inquiète, qui pose des millions de questions auxquelles il n'a pas de réponse.

Pour le moment, fugue amoureuse, accident, enlèvement il n'a aucune opinion sur cette disparition : il observe.

Un unique tailleur repose sur le lit défait. Le reste de sa garde robe se compose de jeans, de pull et tee shirt sobres. Un pantalon bariolé africain, motif géométrique d'oeil (de yeux? ) qui se répètent à l'infini, une paire de babouches.

Il se tourne maintenant vers un coin de la chambre qu'il devine (espère ? ) être révélateur de sa personnalité. Elle s’est fabriqué de bric et de broc un coin minuscule, sorte d’autel-refuge, dans un angle de la chambre.

 

Magali, lui a brossé rapidement un portrait de sa soeur, juste avant de le laisser seul. « Audrey a été adoptée tout bébé, travaille en stage au musée de Nice, est une jeune fille riante, équilibrée, sans problème ».

 

Sur le miroir, une photo de ses parents biologiques, qui un beau matin, ont disparu de la surface de la terre, plus aucune trace d’eux, ni de leur passage sur terre (dixit Magali)

Sur cette photo, en noir et blanc, on voit le père sourire en regardant la mère. Celle-ci, imperturbable, regarde l’horizon, et semble ailleurs. Rien n’existe, ni son mari qui l’admire, ni le photographe qui a su capter cette présence et déjà l’ombre qui plane sur ce couple. Il devait l’aimer à la folie pour la regarder comme cela : personne ne m’a regardé comme cela, se dit il soudain, pas encore du moins.

 

A l’autre angle du miroir, une photo des ses parents adoptifs, et un peu partout autour une multitude de photos d’Audrey et de Magali : avec des couettes, en robes écossaises à 7 ans, Audrey sur un poney, Magali en kimono, des éclats de rire, une purée de carottes comme maquillage à 1 an, des adolescentes autour d’un bateau. Aucune chronologie : juste une multitude de photos, qui semblent comme échouées sur une plage.

 

La dernière photo met en scène le vingtième anniversaire d'Audrey (merci les bougies on voit nettement les deux bougies nombre), il faudra qu'il demande à la soeur de quand date la photo : il diraitquelques mois : on voit que c'est le printemps aux arbres de la photo, les copains de l’école, du lycée sourient à l'objectif : il faudra qu'il les rencontrent tous et décroche la photo.

 

On ne voit d’ailleurs qu’une toute petite partie du miroir, tellement il est encombré de photos. De toute façon, le matin elle doit à peine se regarder dans la glace, pas de produit de maquillage, juste un peu de crème hydratante dans la salle de bain, la brosse à dent et le dentifrice sont encore là.

Délaissant les photos, le regard de l'inspecteur se pose sur la petite table devant le miroir :

On la dirait tout droit sortie d'une brocante et peinte à la main : motifs ethniques à nouveau

 

Sur la table, un souvenir ultra kitch de vacances : une statue sculptée dans une noix de coco : pourquoi une noix de coco ?

Il faudra qu'il interroge la soeur sur ses derniers voyages ; peut être une piste à suivre

 

Un minuscule djembé trône aussi sur la table. Il tapote dessus pour le doux bruit de la peau tendue, paumes grandes ouvertes. De temps en temps, il s'imagine qu'elle le prend et accompagne des multiples CD qui tronent sur l'étagère : Césaria Evora, Dee Dee Bridgwater, Touré Kounda...... A côté un autre instrument africain dont il ne connait pas le nom : instrument de musique, une grosse demi-calebasse évidée percée et recouverte d'une peau, de deux poignées, d'un manche et de plusieurs cordes.

 

Son micro ordinateur occupe le reste de la place sur cette table, l’imprimante a été reléguée par terre : plus de place pour elle sur la table. Il ne l'allume pas ici, c'est le boulot du labo mais il va l'emporter.

 

Le presse papier, sorte de lézard multicolore, sur le dessus lui fait penser à son voyage à Barcelone avec sa femme : Gaudi puis la Maison Dali à Port Lligat. Dali et ses déserts ornent les posters de cette chambre .

 

Partout, des livres : les livres sur l’étagère sont ceux de la bibliothèque avec une multitude sur Chagall, son sujet d’étude du moment, Chagall . Des livres bien rangés comme de braves petits soldats : Il ne faut pas les abîmer. Elle est soignée cette fille.

Plus loin, la collection complète des romans de Daniel Pennac, tout griffonnés : il prend le plus abimé et l'ouvre à la première page:



C'était l'hiver sur Belleville et il y avait cinq personnages. Six, en comptant la plaque de verglas. Sept, même, avec le chien qui avait accompagné le Petit à la boulangerie. Un chien épileptique, sa langue pendait sur le côté.

La plaque de verglas ressemblait à une carte d'Afrique et recouvrait toute la surface du carrefour que la vieille dame avait entrepris de traverser. Oui, sur la plaque de verglas, il y avait une femme, très vieille, debout, chancelante. Elle glissait une charentaise devant l'autre avec une millimétrique prudence. Elle portait un cabas d'où dépassait un poireau de récupération, un vieux châle sur ses épaules et un appareil acoustique dans la saignée de son oreille. A force de progression reptante , ses charentaises l'avaient menée, disons, jusqu'au milieu du Sahara, sur la plaque à forme d'Afrique. Il lui fallait encore se farcir tout le sud, les pays de l'apartheid et tout ça. A moins qu'elle ne coupât par l'Érythrée ou la Somalie, mais la mer Rouge était affreusement gelée dans le caniveau. Ces supputations gambadaient sous la brosse du blondinet à loden vert qui observait la vieille depuis son trottoir.

 

Pourquoi a t elle souligné tous ses mots ?

L’Afrique, encore, la poursuit : une jeune fille adoptée en quête de ses racines, se dit il.

 

Ces livres sont soulignés, écornés, griffonnés, dessinés dans les marges.

 

Il a fini son inspection : il est temps d'interroger la soeur maintenant : il n'a rien trouver d'extraordinaire, mais il n'a rien trouvé d'inquiétant non plus : pas de lettre d'adieu, pas de drogue : une chambre ordinaire d'une jeune fille ordinaire.

 

Allons voir ce que les autres ont trouvé sur l'autre disparition, celle du biélorusse « Alekseï Sergueïévitch Anski » d'après ses notes; se dit il en emportant l'ordinateur sous le bras et la photo d'anniversaire.

 

Les textes des autres participants sont ici

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commentaires

A
<br /> je veux la suite :)<br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> la suite se fera au gré des ateliers ..............<br /> <br /> <br /> <br />
3
<br /> cela donne envie de connaitre la suite....<br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> J'avance petit à petit en fonction des ateliers (dans le désordre)<br /> <br /> <br /> Tiens cela me fait penser que le dernier commentaire que je t'ai laissé sur ton blog a été mangé par Mon smartphone : j'y retourne<br /> <br /> <br /> <br />