Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 06:07

Sur une idée de Chiffonnette

 

 

Quatre jours seule !Incognito. Dans trois heures, elle poserait le pied sur le quai de Saint Pancras. Trois heures ! Au XIIème siècle, il fallait trois jours pour traverser la Manche en bateau. Trois jours pour faire Paris- Avignon à bride abattue sans s’arrêter si ce n’est pour changer de monture. Sinon, il fallait compter dix jours. Tout va si vite aujourd’hui, j’ai la tête qui tourne. Parfois elle avait envie d’arrêter le temps, de crier pouce, de se réfugier sous sa carapace. Elle n’avait prévenu personne de son arrivée. Ni Hortense, ni Shirley, ni Philippe. Sur les conseils de son éditeur anglais, elle avait retenu une chambre  dans un hôtel de charme sur Holland Park, dans le quartier de Kensington. Elle partait à l’aventure.

 

 

   Katherine Pancol

  La valse lente des tortues

 

 

  JEUDI CITATION

 

Partager cet article
Repost0
14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 03:47

machine-brouillons-1 

 

 

Salut c’est Lubie, vous me reconnaissez ?

 

 

Depuis que mon patron Alfred sait qu’il va emmener les mariés à l’église dans sa calèche, il est tout tourneboulé. Il passe son temps à passer le chiffon sur la calèche sous prétexte qu’elle est poussiéreuse, il aspire mon tapis de selle persan et cire  le harnais trois fois par jour. Pour tout dire il a l’air un peu perdu.

Moi, cela ne me fait ni chaud, ni froid. Pourtant, c’est moi la jument alezane, qui va la tirer cette carriole mais je suis très calme, sereine.

Enfin j’étais sereine jusqu’au début de la semaine. Depuis je commence à comprendre la situation particulièrement perturbante que va occasionner ce mariage. Figurez vous que depuis que ce mariage est connu, que la date est fixée, que les invités ont reçu leur carton d’invitation, c’est devenu un défilé permanent à la ferme.

 

Tout d’abord, on a eu la visite de Blanche,  la fleuriste, mardi je crois. Elle voulait voir Alfred, la calèche et bien sûr moi pour décider des fleurs qu’elle allait mettre dans la corbeille, pour l’harmonie des couleurs, et patati et patata. Elle disait qu’elle hésitait encore sur des pivoines, des pétunias ou des impatiences. Comme j’écoutais attentivement ce qu’ils disaient, les deux devant mon enclos, j’ai réagi tout de suite. Il n’est pas question que je me transforme, ni moi ni la calèche, en bouquet de fleurs. D’abord je suis allergique au pollen.

Pour leur montrer ma désapprobation au sujet de ces fleurs, je leur aie montré mes dents vertes. Comme  dit parfois ma copine Soène « Tu lui montres les dents vertes et ensuite tu as la paix ». Moi j’ai toujours les dents vertes, rapport à la belle herbe qu’il y a dans mon pré, surtout que c’est le printemps et que la nuit la pluie rafraîchit ma prairie. Mais je ferme cette parenthèse, qui n’a rien à voir avec mes préoccupations actuelles.

Ensuite, j’ai grignoté les fleurs de son chapeau, à la fleuriste ! Vous l’auriez vu repartir en courant, la péronnelle, en se tenant son chapeau de paille et en criant : « Finalement on va y aller avec parcimonie avec les fleurs sur la calèche et la jument ». Alfred lui courrait après en disant  « Pardon, pardon, vous savez, elle a l’air un brin excentrique, la Lubie, mais c’est une perle »

 

Après la fleuriste, le lendemain on a vu débarquer le photographe de la future noce. Il voulait m’habituer, avec Alfred, au déclenchement du flash. C’est terrible le flash, Paf ! au moment où on s’y attend le moins, cela éblouit : cela m’a mis sur les nerfs pour la journée. Le photographe était persévérant et il a attendu patiemment que je ne sursaute plus à chaque prise de vue. Heureusement, ce cher Alfred m’a parlé gentiment en me donnant des pommes à croquer et aussi en me disant qu’il allait embaucher un petit page pour la noce pour me chouchouter (et me donner des pommes)

 

