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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 00:14
       
maudit-soit.jpgRassoul tue la vieille Nana Alia. Et au moment, où il la tue, il se rappelle sa lecture de "Crime et châtiment" de Dostoeïvski. Pourquoi juste à ce moment ? S'il s'en était rappelé avant, il n'aurait sûrement pas commis ce meurtre. Car il sait , il l'a lu, qu'après un crime le remord consume le criminel. Alors pourquoi ? Par amour pour Souphia? Pour se venger de Nana Alia qui pousse Souphia à la prostitution ? pour l'argent ? pour oublier que son père est mort? pour oublier la guerre civile qui fait rage dans Kaboul ? 
Rassoul entend alors du bruit et se sauve. Une femme, vêtue d'un tchadari  bleu ciel, vient de rentrer. Il entend son hurlement en s'enfuyant. Plus tard, il échappe à un tir de roquette, revient sur les lieux du crime, revoit la femme au tchadari bleu. Pendant des jours, il erre dans Kaboul. Le lecteur entend les pensées, de Rassoul, le parallèle qu'il fait entre son geste et le livre "Crime et châtiment". Son cousin essaie de l'aider (intéressé ou altruiste?).  Souphia, sa fiancée,  essaie de l'aider mais aphone, Rassoul ne peut avouer son crime. Il semble qu'il perd un peu la raison, d'autant plus que le corps de sa victime n'est pas découvert : Quelqu'un a t il fait disparaître le corps ou bien a t il rêvé tout cela ? Comme il ne peut plus parler, il couche sur le papier son crime, sa rencontre avec Souphia ......
.
"C'était un jour de printemps. L'Armée rouge avait déjà quitté l'Afghanistan, et les moudjahidin ne s'étaient pas encore emparés du pouvoir. Je venais de rentrer de Leningrad. Pourquoi j'y étais parti, c'est une autre histoire que je ne peux pas raconter ici, dans ce cahier. Revenons à ce jour où je te rencontrai pour la première fois. Il y a presque un an et demi. C'était à la bibliothèque de l'université de Kaboul, où je travaillais. Tu vins demander un livre, mais tu emportas mon coeur. Lorsque je te vis, ton regard, fuyant et pudique, m'intima de ne plus respirer, ton nom imprégna mon souffle : Souphia". (p 37)  
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Ce livre, même s'il se passe en temps de guerre, n'est pas un livre sur la guerre, plutôt une réflexion personnelle sur la vie et la mort, et aussi sur la fameuse loi du talion : oeil pour oeil, dent pour dent.
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"Au dehors, tout le monde tire sans savoir pourquoi ni contre qui.
On tire.
On tire...
La balle trouvera sa cible."(p185)
Si on pense souvent à Raskolnikov, le héros de Dostoeïvski, on pense aussi souvent à Kafka, dans ce monde absurde. Par exemple, ce dialogue entre le greffier et Rassoul quand celui ci, ayant retrouvé sa voix, se rend au palais de justice. Il souhaite être jugé lors d'un procès (à nouveau Kafka)
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"- Qu'est ce que vous lui voulez à ce monsieur le procureur ? 
- Je suis venu me livrer à la justice.
- Ah désolé, il n'y a personne pour vous accueillir.
Etonné mais aussi énervé, Rassoul s'approche de lui et tente de parler sereinement, avec sa voix cassée : "Je ne suis pas venu pour être accueilli. Je suis venu.... " hausse la voix en articulant chaque mot " ....POUR ME RENDRE A LA JUSTICE !
- J'ai bien compris. Moi aussi je me rends tous les matins à la justice. Et ce jeune homme aussi. 
- Mais moi, je viens pour être arrêté. Je suis un criminel. 
- Alors revenez demain. Il n'y a personne aujourd'hui. " p198

En conclusion : un livre très riche qui m'a passionné (et pourtant j'hésitais à le prendre à la bibli, ayant des appréhensions sur ce sujet de la guerre mais ce n'est pas du tout un livre pesant et pour moi, la fin (très ouverte, c'est  au lecteur d'imaginer le sort de Rassoul) est porteuse d'espoir.

 

 

 

LittFrancophone
Ma deuxième participation au challenge Lecture francophone d'ailleurs de Denis du blog "Au bonheur de lire" 
lecture rentrant dans la dernière catégorie 4/ Ecrivains qui ont choisi de s'exprimer en français (et qui ne viennent pas de ces pays)
CF biographie sur wikipedia : Atiq Rahimi, né le en 1962 à KaboulAfghanistan, est un romancier et réalisateur de double nationalité française et afghane.
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et ma première participation au Challenge Tour du monde en 8 ans d'Helran avec L'Afghanistan.
tour monde 8 ANS

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 21:22

J'ai à nouveau craqué pour un challenge : Celui du tour du monde en 8 ans ;-) Tout cela c'est la faute à mon stylo qui m'a parlé de tour du monde ici

Les inscriptions se font chez Helran ici 

tour-monde-8-ANS.jpg

 


But : Lire au moins 1 auteur de chaque pays. Ce challenge est rétroactif, donc les lectures précédentes comptent. Il faut que je fasse la liste ;-)

Inscription : En faisant un article de présentation du challenge avec le lien vers cet article sur votre blog et prévenir en commentaire au même endroit.

Voici les 5 grades du challenge :

30 pays : Touriste

70 pays : Routard

100 pays : Voyageur 

193 pays  : Globe-trotter

206 pays : Bourlingueur intrépide

 

Je profite de ce petit billet pour présenter un peu mes deux prochaines lectures communes 

Le 31 mars avec Eeguab sur le titre "le Miracle de San Gennaro" de Sandor Marai

miracle-san-gennaro.jpg

Présentation de l'éditeur : Situé en 1949 à Naples, où Márai passa quelques années avant d'émigrer aux Etats-Unis, oe roman, largement autobiographique, brosse un tableau plein de vie et d'humour du petit peuple du Pausilippe. Comme égarées dans ce quartier haut en couleur, deux ombres : un couple d'étrangers discrets, jamais nommés autrement que " l'homme " et " la, femme ". Viennent-ils d'Amérique, d'Angleterre, de Pologne, nul ne sait. Un jour, l'étranger est retrouvé mort au pied d'une falaise. A travers l'enquête du vice-questeur et les récits de ceux qui côtoyaient le disparu (sa femme, un franciscain, un agent de police), se dégage un portrait complexe et paradoxal de ce réfugié au statut. instable et fragile, qui jouait, sans le vouloir, le rôle d'un messie dans cette ville où. chaque année, le sang de San Gennaro (saint Janvier) se liquéfie miraculeusement. Récit de l'exil et du déracinement, ce roman désenchanté confirme l'immense et douloureux talent de l'auteur des Braises.

