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16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 10:14
poney-rouge.jpgJ’avais envie ce mois-ci de lectures plus légères que le mois de février et le challenge de Phil sur le thème de couleur m’a fait tout de suite penser à ce livre qui dormait sur mes étagères depuis deux ans. Une couverture jeunesse, une histoire d’amitié entre un poney et un garçon de 10 ans me paraissait léger. Et bien pas du tout (et d’ailleurs  si vous avez l’intention de lire ce livre arrêtez tout de suite la lecture de ce billet car je raconte le fait principal)
Ce livre est en trois parties indépendantes : la première raconte effectivement l’amitié entre Jody et Gabilan, le poney rouge, du point de vue du garçon de dix ans. Et c’est un dur passage pour lui puisqu’il prend conscience que les promesses que font les adultes ne peuvent pas toujours être tenues. Le cow boy Billy Buck promet de sauver le poney malade mais celui-ci meurt (premier tiers du livre)
La deuxième partie raconte avec les mêmes personnages de Jody, son père et sa mère et leur employé Billy Buck. Un jour arrive dans leur ranch un vieil homme qui revient sur son lieu de naissance pour y mourir. De très belles pages sur la vie, la mort, le droit de finir sa vie dignement là où on est né et les conditions de vie très difficile dans un pays et une époque  où on ne peut pas nourrir de bouches inutiles.
La dernière partie remet en scène plus Jody et Billy Buck : Pour se « faire pardonner » la mort du poney celui-ci promet à Jody que le poulain qui va naître de la meilleure poulinière du ranch sera le sien. Jody a grandi et ne croit plus aveuglément toutes les paroles des adultes, on suit ses pensées de petit garçon qui murit, espère, doute …..
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L’écriture est très belle, très fluide, même si je trouve que ce livre est classé en littérature jeunesse un peu rapidement : il reste très triste et assez éprouvant mais c’est une vie dure que celle dans l’ouest américain avec une nature difficile, la mort fait partie du quotidien.
Si vous avez envie de lire cet auteur, pour ma part j’ai préféré (et de loin) « Les raisins de la colère » et « Des souris et des hommes »
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Un extrait :
Six gamins arrivèrent par la colline l'après midi, en avance d'une demi-heure, courant fort, la tête baissée , besognant des avant-bras, la respiration sifflante. Ils passèrent en coup de vent près de la maison et coupèrent à travers le champ de chaume vers la grange. Et là, ils restèrent plantés gauchement devant le poney, puis regardèrent Jody avec des yeux où perçaient une nouvelle admiration et un nouveau respect. Jusqu'à ce jour, Jody avait été un petit garçon habillé d'une salopette et d'un chemise bleue...., plus calme que la plupart des autres, soupçonné même d'être un peu couard. Et maintenant, il n'était plus le même. Du fonds d'un millier de siècles, ils tiraient l'antique admiration du piéton pour le cavalier. Ils savaient par instinct qu'un homme à cheval est, spirituellement aussi bien que physiquement, plus grand qu'un homme  à pied. Ils savaient que Jody  avait été miraculeusement soulevé  hors de toute égalité avec eux  et avait été placé au dessus d'eux. Gabilan sortit la tête de son box et les flaira. 
-Pourquoi tu ne montes pas dessus ? criaient les enfants. Pourquoi tu n'as pas tressé des rubans dans sa queue comme à la foire? Quand qu' c'est que tu monteras dessus?
Jody ne se sentait plus d'orgueil. Il éprouvait lui aussi la supériorité du cavalier.
- Il n'est pas assez vieux. Personne ne pourra le monter avant longtemps. Je vais l'entraîner à la longe. Billy Buck me montrera comment il faut faire.  (P24 -25)
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Livre  lu dans le cadre du Challenge de Philippe « lire sous la contrainte » où le thème était
«couleur »
challenge contrainte
 
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challenge-totem 
et ma sixième lecture dans le cadre du challenge Totem de  Liligalipette  
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et une participation également au challenge des animaux de Sharon 
 