Enfin le pompon, cela a été samedi. Je m’étais tranquillement évadée de mon pré pour aller goûter les plants de pommes de terre d’Alfred. Bonne pâte, je partageais même mon repas avec une horde de poules qui picoraient sur le mur, quand  je me suis trouvée nez à nez ou plutôt nez à museau avec un drôle de petit animal qui cavalait à quatre pattes à toute allure. Il était habillé bizarrement avec un petit chapeau ridicule surmonté d’oreilles de lapins. Mais j’ai vu tout de suite que ce n’était pas un lapin. Il n’avait pas de petite queue sur son derrière ! Je l’ai reniflé et là ça sentait pas la rose (d’ailleurs je m’y connais en fleur - y’a qu’à demander à la fleuriste).

 

J’allais passer mon chemin tranquillement, en l’ignorant ce pantin, quand soudain j’ai entendu de grands cris «  Mon Octave, cette jument va piétiner mon Octave !! », et la mère du bonhomme à quatre pattes est arrivée à toute allure, avec Alfred sur les talons. Les larmes faisaient de drôles de traces sur son visage poudré, pauvre femme. Pathétique ! j’ai jamais mangé de lapins, moi ! La malheureuse a récupéré son rejeton en me lançant un regard assassin. C’est là que j’ai compris que le lapin, en fait c’était un  bébé.

 « Alfred, a-t-elle dit, paniquée, mais que fait votre jument dans le potager ». Là Alfred était tout gêné et c’est Octave heureusement qui a sauvé la situation. Il donnait de vigoureux coups de pieds en l’air, comme s’il était sur un pédalo, et il a ouvert la bouche, avec deux quenottes de lapin très mimi. Il a postilloné un « DADA » tonitruant.

Je l’aime moi cet Octave, il sait parler aux juments !

 

 

Les mots collectés et les autres participants sont chez Asphodèle .

Poussiéreux(se) - pluie – pré - persévérante – parcimonie – picorer -  page - perdu(e) – pétillant(e) – pédalo – putréfaction- pollen -  pardon –persan – pivoine - partage – poudrer

 

Je n’ai pas mis procastination qui était facultatif

Je ne suis pas arrivée à mettre putréfaction

 

 

Ce texte est ma participation au jeu du mois d'avril d'azacamopol

 

Le texte de présentation de ABC pour Blanche, la fleuriste est ici  

Et celui du petit Octave de Cécile MDL est ici    

 

 

 

Je suis en congé juqu'au 2 mai, si je n'ai pas le temps de venir vous lire d'ici samedi, je viendrais vous faire un coucou à mon retour  

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 07:21

Un bonnet de Petit Poucet,

Les mille et un voiles de Shéhérazade,

Une seconde Peau d’Ane,

Les bottes de sept lieues !

Sans couper les cheveux en quatre,

Le conte est bon.

 

 

La consigne de la semaine des Impromptus Littéraires

« Vous allez vous "mettre sur votre 31" et vous disposerez très précisément de trente et un mots (hors titre) pour nous décrire votre tenue, costume ou accoutrement.
Nous n'accepterons pas non plus les titres comportant plus de 31 mots ! »

Partager cet article
Repost0
12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 06:49

Dans les années 1930, Brice Le Creurer, le narrateur, est un jeune garçon d’une douzaine d’années.

Le livre déroule  en quatre parties distinctes, jusqu’à ces 16 ans.

 

Dans la première partie, Brice raconte son enfance heureuse au Vénézuela entouré de son père, ethnologue et de sa mère. Ses parents disparaissent dans la jungle dans un probable accident d’avion. Brice, écrasé de chagrin, part à leur recherche. Un homme, Jouve Déméril le recueille dans la jungle et l’emmène au Brésil.

 

La deuxième partie se déroule au Brésil (selon le narrateur) mais le lecteur comprend vite, qu’en fait de Brésil, l’action se passe plutôt sur une autre planète. En effet on y rencontre des animaux étranges comme les « camélides, sortes de girafes de poche à poil ras », les personnes se déplacent en repteuses, sortes de voitures sur coussins d’air, les titres des livres lus par Jouve mettent la puce à l’oreille.