Le 4 avril avec Noctembule et le titre "Le chevalier inexistant" d'Italo Calvino (j'avais adoré le Baron perché" et beaucoup aimé "Le vicomte pourfendu"

chevalier-inexistant.jpgPrésentation de l'éditeur : Venu passer ses troupes en revue, Charlemagne découvre que sous l'armure de l'exemplaire paladin Agilulfe il n'y a personne... Agilulfe n'existe pas. Ce qui ne l'empêche pas de combattre ni de commander à son écuyer Gourdoulou - lequel existe bien, mais ne le sait pas. Derrière son ironie burlesque, Italo Calvino nous livre une profonde réflexion sur la guerre et le sens de l'histoire, et nous confie, en filigrane, ses pensées sur l'écriture.

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10 février 2013 7 10 /02 /février /2013 08:26
CVT_Avant-toi_8502.jpeg"Avant toi" est l'histoire de la rencontre entre une jeune femme de 26 ans, Lou, et d'un tétraplégique de 35 ans, Will Traynor. Une rencontre sans pathos, sans mièvrerie. Elle vient d'une famille, très modeste, où le père proche de la soixantaine, craint chaque jour de perdre son travail. Sa soeur, mère célibataire, veut reprendre ses études. Sa mère s'occupe du grand père , invalide suite à une attaque. Quand Lou perd son boulot de serveuse dans un café, elle n'a donc pas le choix et prend le seul boulot possible dans cette petite ville anglaise de province, aide soignante auprès d'un tétraplégique. 
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J'ai bien aimé le ton de Lou, tour à tour sentimentale, sarcastique, un peu gaffeuse (genre Bridget Jones). Elle n'a pas d'ambition dans la vie, juste suivre son bonhomme de chemin, en essayant d'oublier un fait traumatisant de la fin de son adolescente (ou de son début dans la vie adulte). Elle est lucide et pragmatique : "Je ne suis pas complètement idiote. A ce stade, j'aimerais clarifier ce point une bonne fois pour toutes. Simplement, j'ai parfois du mal à ne pas me sentir un peu légère en cellules grise, vu que j'ai grandi avec une petite soeur qui a non seulement pris un an d'avance pour atterrir dans ma classe, mais a ensuite renouvelé l'exploit pour passer dans l'année supérieure.(p 31)"
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Will de son côté, vient d'un famille très riche, et après une vie trépidante ne peut se faire à l'idée de rester immobile le reste de sa vie. Il a décidé de se suicider. Comment vivre quand on sait qu'on ne fait que compter les jours jusqu'à sa propre mort ? (p. 152) Ses parents engage Lou pour lui redonner le goût de vivre (sans l'avertir de ce que veut réellement Will, c'est à dire mourir)
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L'entretien d'embauche de Lou par Camilla , la mère de Will, met en lumière  la douleur (complètement masquée) de la mère ainsi que le sens de la formule (ou de la gaffe) de Lou 
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"- En fait, il existe plusieurs degrés de tétraplégie, mais dans le cas présent, nous parlons d'une personne qui a totalement perdu l'usage de ses jambes et qui n'a plus qu'un usage limité de ses mains et de ses bras. Est-ce que cela vous pose un problème ?
- Et bien, certainement moins qu'à lui, répondis-je en esquissant un sourire, alors que le visage de Mme Traynor demeurait impassible.Excusez moi.... je ne voulais pas.....(p36)"
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Petit à petit, Will et Lou font connaissance, se découvrent, se disputent ou rient. Lou finit par comprendre son dessein de mettre fin à ses jours et met tout en oeuvre pour le détourner de son but, elle lui organise des sorties, se renseigne sur des forums traitant de la tétraplégie.
Lou et Will finissent par avoir une complicité qui était imprévisible au départ. Les dialogues sont savoureux et font mouche :   
.
"- Eh bien, ma mère peut très précisément dater mon penchant pour les chaussures hors normes. Cela remonte à mes trois ans. Elle m'avait acheté une paire de petites bottines en caoutchouc d'un bleu turquoise brillant. A l'époque, elles étaient pour le moins originales. les enfants portaient généralement des bottes vertes ou rouges pour les plus chanceux. Et elle m'a raconté que du jour où elle me les avait données, je n'ai plus voulu les retirer. Pendant tout l'été, je les ai gardées aux pieds, au lit, dans le bain, à la garderie. Ma tenue préférée, c'étaient ces petites bottines avec mes collants de bourdon.
- Vos collants de bourdon? 
- A rayures noires et jaunes.
- Superbe....
- Ca c'est un peu rude comme remarque.
- C'est pourtant vrai. Ils devaient être ignobles.
- Ils peuvent vous sembler ignobles, mais aussi étonnant que cela puisse paraître, Will Traynor, toutes les filles ne s'habillent pas dans l'unique but de plaire aux hommes.
- Foutaises.
- Non certainement pas.
- Tout ce que les femmes font, c'est en pensant aux hommes. Les actes de chacun d'entre nous répondent à une motivation sexuelle. Vous n'avez pas lu La Reine Rouge de Matt Ridley ?
- Je n'en ai même jamais entendu parler. Mais je peux vous assurer une chose, c'est que je ne vous ai pas chanté la "Chanson du Molahonkey" assise sur votre lit dans l'espoir d'une partie de jambes en l'air". p117
.
En conclusion : une très belle rencontre qui m'a fait verser quelques larmes (et pourtant j'ai dit en début de billet qu'il n'y avait aucun pathos, ce qui est vrai) :  juste une réflexion juste sur ce qui vaut la peine d'être vécu (ou pas) et sur le droit de choisir sa vie (et sa mort). 
Merci à Babelio et à Masse Critique pour l'envoi de ce livre 
téléchargement
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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 00:54

1984.jpgWinston Smith, 39 ans,  le narrateur travaille à Londres. Il est un des rouages infimes  (et insignifiants) du parti  de Big Brother. Bienvenue au monde cauchemardesque imaginé en 1948 par G Orwell !!! Dans ce monde, plus de pays mais trois blocs, l’Océanie, l’Eurasia et l’Estasia. Ces trois blocs passent leur temps à se faire la guerre ou à s’allier au gré des opportunités.

