Quand j’ai vu la photo dans le journal, j’ai pris peur. Allait on me reconnaître et deviner la part que j’avais prise dans cette affaire?
Négligemment, j’ai acheté au marchand de journaux un Paris Match (le buraliste m’a fait un clin d’oeil en disant que Catherine Deneuve dans les Demoiselles de Rochefort avait la même coiffure que moi mais en moins bien). Pour faire bonne mesure, j’ai également acheté une revue féminine et le quotidien qui fait la une avec ce meurtre étrange. Entre les lignes, j’ai vu que les journalistes et la police n’avait aucune idée de ce qui s’était passé. Ils ne donnaient que le lieu et l’heure : Avenue de l’Opéra 8H30. Même pas l’arme du crime, c’est dire, en même temps je crois avoir trouvé l’arme parfaite, discrète et sans effusion inutile.
C’est le mois de juillet, on ne le voit pas sur la photo, une autre femme que moi est bras nus, les autres ont gardé chemise, complet et veston. C’est vrai qu’il fait froid pour un mois de juillet. 12 petits degrés le matin, 15 dans l’après midi.
Sur la photo, je suis de dos, c’est déjà cela. Le type qui est par terre, c’est Luke la main froide, un dangereux tueur à gages. Espion de surcroît. Je suis moi même espionne, même si Oscar ne me croit pas. L’autre jour, je lui ait dit que Luke était revenu. Au début il a paru intéressé par mon histoire et au bout d’un moment je me suis dit qu’il décrochait : (je l’ai vu dans son regard , c’était comme un reflet dans un œil d’or). Pile au moment où je lui racontais que la comtesse de Hong kong et la chinoise sont revenues!! « Encore les triades chinoises ! » a t il soupiré. Et il a ajouté un rien désabusé « Eh qu’est devenu le samouraï de la semaine dernière ? » . Je ne l’ai pas écouté Oscar , heureusement que j’ai l’oeil et que je surveille mon quartier de Paris. Le livreur qui pousse son diable avait l’air louche aussi : trop bien habillé pour être un honnête livreur, et le type qui enjambe Luke, un complice à n’en pas douter, le type en vélo s’est à peine retourné, j’ai vu sur son front les stigmates des plus grands voleurs.
Oscar a eu l’air sceptique quand je lui ait dit que Luke me suivait dans la chaleur de la nuit. Bon c’est pas faux qu’il fait frisquet en ce moment, mais cet homme me déshabillait du regard et me rendait brûlante, j’ai bien vu ses yeux pervers au moment où j’ai enfoncé mon aiguille à chapeau dans sa carotide. Il a basculé les bras en arrière. Oscar me dit que je m’imagine des choses, d’ailleurs il en sait trop pour un psy, je crois que je vais m’occuper de son cas : il me pardonnera, il sait que ce sont les risques du métier. Et lui seul connait mon pseudo, la collectionneuse.
La consigne de Gwenaelle : (clic pour voir les autres participants)
Lors de ma récente escapade à Paris, j’ai eu la chance de voir l’exposition consacrée au travail de Joel Meyerowitz, un photographe américain, à la Maison Européenne de la Photographie. Je vous propose aujourd’hui de produire un texte en partant d’un de ses clichés, pris à Paris en 1967. Une photo étrange, qui pose plus de questions qu’elle n’y répond…
Très simplement, choisissez une des personnes présentes sur ce cliché et racontez sa version des faits.
Texte rédigé avec les titres de films suivants (merci à Wikipédia pour cette liste des films sortis en France en 1967)
La Comtesse de Hong-Kong de Charles Chaplin.
Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy.
Dans la chaleur de la nuit de Norman Jewison.
La Chinoise de Jean-Luc Godard.
Oscar d’Édouard Molinaro.
Luke la main froide (Cool Hand Luke) de Stuart Rosenberg.
Reflets dans un œil d’or, de John Huston.
Les Risques du métier, d’André Cayatte.
Le Samouraï de Jean-Pierre Melville
La Collectionneuse, film d’Éric Rohmer.