Il y a des moments très drôles où le jeune homme est en parfait décalage avec le lecteur, car il  n’a pas compris qu’il est sur une autre planète. Par exemple, il essaie de retirer une plume à un homme-paon en pensant qu’il s’agit juste d’une parure d’indien alors que les plumes sont la chevelure de cet homme-oiseau, de l’espèce des Kihas.  A la fin de cette partie, Jouve révèle à Brice la vérité et qu’aucun retour sur Terre n’est envisageable.

 

Condamnés à fuir du fait des opinions politiques de Jouve, les deux personnages se retrouvent après un long voyage en kélide dans une ville époustouflante sur Soror, Grand Croix, où se déroule l’adolescence de Brice. Lors de ce voyage, le lecteur est constamment surpris par les formes de vie sur cette planète, en particulier des morch, sorte de gros champignons-dolmen qui abritent des reptiles ou encore un attaque de planaires (non, non je ne vous dirais pas ce qu’est une planaire !). Cette ville est magique pour Brice et c’est la partie qui m’a lu plus intéressée, certainement aussi du fait que la vision du narrateur s’enrichit au fur et à mesure qu’il grandit. 

 

La dernière partie se passe sur une autre partie de la planète Soror, dénommée Subral . Cette dernière partie m’a moins plu que les trois premières car malgré une idée initiale très intéressante, elle se révèle vite répétitive et un peu trop sanguinolante à mon goût.

 

Parmi les autres sujets évoqués par le biais du narrateur mais de façon très périphérique, on note quelques considérations politiques, religieuses, mais ces partie font partie de la vie de Jouve et on les envisage via la vision d’un adolescent qui est plus passionné par ses rapports avec ces camarades que par des théories politiques.

 

Le noô du titre de ce livre correspond à une drogue que l’on trouve à l’état naturel sur Soror, drogue que l’on pourrait assimiler à une sorte de radioactivité qui donne des hallucinations fantastiques.

 

Paru en 1977, le premier chapitre de Noô1  commence dans une sorte d’hôpital psychiatrique inquiétant et on se demande souvent si toute l’épopée du narrateur n’est pas une longue hallucination. Enthousiasmée, par le monde fabuleux dépeint dans ce livre, je compte lire bientôt Noô2.

 

Quelques extraits :

 

« Bibliothèque ! Des bouquins et des bouquins ! des atlas ! Je passais mes heures les plus délicieuses à voyager assis devant les géographies, tremplin multicolore des imaginatifs. Soror, comme presque toutes les planètes gravitant autour d’Hélios, portait ses continents en écharpe. Le bloc principal émergeait en se déhanchant du Sud au Nord, comme une Amérique bancale dont la Terre de feu eût touché l’Insulinde, et le Labrador bousculé l’Irlande. Haut-Océan au dessus. C’était simple. Continent Nord : Uxael, continent sud : Subral, reliés par un isthme équatorial ténu, au limite de la rupture.

A mi chemin de l’Antarctique, une espèce d’Australie à pseudopodes joliment baptisée Imerine. Sur l’autre pointillé tropical, une poussière d’archipels environnant le Born montagneux, espèce de Suisse insulaire.….

Que de noms ! Tous ces noms à n’en plus finir de rêver sur les cartes : le fleuve Haïk, l’Azame, la Grande Dorsale, l’Île de Caïm, Côte des Estuaires, Monts des Singes, Golfe des Chaleurs, à n’en plus finir de voir défiler des rivages, ou de voir s’incliner des voiles sous la caresse des alizés. »

 

 

« C’est un mot de mon père. On lui disait : « Tu rêves ? », et lui, d’une voix lente : « Au contraire, je consomme de l’immédiat »

 

 

« Non, j’avais vécu dans une D.V (Demeure Végétale),  sans me douter une seconde que le revêtement intérieur était un parenchyme. J’avais ignoré que dans le sol, sous mes pieds, des racines se nouaient jusqu’au égouts pour y puiser la sève qui montait dans les murs en entretenant du même coup une confortable isothermie. »

 

 

logo-challenge-imaginaire.png

 

 

 

 C'était ma troisième participation au challenge d'AYMELYNE 

Partager cet article
Repost0
12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 06:07

Sur une idée de Chiffonnette

 

 

- Tu devrais venir à Londres, Jo. Il est séduisant, riche, beau, oisif. Pour le moment, il vit seul  avec son fils, c’est une proie parfaite pour les louves affamées.