Ce livre, en trois parties, va crescendo  : la première plante le décor d’un  monde totalitaire terrifiant où chacun est observé, par un télécran, chacun doit approuver les directives du parti, acclamer Big Brother. Il faut également participer à des manifestations appelées les 2 Minutes de la Haine et huer Goldstein, le traître. Les enfants sont invités à dénoncer leurs parents à la Police de la Pensée.

Pour les habitants de Londres, plus de possibilité de s’exprimer, plus de sexe (autre que pour la procréation), plus de livres, plus de loisirs à part ceux collectifs organisés par le parti. Une pauvreté terrible est présente partout, les immeubles sont délabrés, les gens n’ont que peu à manger et la nourriture est infecte. Petit à petit, Winston a envie de se rebeller et commence un acte terrible, puni de mort : il écrit un journal où il raconte son travail au ministère (il est chargé de réécrire les journaux pour changer l’histoire et se pose constamment des questions sur la mémoire individuelle et collective).

Dans la deuxième partie, Winston  écrit également sa rencontre avec Julia, une jeune femme du parti comme lui (en sachant que toute relation est interdite à l’intérieur du parti). Ils vivent ensemble un début d’idylle qui leur donne espoir en un monde meilleur, se trouve une petite chambre (sans télécran) où ils peuvent s’aimer.

Un responsable du parti intérieur, O’Brien, leur propose de rejoindre la rébellion, appelée aussi la Fraternité, mais cette rébellion  existe elle réellement ? Winston et Julia s’engagent alors chez O Brien à rejoindre la rébellion jusqu’au moment où ……

 

Ce livre est un texte très riche, très abouti,  qui réfléchit sur le rôle des livres, des médias, de la manipulation de l’information.

Le parti arrive à asservir les populations en faisant planer le risque de la guerre (Y a t-il réellement une guerre ?). Big Brother apparaît alors le sauveur (Big Brother existe-t-il réellement ? tout en donnant quand même quelques lueurs d’espoir (la rébellion existe elle ?)

En réécrivant l’histoire continuellement et en réduisant de plus en plus le vocabulaire autorisé, le pouvoir en place étouffe toute révolte et même l’idée de révolte.  Plus personne n’a de souvenirs d’avant, plus de mémoire, plus de comparaisons, plus de mots,  plus de révolte…

 

Trois extraits

 Le ministère de la Vérité comprenait, disait-on, trois mille pièces au-dessus du niveau du sol, et des ramifications souterraines correspondantes. Disséminées dans Londres, il n’y avait que trois autres constructions d’apparence et de dimensions analogues. Elles écrasaient si complètement l’architecture environnante que, du toit du bloc de la Victoire, on pouvait les voir toutes les quatre simultanément. C’étaient les locaux des quatre ministères entre lesquels se partageait la totalité de l’appareil gouvernemental. Le ministère de la vérité, qui s’occupait des divertissements, de l’information, de l’éducation et des beaux arts. Le ministère de la paix qui s’occupait de la guerre. Le ministère de l’amour qui veillait au respect de la loi et de l’ordre. Le ministère de l’abondance, qui était responsable des affaires économiques. Leur noms, en novlangue, étaient : Miniver, Minipax, Miniamour, Miniplein. (p 15)

 

Une réflexion de Winston sur le rôle de la sexualité

Son aventure avec cette femme avait été son premier écart après deux ans environ. Fréquenter les prostituées était naturellement défendu, mais c’était une de règles qu’on pouvait parfois prendre sur soi de transgresser. C’était dangereux, mais ce n’était pas une question de vie ou de mort. Etre pris avec une prostituée pouvait signifier cinq ans de travaux forcés, pas plus, si l’on n’avait commis aucune autre offense. Et c’était assez facile, pourvu qu’on puisse éviter d'être pris sur le fait. Les quartiers pauvres fourmillaient de femmes prêtes à se vendre. Quelques unes pouvaient même être achetées avec une bouteille de gin, liquide que les prolétaires étaient censés ne pas boire. (P91)

 

Un peu de géographie pour le challenge « Lieux imaginaires » D’Aymeline

 La division du monde en trois grands états principaux est un évènement qui pouvait être et, en vérité, était prévu avant le milieu du vingtième siècle. Avant l’absorption de l’Europe par la Russie et de l’Empire britannique par les Etats-Unis, deux des trois puissances actuelles, l’Eurasia et l’Océania, étaient déjà effectivement constituées. La troisième, l’Estasia, n’émergea comme unité distincte qu’après une autre décennie de luttes confuses. Les frontières entre les trois super états sont, en quelques endroits, arbitraires. En d’autres, elles varient suivant la fortune de la guerre, mais elles suivent en général les tracés géographiques. L’Eurasia comprend toute la partie nord du continent européen et asiatique du Portugal au détroit de Behring.

L’Océania comprend les Amériques, les Iles de l’Atlantique, y compris les îles Britanniques, l’Australie et le Sud de l’Afrique.

L’Estasia, plus petite que les autre, et avec une frontière occidentale moins nette,  comprend la Chine, les îles du Japon, et une portion importante mais variable, de la Mandchourie, de la Mongolie et du Tibet. (p247)

 

Ma troisième participation au challenge Lieux Imaginaires d'Aymeline

 logo-challenge-lieux-imaginaires

Ma quatrième participation au challenge de  Métaphore sur les Romans Cultes ;-) 

tour-quebec-septembre-frissons-octobre-plein--L-J BS1L

 

et Challenge Babelio Lettre OcritiquesABC2013

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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 00:14


jpod.jpgJ'ai choisi ce livre à la bibliothèque quasi exclusivement sur sa couverture. J'avais envie de quelque chose de ludique, de frais, de drôle et pourquoi pas d'un peu enfantin, et quoi de mieux que des légos pour retomber en enfance ?
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La quatrième de couverture a fini de me convaincre : 
Plongée fatale dans le monde des geeks : Microserfs à l'ère Google ! Enfermés dans jPod, un studio de jeux vidéo à Vancouver, Ethan et six codeurs sont torturés par le service marketing et les défis idiots qu'il leur inflige.
Un univers amoral et échevelé où la culture de marijuana, le trafic de clandestins, la danse de salon et l'essor de la Chine font et défont le quotidien dysfonctionnel d'Ethan. Jeux de mots et bizarreries visuelles : DouglasCoupland, à son meilleur, décortique une vie et des personnages à la fois produits et créateurs de leur époque
.
Et je n'ai pas été déçue, ce livre m'a beaucoup fait rire.  
 