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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 10:14
cheval roiQuatrième de couv : 
Toute enfance n'est-elle pas blessure irrémédiable ? Dès sa naissance, Louis fut abandonné par sa mère. Confié à sa grand-mère, il vit quelques années de bonheur radieux, mais les bombardements de juin 1944 en Normandie l'arrachent à celle qu'il aime. À dix-huit ans, il décide de s'exiler en Afrique pour commencer une nouvelle vie, mais il est rappelé en France à la mort de son père. Il doit alors apprendre à en faire le deuil, à accepter sa bâtardise tout en reconstruisant une personnalité défaillante.
Roman de la mémoire, Cheval-Roi est aussi un roman sur l'amour des chevaux qui permettra au narrateur de se réconcilier avec le monde et avec lui-même. Autant de sursauts où la conscience malheureuse s'éprouve et se met à vif dans une écriture tendue entre risque et délivrance. Cet écrivain de l'aveu, qui sait que vivre est l'aventure essentielle, nous invite à ne pas ignorer qu'il y a toujours un autre univers, caché dans celui-ci.
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Mes impressions : Ce livre m'a beaucoup plu tant pour l'histoire que pour les mots et les phrases de l'auteur. Louis, le petit garçon, grandit, quasiment seul . Ignoré, mal aimé, il parvient tant bien que mal à se reconstruire, un peu avec son amour des chevaux mais surtout par ses rencontres : Dédé le mendiant  est, pendant son enfance, son seul vrai contact humain ; les années au collège des Jésuites le laisse plus seul que jamais. Le voyage au Dahomey (ancien nom du Bénin, l'action se passe à ce moment là en 1958) lui apprend cependant qu'il peut être "aimable" à défaut d'avoir été aimé. Accepté par les villageois, il travaille, les aide à construire maison et latrines. 
En filigrane, les chevaux sont très présents qu'ils s'agissent des chevaux de sa petite enfance, de la place du cheval en Afrique (quelques pages très dures à ce moment là) et  lors de son retour avec la complicité avec Agathe, la belle châtelaine cavalière. 
Enfin,  Hannah lui apportera autour de ses 20 ans une révélation qui pourra le faire repartir sur de bases saines après son enfance sacrifiée, et oublier la haine qui le brûle.  Sans révéler la fin, celle ci est pleine d'espoir pour le jeune Louis. 
Des chapitres courts s'enchaînent, forts, percutants. Le premier chapitre (magnifique) entre directement dans  l'histoire de Louis, en racontant l'accouchement de Madeleine,  17 ans, et de son rejet immédiat de son fils.
Un petit extrait sur la place de la langue et des mots dans la vie de Louis
A l'enfant qu'il était, dès les premiers jours privé de mère et négligé par les siens, se replonger dans l'enfance ne paraissait pas seulement l'aspiration la plus vive de la nostalgie : cet enracinement était déjà le voeu d'un plus profond retour, à l'obscure félicité des origines. Sa grand mère qui lui avait tenu lieu de louve, c'était elle là qui, chansons, comptines , parler enfantin, noces merveilleuses des mots et des rythmes, avait dès le commencement infusé en lui l'amour de la langue, de cette langue confondue désormais avec sa respiration même et les battements de son coeur.(P79)
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Un petit passage sur l'Afrique où Louis tombe malade
A quelle faiblesse, à quel constat de défaite se raccrocher pour survivre à cette fièvre paludéenne ? Accepter la maladie comme l'absence , l'abandon, la solitude ? comme la chose la plus naturelle ? comme la porte étroite par laquelle il lui fallait passer pour être accepter des africains? La marginalité, comment avait-il pu penser la repousser dans un lointain ailleurs et comment aujourd'hui y rêverait il encore ? On ne guérit pas de son enfance . Elle est ici, elle est au monde, au bout du monde, elle n'a jamais cessé d'y être. Le reflet de Louis traînait , épuisé, presque souriant, espérant qu'au delà de la souffrance se lèverait un jour nouveau , purifié. 
L'Afrique n'est elle pas un serpent qui vous mord? L'amertume de son venin, mêlée à une insoutenable douceur, vous épuise et vous soulève, vous délite et vous délivre. Comment alors fuir et d'un même élan s'acharner et persévérer, comment se retourner encore dans ce monde qui descelle et démantèle ? 
Quel tumulte en lui ! Toutes les vieilles douleurs remuées, de nouveau qui remontaient. Mais Louis a - t-il entendu Akakpo, le chef , dire d'une voix anxieuse :"Ce blanc va mourir ici " , comme si tout était à jamais inscrit dans le vent, à même la respiration par un vautour gaucher et qu'Akakpo seul avait le pouvoir de lire.  p119 
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Un extrait sur son enfance chez sa grand mère
Seuls jours de son enfance si pleinement vécus que ceux qu'il passait avec les chevaux! Il se souviendrait toujours de l'odeur montante, lourde, épicée des cuirs qui faisandent dans l'humidité ou qui font sécher leur sueur au soleil.
Tout petit déjà, sa grand mère le confiait aux chevaux qu'elle élevait, lorsqu'elle étendait le linge ou travaillait au jardin. Grésil, son compagnon de jeu entre tous, se penchait : Bélou prenait la tête de Grésil entre ses mains pour lui déposer un baiser sur le front, à l'image de sa grand-mère au moment de le mettre au lit. Puis il murmurait de douces paroles à l'oreille de son compagnon. Les autres chevaux, nez en l'air, membres raidis, s'empressaient autour de lui, impatients. Sur son visage se lisait l'avant-goût du bonheur et de la paix :
- Oh! Attendez mes amis,je cours chercher le ballon.
Assis sur un tas de foin, de crottes, d'épis de maïs rongés jusqu'à la racine, il faisait voler le ballon et les regardait, l'oeil malicieux. Ses amis poursuivaient maladroitement la balle qu'ils frappaient des membres antérieurs.
Les petits voyous s'en donnent à coeur-joie! leur lançait-il, répétant sans doute une phrase entendue dans la bouche de Mamama.
Quand il pleuvait et qu'ils devaient rester à l'écurie, Bélou inventait d'autres jeux. Il se coiffait d'un vieux chapeau de paille puis s'asseyait devant le boxe de Grésil, l'encourageant à saisir le couvre-chef avec ses dents. Il le grondait affectueusement,le traitant de voleur, avant de recommencer. Si par hasard, celle qu'il appelait Mamama l'entendait, elle lui faisait signe de se taire pour ne pas effrayer les chevaux. 