- Je ne peux pas, tu le sais bien.

- Iris ?

Joséphine se mordit la lèvre sans répondre.

- Tu sais, l’homme en noir …. Quand on se retrouvait à l’hôtel, quand il m’attendait dans la chambre au sixième étage, allongé sur le lit… Je ne pouvais pas attendre l’ascenseur. J’avalais les escaliers à toute allure, j’enfonçais la porte, je Me jetais contre lui.

- Moi tu sais, je suis plutôt tortue dans mes transports.

Shirley soupira bruyamment.

- Faudrait peut être changer, Jo.

- Me transformer en amazone ? Je tomberais de cheval au premier temps de trot !

- Tu tomberais une fois et puis tu remonterais en selle.

- Tu crois que j’ai jamais été amoureuse, vraiment amoureuse ?  

 

   Katherine Pancol

  La valse lente des tortues

 

 

  JEUDI CITATION

 

Partager cet article
Repost0
7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 03:47

machine-brouillons-1 

 

 

Elle passe rapidement devant l’immeuble Mercure. Quand elle a emménagé dans cette résidence, elle a trouvé que les constructeurs étaient bien prétentieux d’avoir appelé les neufs bâtiments avec un nom de planète. Au centre le square, pompeusement appelé Place du Soleil puis les immeubles, éparpillés autour, de la couleur de la planète qui porte leur nom.  Ces batiments respectent plus ou moins la position de la planète par rapport au soleil. Elancés, une douzaine d’étage, tels des orgues vers le ciel, ils semblent l’accompagner dans son trajet quotidien.   

Avant, elle évitait soigneusement le bâtiment Mars. Trop de tags qui lui semblaient s’empiler, se chevaucher, une anarchie de couleurs, une orgie de signatures illisibles  Et puis c’est là qu’habite le gardien , le martien comme l’appelle les voisins tellement il est rouge et toujours près à croire qu’on l’offense. Il vocifère, vitupère, râle d’avoir à effacer les tags.

Elle redécouvre son quartier avec un œil neuf, comme lavé de tout préjugé. Elle aime ces graffitis oranges, jaunes et blanc de la tour Mars. Ils la transportent.

La première fois qu’elle a vu le graffiti, elle a pensé à ce vieux dessin animé, à Mary Poppins et à son ombrelle. A chaque fois qu’elle passe devant, elle imagine une nouvelle histoire : une histoire de fée qui vole sur son balai, intrépide, ne craignant ni les orages ni les tempêtes. Les grands yeux de la fée lui paraissent briller comme de l’or. Sa main tient fermement la bride de son cheval fougueux. Un cheval magique, ou tout au moins sorti d’un rêve. Oui c’est cela un cheval onirique à défaut d’être un vrai cheval.

Depuis la semaine dernière, la fée n’est plus seule mais entourée d’hippocampes : quel artiste ce graffeur ! Qui peut bien t il être ?

Elle oublie sa campagne natale, les ormes le long de l’allée, la maison de ses parents, la serre et les fragiles orchidées. Elle s’habitue, Elle s’habitue à la ville. Bientôt, elle sera en osmose avec son quartier comme avant elle aimait la campagne environnante. Elle vit presque sur une autre planète maintenant. Il faut bien trouver un emploi et c’est encore en ville qu’il y a le plus d’opportunités. Au départ, cet exil lui pesait et maintenant elle apprécie. Se retrouver dans l’anonymat de la ville.

Alors tous les matins, pour prendre le bus, elle traverse toute la résidence, rallongeant son trajet de quelques minutes pour le plaisir de voir les dessins anonymes. Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton. Elle fredonne la chanson de Grégoire « Allez là, je suis dans le bus, le 41 pour vénus…. », un octave trop haut mais qu’importe.

En plaisantant, à ses amis restés à Villeperdue, elle a lancé samedi dernier : « j’ai encore traversé la galaxie ce matin, un quart d’heure à peine». Ils se moquent d’elle de sa façon d’être toujours dans la lune.

