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Raconter des histoires (de poneys et de chevaux mais pas seulement) Participer à des défis littéraires

Destrier électrique

Sur une idée de Chiffonnette

 

Je garde le silence. Un jour, elle l’a dit à sa mère, elle était gaie. Que quelqu’un puisse l’aimer l’a surprise. Peut être reste-t-il quelque chose de ce petit aveu d’un jour ? Saadia relate les traditions de son pays qui veulent que la mère suive la fille dans son nouveau foyer. Sabrya l’interrompt avec son espièglerie habituelle : « Maman ça suffit ! ». Son cou doré se penche devant moi. La soirée est enjouée. Après le dîner, je propose une balade à Sabrya . Dans l’anonymat de la nuit parisienne, je l’emmène dans mon fauteuil électrique le long des rues presque désertes. Elle s’assied en travers, sur mes genoux ; la douceur de son bras gauche contre mon cou, la caresse de ses cheveux sur mon visage. Du menton, je conduis mon destrier à toute allure, tous feux allumés, au milieu de la chaussée. Elle rit et chante pour moi. Pas un mot sur mon rêve. Je lui chuchote des tendresses : « J’aime tant tes boucles naturelles après la piscine, celles que tu détestes parce que tu te sens trop ethnique. Te rends tu compte que tu passes une heure par jour à te tirer les cheveux en arrière ? Bien sûr cela te dégage le visage, mais laisse donc ces boucles tomber. Oui, je vois bien que tu as une poitrine ridicule, et une culotte de cheval ; cela te va si bien. Ton pantalon te moule. Je vois tes genoux arrondis, ton bras autour de ma tête et je sens la douceur… » Elle m’interrompt d’un grand éclat de rire lorsqu’une voiture nous double.

 

Le second souffle – Philippe Pozzo di Borgo

 

 

 

 

   JEUDI CITATION
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