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En conclusion : un livre et un auteur que je recommande fortement 
UN MOT DES TITRES
Ma participation au challenge de Calypso un mot des titres : Le mot était "roi"
 
 
LittFrancophone
Ma troisième  participation au challenge Lecture francophone d'ailleurs de Denis du blog "Au bonheur de lire" 
Gaston-Paul Effa est né au Cameroun en 1965 et enseigne la philosophie en Lorraine. Il est notamment l'auteur de Tout ce bleu (Grasset, 1996), M (Grasset, 1998), qui reçut le prix Erckmann-Chatrian 1998 et le Grand Prix littéraire de l'Afrique noire 1998, ainsi que de Le cri que tu pousses ne réveillera personne (Gallimard, 2000).
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challenge-totem 
et ma cinquième lecture dans le cadre du challenge Totem de  Liligalipette  
images
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et au challenge des animaux de Sharon 
 
tour monde 8 ANS
et au challenge tour du monde de Helran en 8 ans pour le Cameroun
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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 04:41

1203-ghostopolis.jpgCette BD (266 pages) met en scène comme le titre l’indique un pays où règnent les fantômes. Un jour le jeune Garth, une douzaine d’année, est projeté malencontreusement dans ce pays par un dénommé Franck Gallows,  un chasseur de fantôme qui ne respecte pas les procédures « Il faut TOUJOURS avoir le fantôme en face de soi avant de l’expédier à Ghostopolis ».

Le monde des fantômes est devenu une dictature et en guerre, les fantômes décident d’émigrer (d’où le  travail de Franck Gallows au quartier général de l’immigration surnaturelle.)

Le garçon, Garth, est charmant dans son attitude (à part peut être une fascination pour le vomi et autres excréments). Franck Gallows est également sympathique, bien que son personnage ait l’air un peu dépressif et dépassé par les évènements. Franck Gallows décide alors de monter une expédition avec son amie Claire pour sauver le jeune Garth. 

J’ai ri de nombreuses fois, en particulier, quand Garth trouve un nom à sa fidèle monture (que l’on voit sur la couverture), mais je n’en dis pas plus pour ne pas dévoiler toute l’histoire. 