Ce matin, elle est partie plus tôt. Beaucoup de boulot au bureau et son chef lui a demandé de venir aux aurores. « Ce n’est pas une obligation, bien sûr a-t-il dit, mais cela nous permettrait de boucler le dossier avant le week-end ».  Alors, elle a fait preuve d’obéissance et  avec son obsession de rater son bus, puis son train, elle est partie à cinq heures du matin. Dans la résidence déserte elle respire calmement, elle inhale l’air de la ville endormie. A peine quelques fenêtres sont ouvertes et allumées. Elle devine des silhouettes derrière les rideaux.    Elle prend son chemin habituel, Mercure et ses thermomètres avec des yeux, de grandes bouches écarlates,  des jambes à la peinture noire. Devant Vénus, le graffeur la fait toujours sourire avec sa Vénus de Milou (un amateur de Tintin celui là), Mars la rouge, sa fée orange  et les hippocampes multicolores, la Terre et ses océans, Jupiter la géante à rayures, Saturne et ses anneaux d’opale, Neptune et son trident.

La voilà bientôt parvenue à son arrêt de bus, juste derrière Pluton, quand soudain un mouvement attire son attention.

Oh ! Le jeune homme à cagoule a eu beau cacher sa bombe rapidement, et s’engouffrer dans la cage d’escalier, elle l’a reconnu : le graffeur, c’est le fils du gardien, le martien.

 

 

Les graffitis ayant inspirés cette histoire sont de Nina Graffiti    nina-graffiti.jpg

   

  ninapandolfo2.jpg

 

 

Les mots collectés par Asphodèle : 

 

Or - opale – orange – osmose – ode – obligation – offense – Oh – ordinaire – orage – obligation – opportunité - Ouverte  - onirique – obsession – ombrelle – obéissance – oubli – octave – orgue - océan - orme  - orchidée

 

 

La consigne des Impromptus littéraires de la semaine :

En vers ou en prose, parlez nous des planètes, de Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et même Pluton.

Partager cet article
Repost0
5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 06:07

Sur une idée de Chiffonnette

 

Ai-je été assez punie ? On dirait que non.

….Cauchemar me revient, suffocant, des arènes de Barcelone. Ces hommes en noir comme une assemblée de croque morts, leurs grosses femmes en noir, voix de bêtes égorgées sous le chapeau de paille, leurs enfants dégoûtants, excités à la vue du sang.
Et le sang ne manqua pas. Il paraît qu’elle sont très belle, les arènes de Barcelone, j’y étais, je devais m’en souvenir, mais je ne me rappelle pas les mosaïques. Je revois la foule endimanchée, parfumée, quelques reliefs de tortilla éparpillés sur les chemises blanches et les corsages noirs. Je revois la parade ; la fanfare, je l’entends ; et la clameur ; je revois le cheval splendide, allant son trot léger, presque magique sous le lourd caparaçon vermeil, et je me souviens d’avoir peiné avec lui, d’avoir pitié pour lui, un soleil de mort éblouissait la place en ricochant sur l’appareil grotesque (l’armure grinçante du cheval, oui, et les boléros verts et or des cavaliers) et c’est tout juste si je revois la tête noire aux naseaux écumants incliner ses cornes sous le ventre du cheval puis, l’ayant embroché, soulever telle une chiffe cette poupée de mille kilos de muscles et de dorures. Le cheval, sans un son, bascula : de son ventre ouvert coulaient les entrailles. Le temps de comprendre, le sable était une mare de sang. Cheval éventré, les quatre fers en l’air. Le métal doré de son déguisement aveugle encore les spectateurs, qui n’a servi à rien, ne l’a protégé de rien.

   

 

Alabama song

Gilles Leroy

 

  

 

 

 

  JEUDI CITATION

 

Partager cet article
Repost0
3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 00:30

"Un jour, un loup, qui avait très bien mangé et n'avait plus faim du tout, décide de faire une petite promenade dans les bois."

Au petit déjeuner, JeanLoup, le loup avait dévoré des sardines et des anchois. Oui oui, vous avez bien entendu, des sardines et des anchois ! Je vous entends déjà vous écrier, chers petits enfants, que je me trompe, car un loup ne mange ni sardine, ni anchois. En effet qui a déjà vu des sardines et des anchois se promener dans les bois pendant que le loup n’y est pas ?

