J’avais envie ce mois-ci de lectures plus légères que le mois de février et le challenge de Phil sur le thème de couleur m’a fait tout de suite penser à ce livre qui dormait sur mes étagères depuis deux ans. Une couverture jeunesse, une histoire d’amitié entre un poney et un garçon de 10 ans me paraissait léger. Et bien pas du tout (et d’ailleurs si vous avez l’intention de lire ce livre arrêtez tout de suite la lecture de ce billet car je raconte le fait principal) Ce livre est en trois parties indépendantes : la première raconte effectivement l’amitié entre Jody et Gabilan, le poney rouge, du point de vue du garçon de dix ans. Et c’est un dur passage pour lui puisqu’il prend conscience que les promesses que font les adultes ne peuvent pas toujours être tenues. Le cow boy Billy Buck promet de sauver le poney malade mais celui-ci meurt (premier tiers du livre)
La deuxième partie raconte avec les mêmes personnages de Jody, son père et sa mère et leur employé Billy Buck. Un jour arrive dans leur ranch un vieil homme qui revient sur son lieu de naissance pour y mourir. De très belles pages sur la vie, la mort, le droit de finir sa vie dignement là où on est né et les conditions de vie très difficile dans un pays et une époque où on ne peut pas nourrir de bouches inutiles.
La dernière partie remet en scène plus Jody et Billy Buck : Pour se « faire pardonner » la mort du poney celui-ci promet à Jody que le poulain qui va naître de la meilleure poulinière du ranch sera le sien. Jody a grandi et ne croit plus aveuglément toutes les paroles des adultes, on suit ses pensées de petit garçon qui murit, espère, doute …..
.
L’écriture est très belle, très fluide, même si je trouve que ce livre est classé en littérature jeunesse un peu rapidement : il reste très triste et assez éprouvant mais c’est une vie dure que celle dans l’ouest américain avec une nature difficile, la mort fait partie du quotidien.
Si vous avez envie de lire cet auteur, pour ma part j’ai préféré (et de loin) « Les raisins de la colère » et « Des souris et des hommes »
.
Un extrait :
Six gamins arrivèrent par la colline l'après midi, en avance d'une demi-heure, courant fort, la tête baissée , besognant des avant-bras, la respiration sifflante. Ils passèrent en coup de vent près de la maison et coupèrent à travers le champ de chaume vers la grange. Et là, ils restèrent plantés gauchement devant le poney, puis regardèrent Jody avec des yeux où perçaient une nouvelle admiration et un nouveau respect. Jusqu'à ce jour, Jody avait été un petit garçon habillé d'une salopette et d'un chemise bleue...., plus calme que la plupart des autres, soupçonné même d'être un peu couard. Et maintenant, il n'était plus le même. Du fonds d'un millier de siècles, ils tiraient l'antique admiration du piéton pour le cavalier. Ils savaient par instinct qu'un homme à cheval est, spirituellement aussi bien que physiquement, plus grand qu'un homme à pied. Ils savaient que Jody avait été miraculeusement soulevé hors de toute égalité avec eux et avait été placé au dessus d'eux. Gabilan sortit la tête de son box et les flaira.
-Pourquoi tu ne montes pas dessus ? criaient les enfants. Pourquoi tu n'as pas tressé des rubans dans sa queue comme à la foire? Quand qu' c'est que tu monteras dessus?
Jody ne se sentait plus d'orgueil. Il éprouvait lui aussi la supériorité du cavalier.
- Il n'est pas assez vieux. Personne ne pourra le monter avant longtemps. Je vais l'entraîner à la longe. Billy Buck me montrera comment il faut faire. (P24 -25)
.
«couleur »
.