20 octobre 2012
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Ubik est un roman d’anticipation de Philip K Dick, écrit en 1966. L’action se déroule en 1992. La société américaine est composée des vivants, des morts et des êtres en semi-vie (des êtres proches de la mort, maintenus artificiellement en vie dans des moratoriums.)
Mr Runciter est le patron d’une société commerciale qui emploie des « neutraliseurs ». Leur rôle est de contrer de dangereux personnages appelés psi - des sortes d’espions industriels aux pouvoirs de télépathes ou qui prédisent l’avenir, des précog. Joe Chips est un des « testeurs » de Mr Runciter. Sa mission est de recruter des anti-psi. Un riche client leur confie une mission sur la lune.
Joe Chips est chargé par Mr Runciter de monter une super équipe de 11 neutraliseurs. Il finit par se laisser convaincre d’embaucher une mystérieuse (et très belle) Pat Conley, qui aurait semble-t-il le pouvoir de changer le passé.
Sur la Lune rien ne se passe comme prévu, et l’équipe se retrouve projetée dans ……….je n’en dirais pas plus, à part que ce roman m’a enthousiasmé : on ne sait pas qui est dans le vrai, qui est vivant, qui est mort ou en semi vie, si les héros rêvent ou sont dans la réalité.
De nombreux éléments font sourire, comme le fait que dans ce futur, tout fonctionne avec des pièces, que des personnages « devinent » l’avenir mais sont contrés par d’autres qui modifient le passé. Les personnages sont énigmatiques et sympathiques, en particulier Joe Chip qui apparaît un peu dépassé par les évènements mais malgré tout très combatif. Il ne baisse pas les bras face à un présent qui lui échappe et à un passé qui lui glisse entre les doigts…
En tête de chapitre, on trouve une « pub » pour un produit miracle « l’Ubik » qui est à la fois attrayant et très inquiétant. Il peut tout faire et est sans danger…… si on suit les prescriptions à la lettre.

Un extrait (la rencontre entre Joe Chip et l’inquiétante Pat)
Pat dit à voix basse :
Je ne remonte pas dans le temps. (Elle leva les yeux et son regard croisa celui de Joe Chip, d’une façon à la fois humble et agressive). Je fais effectivement quelque chose mais ce que raconte Mr Ashwood ne correspond pas à la réalité.
- Je lis dans votre esprit, lui dit G.G, l’air légèrement irrité. Je sais que vous pouvez changer le passé, vous l’avez fait.
- Je peux changer le passé, dit Pat, mais je n’y vais pas ; je ne voyage pas dans le temps, comme vous voulez le faire croire à votre testeur.
- Comment changez vous le passé ? lui demanda Joe
- Je pense à lui. A un aspect particulier, un incident quelconque ou à une phrase prononcée par quelqu’un. Ou bien à un évènement mineur qui s’est produit alors que je ne le souhaitais pas. J’ai fait ça pour la première fois étant enfant….
- Elle avait six ans, interrompit G.G. et elle habitait Détroit avec ses parents ; un jour elle a cassé une statuette ancienne en céramique à laquelle son père tenait beaucoup.
- Est-ce que votre père l’avait prévu ? demanda Joe. Avec sa faculté de précognition ?
- Il l’avait prévu, répondit Pat, il m’a punie une semaine avant que je casse la statue. Mais il disait que c’était inévitable : Vous connaissez le don des précogs : ils voient l’avenir mais ils ne peuvent pas le changer. Ensuite, une fois que la statuette s’est brisée – enfin, quand elle a été cassée par moi, je veux dire – je me suis mise à ruminer là-dessus et à remuer des idées noires, en pensant à toute cette semaine où j’avais été privée de dessert au dîner et où j’avais été envoyée au lit plus tôt. J’ai pensé : Mon Dieu – ou ce que peut dire une gosse – est ce qu’il n’y aurait pas eu moyen d’empêcher ce malheur ? La précognition de mon père ne me semblait pas une chose très merveilleuse, puisqu’il ne pouvait pas modifier les évènements ; c’est toujours le sentiment que j’ai aujourd’hui, une sorte de mépris. J’ai passé un mois à vouloir que la statuette ne soit pas cassée ; je n’arrêtais pas de revenir en esprit à la période où elle ne l’était pas, en m’imaginant l’aspect qu’elle avait eu …. Elle était d’ailleurs affreuse. Et puis un matin quand je me suis réveillée – et j’avais même rêvé la nuit d’avant que ça se passerait - elle était là . A l’endroit où elle était posée d’habitude. (Avec une expression tendue, elle se pencha sur Joe Chip ; elle continua à parler d’une voix dure et décidée) Mais mes parents ne se sont aperçus de rien. Pour eux il était tout à fait normal que la statuette soit intacte. J’étais la seule à me rappeler.
Ma première participation au challenge de Métaphore sur les Romans Cultes ;-)
Et la troisième au challenge Babelio