 

 Eh bien, vous avez tort : JeanLoup, le loup, n’est pas un loup comme les autres loups, ceux  avec de grandes oreilles pointues, de grandes dents pour mieux faire peur aux enfants, un loup qui mange des lapins, des mulots voire même des petits chaperons rouges. Non Jeanloup est  un loup, tendance bar. Car un loup en mer Méditerranée  est un bar dans l’océan Atlantique. Vous avez donc compris que JeanLoup est un poisson. Après son déjeuner, il sort donc du bois de corail où il habite et se promène dans la mer.

 

Il est un peu pressé car il se rend chez  son cousin, le bar justement, qui doit épouser sa voisine. Tout d’abord il prend l’autoroute mais un banc de poisson, lent comme une tortue, l’empêche d’aller à la vitesse qu’il veut. Il décide donc de prendre les chemins de traverse pour rendre visite aux futurs mariés. Les tourtereaux ont prévu d’ouvrir un fish hand chips, au détroit de Gibraltar.

 

Arrivé à Gibraltar, il ne se rappelle plus trop  bien le chemin, il faut  passer la balise rouge, puis rentrer dans la port, mais après ? il cherche l’enseigne du restaurant de son cousin :   Chez Morue Tabaga.

 

Soudain, des cris déchirants  attirent son attention : Il s’approche et voit une sirène prise dans un filet de pêcheur. La pauvre se tortille pour sortir de là mais ses efforts sont vains et elle s’abîme de plus en plus les écailles dans ce maudit filet.

 

- Arrête de me regarder comme cela avec tes yeux de merlan frit, siffle la sirène, et vient plutôt m’aider.

 

- Je ne suis pas un merlan mais un loup !  proteste JeanLoup.

 

- Un loup ? Que Nenni, je vois bien que tu n’as pas de grandes dents

 

- C’est parce que je ne mange que des sardines et que je les avalent toutes entières sans les macher, proteste le loup.

 

- Tu ne peux pas être un loup tu n’as pas de grandes oreilles ! rétorque la sirène  

 

- Peut être, n’aie je pas de grandes oreilles mais j’ai l’ouie fine, proteste JeanLoup le loup

 

- Tu ne peux pas être un loup, tu n’as pas de grande moustache, persifle la sirène

 

- Tu te trompes c’est ma cousine la Barbue, qui a de grandes moustaches ou alors tu me confonds avec Garou, un autre de mes cousins qui est très poilu

 

- Oh, comme tu as une grande famille, murmure la sirène

 

- C’est pour mieux voyager répond JeanLoup le loup. Aujourd’hui, je vais chez mon cousin et ensuite je rendrais visite à ma tante Anémone. Et toi où va tu, petite sirène ?

 

- moi j’ai rendez vous avec mon prince dit la sirène. Aide moi ! Sinon mon histoire d’amour va finir en queue de poisson.

 

De toutes ses forces, il essaie d’écarter les mailles du filet mais rien n’y fait il n’est pas assez costaud, ses nageoires ne suffisent pas.

 

Alors il a une idée lumineuse et crie. « Ohé Stella viens m’aider avec tes cinq bras » Stella , l’étoile des mers sort de sa cachette et essaie à son tour de libérer la sirène mais malgré ses cinq branches rien ni fait la sirène est toujours prisonnière.

 

« Je ne sens plus mes bras », se plaint la petite sirène , épuisée. « Ils vont se transformer en glace à force de ne pas pouvoir bouger »

 

JeanLoup le Loup, ne baisse pas les nageoires et a une nouvelle idée :  « Ohé, Ohé Sidonie, ma mie, viens m’aider  à délivrer la petite sirène. »

 

Ainsi surgi de nulle part, Sidonie le poisson-scie arrive et coupe le filet en sifflotant  « Aili aîlo je rentre du boulot »

La sirène libérée, fait une bise au Loup et à Sidonie et se sauve de sa nage chaloupée pou retrouver son prince.

 

JeanLoup et  Sidonie, quant à eux, sont heureux d’avoir sauvé la petite sirène et partent nageoire dessus – dessous on chantant «"On ne se quittera plus jamais !" 