Le narrateur Ethan travaille dans l'entreprise Jpod (toute ressemblance avec une entreprise existante est purement volontaire).  Dans son bureau, cohabite une équipe aussi déjantée que lui,  ses collègues parlent fort, mangent des chips aux crevettes, se chahutent, dissertent à l'infini sur des questions existentielles comme le nombre de décimales du nombre PI. 
Les autres personnages dans son bureau sont John Doe, (qui a vécu en secte de deux à dix ans et  déteste sa mère, lesbienne), Cow boy, Mark le maléfique (pourquoi ce surnom ? ), Bree et Kaitlin complètent cette fine équipe  pour la partie féminine.
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On fait également connaissance avec le frère d’Ethan, sa mère (qui cultive de la marijuana), son père (un champion de danse de salon). 
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Ces personnages bossent (un peu ), parlent (beaucoup), se lancent des défis débiles mais hilarants (écrire une lettre d’amour à Ronald Mac Donald). Mais ce n’est pas que cela, au moment où on si attend le moins, le récit bascule dans l’absurde pur (des chinois descendent d’une camionnette, la mère pète les plombs....)
C’est aussi une réflexion sur le ton de l’humour sur la mondialisation (les enfants exploités dans les pays émergents…)
Enfin, l’auteur ne manque pas d’autodérision puisqu’il se fait intervenir dans le livre et pas dans un rôle très glorieux. 
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Trois extraits : 
P242- 243
Bree était à son bureau et a momentanément oublié de baisser le volume de ses haut-parleurs, et nous avons tous entendu quelques secondes de cette vieille chanson de Morrissey, Everyday is like Sunday. Kaitlin a démarré au quart de tour : 
- Ce morceau a le don de me mettre en rogne, dans la réalité le dimanche est le pire jour de la semaine. Personne ne répond au téléphone, ni ne s’habille correctement, ni ne fait rien de productif. Si je dirigeais le monde, ça serait tous les jours jeudi.
- Quoi ? 
- Regarde les choses sous cet angle : le lundi ça craint parce que tu es dégoûté de ne pas pouvoir faire la grasse matinée, et c’est aussi le jour où on lieu 60% des réunions méga-chiantes. Le mardi, ça craint parce que la semaine compte encore quatre journées de travail ; tu te détestes et tu détestes le monde parce que tu es coincé, esclave de ton salaire, dans la roue pour hamster qu’on appelle la vie. Le mercredi, c’est pas beaucoup mieux car tu prends conscience vers midi que la semaine de travail est à moitié terminée, mais le fait que tu envisages ainsi la vie signifie que tu ne vaux ni plus ni moins que la troisième case de cette vieille bédé pas drôle, Cathy, lorsque le personnage s’aperçoit qu’elle est une vieille fille grosse et esseulée et que ses cheveux se dressent sur la tête et qu’elle pousse un cri d’horreur. Le vendredi est une mauvaise journée parce que tu te sens comme un rat qui attend ces granulés, les granulés étant le week-end. Le samedi ça va, mais c’est tout juste. Et le dimanche, comme je l’ai déjà dit, ça ressemble au jour que le temps a oublié, où rien ne se passe et où, paradoxalement tu commences à souhaiter le retour du lundi. Alors donnez-moi une semaine de jeudis, quand vous voulez. Tout le monde est de bonne humeur, les gens font vraiment des trucs, et la perspective du samedi donne de la joie de vivre.
.
P281
J’hésitais à frapper. Kaitlin a regardé par la fenêtre de devant. Sur les notes étouffées de Boogie Woogie Bugle Boy, Papa dansait avec une chaise, et Fam Fong avec un ski. 
A présent, c’était elle qui restait sans voix.
- Il objétisent, ais- je expliqué.
- Quoi ? 
- C’est une exercice de danse de salon. Tu dois danser avec un objet et lui insuffler de la vie. C’est compliqué à réaliser. Papa loue des dessins animés à Disney tout le temps pour voir comment les théières et les tapis volants s’expriment. 
Kaitlin réévaluait le mon potentiel de mon matériel génétique en vue des ses éventuels futurs enfants.
.
P397
John Doe parle ainsi :
- « Mon problème, c’est que mon père a touché le pactole à l’Irish Sweepstakes quand j’avais deux ans et qu’il a quitté ma mère, qui a réagi de façon excessive et est devenue une lesbienne radicale. C’est une légende familiale. Résultat, on m’a fait l’école à la maison et je n’ai appris l’existence des lettres majuscules qu’à l’age de dix ans.
- Qu’est ce que les lesbiennes ont contre les lettres majuscules ? 
- Ça implique une hiérarchie, que certaines lettres sont plus spéciales que d’autres.
- Ah. 
.
C’est un livre totalement déjanté (que je recommande)
.
Ma participation au challenge de Phildes "lire sous la contrainte" où il fallait lire un titre avec un seul mot 
 challenge contrainte
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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 06:54

k.jpg

Sur une proposition d' Eeguab, nous sommes plusieurs à avoir eu envie de lire ce livre :  AsphodèleLaure  ,  Morgouille, Chronique littéraireNatiora  , Noctembule

 

Ce livre met en en scène 50 histoires (ou mini nouvelles). Difficile donc de parler de chacune.

