6 mars 2013
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Nicolas Talberg est détective privé à Strasbourg. Il aime le whisky et les jolies femmes, partage le lit de sa secrétaire et semble tout droit sorti d’un roman de Chandler.
Un vendredi soir, il est engagé par une cliente particulière : une vieille dame qui sait tout de lui, et se présente comme… une sorcière ! Pour 1000 euros par jour (plus les frais), elle le lance à la poursuite des assassins d’un certain Thaddée Misowski.
Sa cliente l’a-t-elle envoûté ? Cette enquête de plus en plus risquée va le mener d’une secte d’illuminés jusqu’aux abattoirs chevalins du nord de Strasbourg. Autour de lui, les meurtres s’accumulent, les mystères s’épaississent, les menaces de mort deviennent pressantes et de curieuses douleurs le prennent dès qu’il s’éloigne de son devoir.
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Mes impressions :
Lors de la dernière opération Masse Critique de Babelio, j'ai été intriguée par la couverture de ce livre qui m'a fait penser (forcément) à une partie d'échec. Le cheval devant avec son chapeau de détective, à la Humphrey Bogart, semble narguer l'autre cavalier avec le chapeau de sorcière. Et c'est bien là l'idée de départ de ce roman policier. Mme Erna Federlé, une septuagénaire "habillée comme un épouvantail" engage notre sympathique, quoique volage, détective, pour enquêter sur le meurtre d'un certain Misowski. Ce qui m'a semblé intéressant n'est pas tant l'intrigue mais plutôt le rapport entre les deux personnages principaux. Erna l'embauche pour enquêter mais elle semble déjà tout savoir alors pourquoi ? Le début est très drôle quand Nicolas est aux prises avec les pouvoirs surnaturels de la sorcière (faut dire que je n'aime pas le foot et voir un footeux tourné en ridicule me fait rire). Les personnages sont un peu caricaturaux mais c'est un peu le principe de ce pastiche-hommage à Chandler (je précise que je n'ai lu que "le grand sommeil" de cet auteur)
Pas de course poursuite mais un peu de suspens. Et surtout, des clins d'oeils appuyés aux maîtres du genre, notamment le détective qui passe son temps à enquêter, s'arrêter pour boire un whisky (ici une bière d'Alsace), manger sur le pouce (ici deux douzaines d'escargot et un jarret de porc braisé, entre autres...). Les méchants sont des méchants et ont des noms pas possibles (j'étais une des rares à rigoler toute seule cette semaine dans le métro : mais bon Balthazar Brugnon est un nom qui me fait rire ...)
En conclusion : une lecture sympathique pour ne pas se prendre le bourricot (enfin je voulais dire le bourrichon)
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Deux extraits :
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Thaddée Misowski avait loué en ville une minuscule chambre qui lui servait de bureau et qui était en même temps son domicile légal. Il n'avait pas de comptabilité ou de trésorerie, car il n'acceptait pas de paris, mais se contentait de vendre cash des tuyaux à des gens qui généralement n'y comprenait pas grand chose aux courses de chevaux.Il encaissait cent euros par tuyaux. Si le cheval gagnait,il gardait l'argent, sinon il le rendait au client. Ce n'était qu'en apparence une mauvaise affaire.Car pour une course dans laquelle étaient engagés, par exemple, huit chevaux, ils vendaient huit tuyaux différents, un par cheval.Il gardait les cent euros du client dont le cheval avait gagné, et remboursait les sept autres. A raison de six ou sept courses par jour, ça lui faisait un bénéfice de six cents ou sept cent euros. L'astuce était bête à pleurer , mais il y a toujours des gogos qui aiment se faire plumer. (p27)
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L'endroit se trouvait près de la zone commerciale de Vendenheim. J'ai laissé ma voiture près de la rue des Artisans et fait le reste à pieds jusqu'à l'adresse que m'avait donnée Angelo. L'abattoir n'était pas difficile à trouver - il suffisait de suivre une odeur de sang douceâtre et écoeurante.
Un mur gris entourait un grand espace dans lequel étaient disséminées plusieurs bâtisses. La plus important était à l'évidence l'abattoir proprement dit, puisque plusieurs canassons faméliques attendaient devant l'entrée qu'on veuille bien les trucider. Je me trouvais devant un portail, seule ouverture dans ce mur sinistre qui évoquait irrésistiblement l'enceinte d'une prison. Le gardien se trouvait dans une guérite chauffée. En m'approchant, j'ai vu qu'il était en train de tricoter. Je lui ai demandé où je pouvais trouver Balthazar Brugnon.
- Sur votre gauche, tout droit, jusqu'au bâtiment marqué "Bureaux"
Pendant qu'il parlait, j'étais fasciné par sa dentition chevaline qui déformait son visage et gênait son élocution.
- Est-ce-que c'est à cause d'une trop forte consommation de viande chevaline ou êtes vous réellement un cheval? Ai-je demandé.
Il me regardait tristement avec ses yeux de vieille rosse et secoua la tête d'un air résigné. Sans doute était-il obligé d'entendre ce genre de plaisanteries à longueur de journée. Je hennis pour prendre congé et allai dans la direction qu'il m'avait indiquée. Sur mon chemin, je suis passé devant une boucherie chevaline, ce qui montrait que Brugnon vendait aussi au détail le production de son abattoir.(P 58)
et Challenge Babelio Lettre N