 

 

 

 

Cette semaine, j’ai couplé deux consignes. Celle de l’atelier de Skriban où il fallait écrire un texte avec les mots suivants : écailles, morue, chalouper, glace, anémone, filet, étoile de mer, queue de poisson, rouge, merlan, balise, fish and chips ;  et celle de Rebecca où il fallait écrire une histoire pour les enfants commençant par cette phrase  "Un jour, un loup, qui avait très bien mangé et n'avait plus faim du tout, décide de faire une petite promenade dans les bois." et finissant par celle-ci  "On ne se quittera plus jamais !" (2)

(1)C'est moi le plus fort de Mario Ramos :

(2) Mon lapin et moi de Pascale Francotte :

 

Cécile a joué aussi avec Rebecca à ce jeu du sandwich ici

Son texte m'a beaucoup fait rire ;-)

Partager cet article
Repost0
1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 03:00

 

Toi, mon amour félin, ma p’tite fleur

Toi seule me comprends, ma fine mouche

Au garage l’hiver, tu dors telle une souche

Point d’embrouilles, de chauffeur querelleur

En mars, tu te réveilles peu farouche

Sous ton capot, rêvent deux cent vingt chevaux

J’enlève ta bâche plastifiée toute moussue

Je vérifie tes aplombs tous égaux

Je regarde toutes les coutures, tu n’es pas bossue

Peut être un peu endormie, un peu alourdie

Un tour de clef, tu démarres sans secousse

Décapotée, j’ai décidé de te sortir ce midi

Nous partirons toi, moi et ma rousse

Tous les trois, cheveux au vent, dos au soleil

Pour cette sortie, j’ai choisi une route plate

Normandie : Il faut bien se dérouiller les pattes

Ou plutôt les pneus, sortir  de ton long sommeil

Première, deuxième, troisième, vitesses inertes

Dans les tournants tu vires sur le flanc

Tu rugis de plaisir dans les prairies vertes

Quatrième, tu roules vers les quarantièmes ruisselants

Dans le bocage, les vaches te saluent en beuglant

 

La consigne des Impromptus littéraires

Cette semaine nous reprenons la proposition de Mamido lors de la "Foire aux thèmes" de fin d'année 2011.

Qu’elles soient plates, embrassées ou croisées, les rimes des poètes sonnent toujours juste et de belle façon.
Nous vous proposons d’aller puiser dans l’une des œuvres de votre auteur favori et de n’en conserver que le dernier mot de chaque vers en mettant devant, les vôtres, afin de composer à votre tour, votre poème.
Aucune autre contrainte. Il importe juste que les rimes des grands auteurs fassent chanter vos mots !

 

 

Le Poème initial  

 Le rêve du jaguar  (Leconte de Lisle)

 

Sous les noirs acajous, les lianes en fleur,
Dans l'air lourd, immobile et saturé de mouches,
Pendent, et, s'enroulant en bas parmi les souches,
Bercent le perroquet splendide et querelleur,
L'araignée au dos jaune et les singes farouches.
C'est là que le tueur de boeufs et de chevaux,
Le long des vieux troncs morts à l'écorce moussue,
Sinistre et fatigué, revient à pas égaux.
Il va, frottant ses reins musculeux qu'il bossue ;
Et, du mufle béant par la soif alourdi,
Un souffle rauque et bref, d'une brusque secousse,
Trouble les grands lézards, chauds des feux de midi,
Dont la fuite étincelle à travers l'herbe rousse.
En un creux du bois sombre interdit au soleil
Il s'affaisse, allongé sur quelque roche plate ;
D'un large coup de langue il se lustre la patte ;
Il cligne ses yeux d'or hébétés de sommeil ;
Et, dans l'illusion de ses forces inertes,
Faisant mouvoir sa queue et frissonner ses flancs,
Il rêve qu'au milieu des plantations vertes,
Il enfonce d'un bond ses ongles ruisselants
Dans la chair des taureaux effarés et beuglants.

 

 

Partager cet article
Repost0
31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 00:30

Cette semaine, pour le jeu avec Rebecca , il fallait écrire une description d’un personnage en évitant les verbes : faire, être et avoir

 

 

Etranges oiseaux ! Le spectateur se demande d’abord comment les crêtes multicolores restent dressées, défiant les lois de la gravité. En effet, les crêtes se pavanent à mi chemin entre celle du coq,  rouge et agressive, et celle du paon, bleu et verte. Séparés par paquets, les cheveux que l’on devine noirs ou blonds aux racines rassemblent les couleurs de l’arc en ciel.