Celle qui m’a le plus marqué est « Pauvre petit garçon ». J’avais déjà lu cette nouvelle dans le livre « Nouvelles à chute tome 1 », et c’est celle ci qui m’a donné envie de lire ce livre. Cette nouvelle a effectivement une chute splendide puisque la chute est le dernier mot (que je ne vous dévoilerai pas). 
.
J’ai donc relu cette nouvelle avec un œil neuf   en regardant tous les indices que l’auteur a parsemés dans son texte pour arriver jusqu’à la fin, nette et sans bavure, magnifique.
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On ne pouvait pas dire non plus de cet enfant qu’il était beau, au contraire, il était plutôt pitoyable même maigrichon, souffreteux, blafard, presque vert, au point que ces camarades de jeu, pour se moquer de lui, l’appelaient Laitue. Mais d’habitude les enfants au teint pâle ont en compensation d’immenses yeux noirs qui illuminent leur visage exsangue et lui donnent une expression pathétique. Ce n’était pas le cas de Dolfi ; il avait de petits yeux insignifiants qui vous regardaient sans aucune personnalité. 
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Certaines nouvelles sont totalement ancrées dans le réel et sont des réflexions de l’écrivain-journaliste Dino Buzzati. 
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Par exemple dans « le magicien » 
Un dialogue s’instaure entre un écrivain fatigué et son ami. Une réflexion se dégage sur le fait d’être écrivain. J’ai beaucoup aimé cette nouvelle  dans la mesure où Schiassi (l’ami) sent le narrateur (l’écrivain) triste et démoralisé et qu’il arrive à lui redonner le moral, et ce  en disant l’inverse de ce qu’il pense : il dénigre son travail d’écrivain. En étant l’avocat du diable, il  lui fait comprendre la richesse et l’intérêt de son métier. 
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- Ecrivain. Ecrivain s’esclaffa –t il. Mais comment veux tu qu’il te prenne au sérieux ? A quoi sert un écrivain aujourd’hui ?... Et dis moi une autre chose, je te demande d’être sincère. Quand tu entres dans une librairie et que tu vois ….
- Et que je vois les murs entièrement tapissés jusqu’au plafond de toute sortes de livres, des milliers et des milliers, tous sortis au court des derniers mois….. - c’est ça que tu veux dire- et que je pense que je suis en train d’en écrire un autre moi aussi, les bras m’en tombent, comme si dans un immense marché, où il y a des montagnes de fruits et de légumes partout pendant des kilomètres et des kilomètres, un type arrive pour vendre une minuscule pomme de terre, c’est ça que tu veux dire ? 
- Exactement dit Schiassi, et il ajouta un petit rire pernicieux.
- Heureusement, osai-je, il y a encore des gens qui lisent, il y en a encore qui lisent nos livres. 
.
D’autres nouvelles  sont « fantastiques » : La première nouvelle est la rencontre d’un marin et du K (sorte de requin qui parle) ; plus loin un homme est changé en chien par sa cruelle maîtresse; une femme se transforme en voiture par amour ; une autre nouvelle a pour cadre une terrifiante chasse aux « Vieux » ; un veston ensorcelé  procure richesse (une richesse très mal acquise qui provoquera la chute du narrateur) ; un ascenseur, déréglé, descend pendant des heures dans les entrailles de la terre  entraînant (en enfer ?) un jeune homme et une jeune femme. 
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« Le vent » est la troisième nouvelle qui m’a le plus marquée par sa progression dans le passionnel : un homme qui finit pas tuer sa maîtresse (infidèle ?) au lecteur de combler les trous ……..
Je ne comprenais plus qui j’étais, je ne m’en souvenais absolument plus. Le fleuve roulait en bas. Mais la voix de l’eau, ce murmure aimé était perdu dans le vrombissement de l’air, dans l…
Je me retins moi aussi au parapet pour ne pas être entraîné. J’attendais ses paroles, extraordinairement imp…Les pans de mon imperméable me fouettaient les jambes, on aurait dit des drapeaux furieux. Alors brus…Elle me regarda d’une étrange façon.
- « Où crois tu donc que nous som…
- Tu le sais très bien ce que je crois. »
Je la saisis par le bras et elle s…
« Aooo Aooo » je n’entendis rien d’autre. Et puis le voum voum d…
« Quoi ? Quoi ? » hurl…
Elle cria elle aussi, sur l…libre, heur…on aurait dit …me planter ce poignard justement ici, à l’…
Je la tenais. Elle ne résista pas. Son visage était vic….Saoudain elle eut une expression de petite fille, elle pâlit, deux grands yeux épouv…
Quelque chose en moi impossible de résister, commue une gig…pincettes de fer lib…
Elle gémit :
« Non, non pleura-t-elle. Ce n’est p… »
Elle gémit :
« Ce n’est pas vr… »
Elle g…
Ce fut tellement facile. Je n’y cr…son petit visage se renv …en arr …puis en … pendant une inf…de sec… cette adorable pâleur sur le fonds ténébreux de l’….Au milieu des raf….on entend…le p…le pl… plouf.
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En conclusion : Un recueil très intéressant qui m’a autant intéressé par son côté réel que par les  histoires à l’imagination totalement débridée, et  autant sur le fonds que sur la forme. 

 


Ma quatrième participation au challenge de  Métaphore sur les Romans Cultes ;-) 

tour-quebec-septembre-frissons-octobre-plein--L-J BS1L

 

lc

 

lectures-ensemble-james-jebusa-shannon.jpg

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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 00:54

karamazov.jpgL'histoire en quelques mots : 

Les Frères Karamazov est le dernier roman de l'écrivain russe Fiodor Dostoïevski 
Il met en scène la vie tumultueuse de Fiodor Pavlovitch Karamazov jusqu’à son meurtre (et un peu au-delà). Fiodor a été  marié deux fois. Sa première femme le battait et l’a quitté, lui laissant un fils Dmitri en bas âge. Il a rendu folle sa deuxième épouse du fait de  mauvais traitements. C’est un homme vil, détestable qui ne s’est jamais occupé d’aucun de ses trois fils légitimes (Dmitri, Ivan, Alexeï) et encore moins de son fils  illégitime Smerdiakov (qu’il a eu avec une femme simple d’esprit qui meurt en couches). Ses fils élevés, par d’autres que lui, reviennent, adultes, dans leur ville natale. Sans surprise, cet homme horrible est assassiné (vers la moitié du livre) et la seconde moitié consiste à suivre l’enquête et le procès du présumé coupable.
Les personnages principaux :
Dmitri, le fils aîné (nommé aussi Mitia), 28 ans, est un ancien officier. Il déteste son père qui l’a selon lui spolié de l’héritage de sa mère. Il tombe amoureux de Grouchenka, une jeune femme aux mœurs prétendument légères. Celle-ci a été « perdue de réputation » pour avoir été séduite par un officier polonais qui l’a ensuite abandonnée. Pour Grouchenka, Dmitri est prêt à tout, il passe son temps en imprécations contre son père qu‘il rosse et menace de tuer à qui veut bien l’entendre. Inévitablement, quand son père est retrouvé mort, il devient le suspect idéal.D’autant plus que n’ayant plus un sou vaillant le jour de la mort de celui-ci, il se retrouve à faire une fête (très alcoolisée) avec Grouchenka et ses amis, en possession de plusieurs milliers de roubles en poche. Par jeu, Grouchenka séduit à la fois le père, Fiodor, et le fils Dimitri. Profitant de leur rivalité, elle se moque des deux hommes, elle les tourne en ridicule, se venge également de Katerina, la fiancée de Dimitri. Katerina s’est fiancée à Dimitri par reconnaissance, car celui-ci a un jour payé une grosse dette de son père. Extrêmement fière, Katia se veut loyale envers Dmitri mais aime secrètement Ivan. 
Ivan  est le second fils  de Fiodor. Il est ouvertement athée. A l’inverse de son frère Dmitri qui est  très expansif, Ivan déteste lui aussi son père mais sans l’exprimer ouvertement. Il souhaite lui aussi sa mort mais ne peut se l’avouer. Sa haine envers son père après son assassinat le ronge et il finit par se persuader qu’il a provoqué la mort de son père par son attitude envers  Smerdiakov (le fils illégitime). Ivan peu à peu perd la raison.
Alexeï (nommé aussi Aliocha ou Alexis), 20 ans, est le plus jeune des frères Karamazov. C’est de loin, le personnage le plus sympathique. Au début de l’action, Alexeï est novice au monastère local, sous l’oeil du père Zosime. A la mort de ce dernier, Alexeï abandonne l’église et se trouve impliqué dans les différends entre son père et Dmitri. C’est un jeune homme apprécié de tous, ouvert, généreux 
"Ce don d'éveiller la sympathie était par conséquent chez lui naturel, spontané, sans artifice." (p54)
Et aussi « Aussitôt qu'il se fut convaincu, après de sérieuses réflexions, que Dieu et l'immortalité existent, il se dit naturellement : "Je veux vivre pour l'immortalité, je n'admets pas de compromis". Pareillement, s'il avait conclu qu'il n'y a ni Dieu n immortalité, il serait devenu tout de suite athée et socialiste (car le socialisme ce n'est pas seulement la condition ouvrière ou celle du quatrième état, mais c'est surtout la question de l'athéisme, de son incarnation contemporaine, la question de la tour de Babel, qui se construit sans Dieu, non pour atteindre les cieux de la terre mais pour abaisser les cieux jusqu'à la terre). p 61
 