Les mèches de cheveux semblent tenues par un gel magique : combien d’heures de labeur par jour pour arriver à ce résultat ? Nul ne le sait. Peut être que le punk dort debout la nuit pour ne pas abîmer sa coiffure.

Mais revenons à notre coq : Son teint livide ressemble à celui d’un vampire. Met il du fond de teint ? Ou cette pâleur résulte de journées entières passées dans une cave à expérimenter toutes sortes de musiques ? Cacophonie, disent les mauvaises langues.

Un oiseau rare, voilà ce que pensent les mamies, qui grimacent en décrivant un large cercle pour éviter de les approcher. Et étranges mœurs aussi que celles de ces oiseaux qui se déplacent en bande, se donnant parfois coup de becs et coup de griffes avec leurs bagues. Un drôle de ballet composé de rires, de cris, d’exclamations en franglais, patois incompréhensible par les badauds.

L’un des énergumènes sautille comme un pinson en chantant à tue tête « Should I stay or should I go ».

Le chef de cette basse cour se reconnaît entre tous : de taille très moyenne, il en impose cependant, les autres forment autour de lui un cercle respectueux. Il suffit qu’il ouvre la bouche et lâche un cri bref pour que les autres s’exécutent avec une rapidité étonnante. Son tee shirt déchiré tombe sur un pantalon délavé, trop grand qui lui découvre le bas des reins.

Le coq s’approche d’une petite jeune fille en salopette, cheveux violet dressés, crâne rasé sur les côtés, il lui chuchote quelque chose à l’oreille. Rembarré, il poursuit sa danse nuptiale vers une autre poulette, à l’air plus abordable.

En dehors des Tee shirt moulants, dur de distinguer filles et garçons. Les tatouages et les piercings se répartissent également entre les sexes ; les vraies fausses perruques colorées ainsi que  les jeans taillés sur la même coupe ne permettent pas de les différencier.

 

Le texte initial

 

Ces oiseaux sont  étranges. Le spectateur se demande d’abord comment sa crête multicolore fait pour tenir. En effet, sa crête est à mi chemin entre celle du coq, rouge et agressive et celle du paon, bleu et verte. Séparés par paquets, les cheveux que l’on devine noirs aux racines rassemblent les couleurs de l’arc en ciel.

Les mèches de cheveux sont tenues par un gel magique : combien d’heures faut il par jour pour arriver à ce résultat ? Nul ne le sait. Peut être que le punk dort debout la nuit pour ne pas abîmer sa coiffure. Son teint est livide, met il du fond de teint ? Ou est ce du au fait qu’il reste des journées entières dans une cave à expérimenter toutes sortes de musiques ? Cacophonies, diraient les mauvaises langues.

Un oiseau rare, voilà ce que pensent les mamies, qui font la moue en décrivant un large cercle pour éviter de les approcher. Et étranges mœurs aussi que celles de ces oiseaux qui se déplacent en bande, se donnant parfois coup de becs et coup de griffes avec leurs bagues. Un drôle de ballet fait de rires, de cris, d’exclamations en franglais, patois incompréhensible par les badauds 

L’un des énergumènes sautille comme un pinson en chantant à tue tête « Should I stay or should I go ».

Le chef de cette basse cour est reconnaissable entre tous : ce n’est pas le plus grand mais les autres forment autour de lui un cercle respectueux. Il suffit qu’il ouvre la bouche et lâche un cri bref pour que les autres s’exécutent avec une rapidité étonnante. Son tee shirt déchiré tombe sur un pantalon délavé, trop grand qui lui découvre le bas des reins.

Le coq s’approche d’une petite jeune fille en salopette, cheveux violet dressés, crâne rasé sur les côtés , il lui chuchote quelque chose à l’oreille, se fait rembarrer et poursuit sa danse nuptiale vers une autre poulette, qui a l’air plus abordable.

En dehors des Tee shirt moulant, dur de voir qui est fille ou garçon. Les tatouages et les piercings sont également répartis entre les sexes, les perruques sont colorées, les jeans taillés sur la même coupe.

 

Partager cet article
Repost0