Smerdiakov, fils illégitime de Fiodor Pavlovitch,  est le domestique et le cuisinier de Fiodor Pavlovitch. Renfermé et épileptique, Smerdiakov est distant avec la plupart des personnes, mais admire  Ivan, discutant avec lui d'athéïsme et de socialisme.
De nombreux personnages secondaires viennent renforcer l’intérêt de ce drame que l’on sent arriver. Le père Zosime, starets du monastère, est le père spirituel d'Aliocha. Il est vénéré  par les habitants de la ville, parle avec sagesse et bienveillance : "Mes pères, je me demande : qu'est ce que l'enfer? " . je le définis ainsi : "la souffrance de ne plus pouvoir aimer" p437

Mes impressions : 
Ce livre m’a énormément intéressée. Tour à tour , on prend connaissance des motivations profondes des personnages, de leurs faiblesses, de leur réflexions, de leurs espoirs aussi.
Plusieurs digressions dans le récit apporte de la profondeur aux personnages (la vie du Tsaret Zozime, la vie du petit garçon Illioucha menacé par Dmitri et aidé par Aliocha)
Je suis passée à côté de plusieurs chapitres notamment « le grand inquisiteur » et la vie du Tsaret Zosime. Le roman met également en scène l'opposition entre des personnages athées (Fiodor, Ivan et Smerdiakov) et ceux qui sont croyants (Aliocha, Katia, Zosime et les moines). 

 

Pour finir, deux  extraits qui m'ont marquée  : 
Les pensées de Mitia quand il regarde son père par la fenêtre :
Fiodor Pavlovitch risquait de tomber en regardant vers la porte qui menait au jardin; il scrutait les ténèbres ; il allait certainement s'empresser d'ouvrir la porte, sans attendre la réponse de Grouchegnka. Mitia ne broncha point. La lumière éclairait nettement le profil détesté du vieillard, avec sa pomme d'Adam, son nez recourbé, ses lèvres souriant dans une attente voluptueuse. Une colère furieuse bouillonna soudain dans le coeur de Mitia. " Le voilà , mon rival, le bourreau de ma vie! " C'était un accès irrésistible, l'emportement dont il avait parlé à Aliocha, lors de leur conversation dans le pavillon, en réponse à la question : "Comment peux tu dire que tu tueras ton père? "
"Je ne sais pas, avait dit Mitia, peut être le tuerai-je, peut être ne le tuerais-je pas. Je crains de ne pouvoir supporter son visage à ce moment là. Je hais sa pomme d'Adam, son nez, ses yeux, son sourire impudent.. Il me dégoûte. Voilà ce qui m'effraie ; je ne pourrais pas me contenir...."
Le dégoût devenait intolérable. Mitia hors de lui sortit de sa poche le pilon de cuivre.
 
  
Le père parlant d'Ivan à Aliocha (p253) après avoir été battu par Dmitri la veille
"Pourquoi ne me parle t il pas ? Et quand il parle, il fait le malin: c'est un misérable ton Ivan ! j'épouserai tout de suite Grouchegnka, si je veux; car avec de l'argent , il suffit de vouloir Alexéi Fiodorovitch, on a tout. C'est ce dont Ivan a peur, il me surveille et pour empêcher mon mariage, il pousse Mitia à me devancer ; de la sorte, il entend me préserver de Grouchegnka (dans l'espoir d'hériter si je ne l'épouse pas!); d'autre part si Mitia se marie avec elle, Ivan lui souffle sa riche fiancée, voilà son calcul! C'est un misérable ton Ivan.

 

 Il s'agit d'une lecture commune partagée avec Denis  Heide et Nathalie

 lc-sapristi-mais-tu-nas-jamais-lu-ce-livre.jpg

 

 


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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 19:21

Ce nouveau challenge se passe chez Laure. Il a pour titre "Challenge à tous prix" 

Et le but est de lire et de chroniquer des livres qui ont reçu un prix 

Elle explique tout cela très bien ici 

Le logo est d'Asphodèle 

logo-challenge-c3a0-tous-prix--1-.jpg

 

Et cela tombe bien car mes prochaines lectures ont eu un prix ;-)

Une Lecture Commune :  "Purge" de Sofia Oksanen en février avec Douceur littéraire (inscriptions ici) Le billet est prévu pour le 25 février

purge.jpgPrésentation de l'éditeur : En 1992, l’union soviétique s’effondre et la population estonienne fête le départ des Russes. Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes. Ainsi, lorsqu’elle trouve Zara dans son jardin, une jeune femme qui semble en grande détresse, elle hésite à lui ouvrir sa porte. Ces deux femmes vont faire connaissance, et un lourd secret de famille va se révéler, en lien avec le passé de l’occupation soviétique et l’amour qu’Aliide a ressenti pour Hans, un résistant. La vieille dame va alors décider de protéger Zara jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix. Sofi Oksanen s’empare de l’Histoire pour bâtir une tragédie familiale envoûtante. Haletant comme un film d’Hitchcock, son roman pose plusieurs questions passionnantes : peut-on vivre dans un pays occupé sans se compromettre ? Quel jugement peut-on porter sur ces trahisons ou actes de collaboration une fois disparu le poids de la contrainte ? Des questions qui ne peuvent que résonner fortement dans la tête des lecteurs français.
PRIX DU ROMAN ET PRIX FEMINA FNAC 2010

 

Une Lecture Commune en mars avec Enna  (inscriptions ici); Le billet est prévu pour le 20 mars

BALLADE-LILA-K.jpgla Ballade de Lila K - Blandine Le Callet 

Présentation de l'éditeur : La ballade de Lila K, c’est d’abord une voix : celle d’une jeune femme sensible et caustique, fragile et volontaire, qui raconte son histoire depuis le jour où des hommes en noir l’ont brutalement arrachée à sa mère, et conduite dans un Centre, mi-pensionnat mi-prison, où on l’a prise en charge.
Surdouée, asociale, polytraumatisée, Lila a tout oublié de sa vie antérieure. Elle n’a qu’une obsession : retrouver sa mère, et sa mémoire perdue. Commence alors pour elle un chaotique apprentissage, au sein d’un univers étrangement décalé, où la sécurité semble désormais totalement assurée, mais où les livres n’ont plus droit de cité.


Roman d’initiation où le suspense se mêle à une troublante histoire d’amour, La ballade de Lila K est aussi un livre qui s’interroge sur les évolutions et possibles dérives de notre société.

 

Je participerai aussi au mois Kessel chez Denis en avril (pas de date fixe) : Les inscriptions sont  ici

Je compte lire La passante du sans souci (mais je changerai peut être d'avis d'ici là)

passante sans souci

Résumé éditeur : Montmartre au petit jour. Chaque matin, l'auteur, attablé au Sans-Souci, voit passer une femme dans la rue. Elsa Wiener, il l'apprendra bientôt, a fui l'Allemagne. Son mari Michel y est resté, enfermé dans un camp. Elle chante dans les boîtes de nuit. Elle vit seule avec un enfant juif, Max, que les nazis ont rendu infirme.

On suit avec fascination la lente chute d'Elsa, sa déchéance, au nom d'un amour qui n'existe peut-être pas.
Avec le portrait de cette passante des aubes transies de Pigalle, Kessel semble dire adieu au Paris des années folles. Ce livre, publié en 1936, parlait pour la première fois sans doute des camps de concentration hitlériens.

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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 08:11
MAISON-OU.jpgL'histoire en quelques mots : Le narrateur reçoit un jour un coup de fil de Sayaka, son ancienne petite amie du lycée. Intrigué par son ton pressant, il accepte son rendez vous. Elle lui  demande de l'accompagner dans une maison dont le père (décédé) de la jeune fille avait la clef. Après quelques réticences, il accepte de l'accompagner. Les deux jeunes gens arrivent à cette maison abandonnée et mènent l'enquête sur ce qui s'est passé il y a 25 ans dans cette maison. Ils trouvent un journal, des indices dans la maison et à force de déductions en apprennent très long sur l'enfance de Sayaka....
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Mes impressions : J'ai bien aimé dans cette enqête surtout le personnage du narrateur, qui est très sensible. Il aide Sayaka à comprendre ce qui s'est passé. Il a souvent une longueur d'avance sur elle et essaie de la protéger sans arrière pensée (il sait qu'elle est mariée et qu'il y a peu de chances pour qu'ils renouent tous les deux)
En apprenant le secret de l'enfance de Sayaka, il fait régulièrement le parallèle avec sa propre enfance, qui si elle ne fut pas très heureuse, diffère grandement de celle de Sayaka. Le personnage de Sayaka est plus dur. On comprend bien sa quête de mieux comprendre le passé pour pouvoir enfin vivre le présent. J'ai eu un peu de mal à me mettre cependant à sa place.
Ce livre traite aussi en filigrane du difficile sujet des enfants maltraités et de ce qui pousse un enfant maltraité à reproduire le même schéma plus tard avec ses propres enfants. (Sayaka maltraite sa fille de trois ans, Miharu).
.
Un petit extrait de dialogue entre le narrateur et son amie où on comprend pourquoi elle a fait appel à lui (et non pas à son mari). Le narrateur, journaliste a écrit un article sur les causes de maltraitance des enfants :
- Dans cet article, il y a l’histoire de cette mère qui en pleine nuit a failli étrangler son bébé qui n’arrêtait pas de pleurer. J’ai sursauté en lisant cela. Je me suis vue à sa place. 
- Tu as déjà ressenti ça ? 
- Plusieurs fois. Miharu aussi pleurait beaucoup la nuit. Un soir par exemple, quand j’ai senti qu’elle n’allait pas tarder à pleurer, tu sais ce que j’ai fait ? J’ai pris une serviette qui était à portée de main pour l’enfoncer dans sa bouche. C’est bien la preuve que je suis folle, dit elle dans un rictus, au bord des larmes. C’est typique la maltraitance. En tout cas c’est ce qui est écrit.
- On ne peut pas se prononcer sur un seul fait, avançai-je avec prudence. 
Les maltraitance se divisaient en quatre grands groupes : la maltraitance physique, la négligence ou le refus de protéger, la maltraitance naturelle et la maltraitance psychologique. La violence, par exemple, ou tout ce qui pouvait blesse, c’étaient de la malveillance physique et, d’après ce que Sayaka venait de dire, son acte en faisait partie.
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En conclusion, il s'agit d'une enquête (bien ficelée) sur des faits remontant à un quart de siècle, enquête qui aidera les deux principaux personnages à repartir d'une autre façon dans leur vie.   
Ma première participation au challenge d'Adalana logo-c3a9crivains-japonais_1.jpg
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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 00:54

CITE-VERRE.jpgTome 1 - Cité de verre 

 

Quinn, un détective privé, dont la femme et le petit garçon sont morts, reçoit un coup de fil qui ne lui est pas destiné. Il accepte de rencontrer Peter Stillman, un jeune homme perturbé. Celui-ci lui confie avoir été tenu reclu par son père pendant des années. Le père, ayant été condamné à de la prison pour ces mauvais traitement envers son fils, sort de prison. Peter Stillman fils confie à Quinn la mission de suivre Peter Stillman Père (celui-ci aurait juré vouloir assassiner son fils). Dans cette mission de filature de Peter Stillman Père,  Quinn y perdra son appartement, sa vie, sa raison. 
Le début de ce livre est époustouflant, extraordinaire, le monologue de Peter Stilman est passionnant (poétique) : 
Peter Stillman (fils) parle en ces termes à Quinn, le détective privé. 
Je suis surtout poète, maintenant. Chaque jour je reste dans ma chambre à écrire un nouveau poème. J’invente tous les mots moi-même, comme lorsque je vivais dans le noir. C’est comme ça que je commence à me souvenir, en faisant semblant d’être revenu dans le noir. Je suis le seul à savoir ce que ces mots signifient. Ils ne peuvent pas être traduits. Ces poèmes me rendront célèbre. J’ai tapé dans le mille. Ya, ya, ya. De beaux poèmes. Si beaux que le monde entier pleurera.
Plus tard, peut être, je ferai autre chose. Lorsque j’en aurai fini d’être poète. Un jour ou l’autre je serai à court de mots, voyez vous. Chacun n’a qu’un certain nombre de mots en lui. Et où serai je alors ? Je crois que je voudrais être pompier, ensuite. Et après cela docteur. La dernière chose que je serai c’est funambule. Quand je serai très vieux et que j’aurais enfin appris à marcher comme tout le monde. C’est alors que je danserai sur le fil et les gens en seront abasourdis. Même les petits enfants. C’est ce que j’aimerais. Danser sur un fil jusqu’à ce que je meure. 
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REVENANT-copie-1.jpgTome 2 – Les revenants
Les personnages ne sont pas les mêmes que dans le premier tome, même si on retrouve un personnage de détective privé. On sait juste que Blanc a engagé Bleu pour surveiller Noir.
Ce roman interpelle sur une interrogation sur l’identité : les trois personnages n’ont pas de véritable nom : qui est qui ? qui surveille qui ? un jeu de miroir où on se perd ! Cette fois on suit plus particulièrement Bleu qui perd peu à peu pied : 
Le vrai problème revient à identifier la nature dudit problème. Et d’abord qui le menace le plus, Blanc ou Noir ? Blanc a tenu sa part du contrat : les chèques sont arrivés à l’heure toutes les semaines, et se retourner contre lui maintenant – Bleu le sait bien – serait mordre la main qui le nourrit. C’est bien pourtant Blanc qui a lancé ce cas, jetant Bleu dans une pièce vide, en quelque sorte, puis éteignant la lumière et verrouillant la porte. Depuis Bleu tâtonne dans l’obscurité, cherchant à l’aveuglette l’interrupteur et il se trouve prisonnier de l’affaire. Tout cela est bel et bon, mais pourquoi Blanc ferait il une chose pareille ? Lorsque Bleu se heurte à cette question il ne peut plus penser. Son cerveau s’arrête de fonctionner, il n’est pas capable d’aller plus loin. 
Prenons Noir, alors. Jusqu’à présent il constituait toute l’affaire, c’était la cause apparente de tous les ennuis de Bleu. Mais si Blanc cherche en réalité à atteindre Bleu – et pas Noir-, alors il se peut que Noir n’ait rien à voir dans tout ça, qu’il ne soit rien de plus qu’un figurant innocent. Dans ce cas, c’est Noir qui occupe la position que Bleu a toujours cru être la sienne propre et Bleu prend le rôle de Noir. C’est une éventualité qui se tient. Par ailleurs, il se peut aussi que Noir soit de mèche avec Blanc et qu’ensemble ils aient conspiré pour régler son compte à Bleu
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CHAMBRE-DEROBEE.jpgTome 3  – La chambre dérobée 
Le narrateur, un jeune homme, journaliste désargenté,  raconte son enfance avec Fanshawe. Il est contacté par Sophie, la femme de Fanshawe. Celui-ci a disparu quelques semaines avant la naissance de son fils, Ben,  et a chargé sa femme de contacter le narrteur pour faire paraître son œuvre. 
Le narrateur parviendra à faire éditer l’œuvre de son ami, se marie avec sa veuve, adopte l’enfant.  Il accepte de rédiger la biographie de Fanshawe. Et sa raison vacille : il n’a dit à personne qu’il avait eu des nouvelles de Fanshawe (et que donc celui-ci n’est pas mort) : il part à sa recherche en Europe et plus particulièrement à Paris 
Curieusement les choses m’ont paru plus grandes à Paris. Le ciel était plus présent qu’à New York et ses caprices plus fragiles. Il m’attirait, et le premier jour, ou les deux premiers jours, je suis resté dans ma chambre d’hôtel à examiner les nuages en attendant qu’il se produise quelque chose. C’étaient là des nuages du nord, les nuages de rêve toujours changeants qui s’amoncellent en immenses montagnes grises, qui déversent de courtes ondées, se dissipent, se regroupent à nouveau, roulent devant le soleil, réfractent la lumière selon des modes toujours différents. Le ciel à Paris a ses propres lois qui opèrent indépendamment de la ville en dessous. Autant les immeubles semblent solides, ancrés dans la terre, indestructibles, autant le ciel est vaste et amorphe, soumis à un bouleversement constant. Pendant la première semaine j’ai eu l’impression d’avoir été placé les pieds en l’air, la tête en bas. C’était une ville de l’ancien monde et elle n’avait rien à voir avec New York où les ciels sont lents et les rues chaotiques, où les nuages sont fades et les immeubles agressifs. J’étais déplacé, ce qui me rendait soudain peu sûr de moi. Je sentais ma maîtrise faiblir et au moins une fois par heure je devais me rappeler pourquoi je me trouvais là. 
.
En conclusion, trois tomes sans réel lien entre eux si ce n’est  les trois détectives privés.  Peter Stillman et Quinn apparaissent également très rapidement dans le troisième tome. Le lecteur se perd dans l’histoire, voit il réellement la vérité, y a-t-il une vérité ? qui est qui ?  
Quand je dis le lecteur se perd, ce n’est pas du tout péjoratif, l’auteur  balade le lecteur dans le bon sens du terme, l’emmène d’hypothèse en hypothèse : pas de réelle réponse d’ailleurs à la fin. Une quête sur l'identité : qui sommes nous, jusqu'où sommes nous prêts à aller ?
Un livre difficile à raconter, mais qui mérite amplement sa place dans les romans cultes tellement les questions sont innombrables, bien posées et éveillent de nombreux échos et de réflexions chez le lecteur.  

Ma troisième participation au challenge de  Métaphore sur les Romans Cultes ;-) 

tour-quebec-septembre-frissons-octobre-plein--L-J BS1L

 


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