Une BD qui m’attirait justement pour cette couverture ;-) Les mouvements d’un cheval au galop et autres attitudes sont très réalistes (enfin pour un cheval fantôme squelette) et si le cheval ne parle pas, il n’en est pas moins très expressif. 


Dans leurs aventures, Franck, son amie Claire (très très jolie) et  Garth rencontreront le papi de Garth, mais aussi des insectes sur des quads, l’infâme Maître Vaugner qui veut les capturer et qui sème la zizanie dans le royaume des morts, le roi des spectres venus du Sud, le Pharaon Momie,  le ROI SQUELETTE et autres zombies. 

 

Les dessins sont assez sombres, dynamiques et on se laisse vite prendre par l’histoire. Les couleurs sont présentes, parfois dans des verts un peu inquiétants. De temps en temps, on ne voit que des ombres blanches sur fonds noir. Cette alternance met du rythme dans la lecture.

GHOSTOPOLIS-3.jpg

 

Le moment où l’effroyable Vaugner se transforme en immeuble pour combattre Garth est époustouflant.

 

J’ai beaucoup aimé cette BD pour adolescents (mais pas que) où est évoqué l’amour, la jalousie, la haine et la guerre, la famille, le rapport au temps, à la maladie et à la mort. 

Une dernière photo de Ghostopolis ;-)

ghostopolis-2.jpg

 

Cette BD voyage : 

Elle a commencé son periple chez Hilde

, puis chez Mo

Elle ira ensuite chez Lystig avec son avis 

puis chez XL

puis chez Zazimuth

puis chez .......

 

Cette BD m'a été envoyée par Babelio dans le cadre Masse critique BD. Merci à Babelio

Cette lecture rentre parfaitement dans le cadre du challenge Lieux imaginaires d'Aymeline

logo-challenge-lieux-imaginaires

 

Et je m'en vais demander de ce pas à Liligalipette si elle l'accepte dans son challenge Totem dans la mesure où le "cheval squelette" tient un rôle important dans l'histoire ;-)

challenge-totem

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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 10:14
cavalier.jpgL'action  se passe en Afghanistan. Un Bouzkachi est organisé à Kaboul (un Bouzkachi est un "jeu" (très violent) à cheval où chaque cavalier doit s'emparer de la dépouille d'un bouc, la traîner sur une certaine distance entre deux poteaux et la ramener au poteau de départ. Tous les coups sont permis : taper, frapper, désarçonner l'adversaire, ruses diverses....)  
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Ce livre raconte cette épopée, tout d'abord les préparatifs du  Bouzkachi en lui même, son déroulement mais surtout ce qui suit cette épreuve à Kaboul.
Toursène,  une soixantaine d'année, est  intendant des écuries. Il ne peut quasiment plus monter à cheval tellement il a eu de fractures. Se lever le matin et s'habiller est une torture, mais stoïque, il n'en laisse rien paraître. Il est chargé de nommer l'équipe - cavaliers (aussi appelés Tchopendoz)  et montures - qui va aller représenter sa région, Maïmana,  au Bouzkachi à Kaboul. Il confie Jehol, un splendide étalon à son fils Ouroz (une quarantaine d'années)
Gravement blessé lors du Bouzkachi, Ouroz est transporté à l'hôpital de Kaboul. Soigné par une européenne, il se sent humilié par les soins de celle-ci et décide de rentrer chez lui par une route peu fréquentée dans les montagnes (pour échapper à d'éventuelles poursuites)
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Mokkhi le saïs (palefrenier)  de Ouroz l'aide au début dans cette entreprise insensée : des centaines de kilomètres à faire avec un homme ayant une fracture ouverte à la jambe et qui a du mal à se tenir sur le cheval. Ouroz est un personnage, très complexe, très fier et orgueilleux, plein de contradictions. Il manipule les gens, crée un plan (que le lecteur ne connaît pas, je ne suis même pas sûre d'avoir bien compris le plan en question)
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Le lecteur suit les réflexions de l'orgueilleux Ouroz, de son non moins orgueilleux père, du gentil Mokkhi qui devient de moins en moins gentil au fur et à mesure des provocations d'Ouroz qui semble devenir fou. Lors de ce périple, les deux hommes rencontrent une jeune nomade, Zéré, qui rêve de s'approprier le cheval d'Ouroz ainsi que  sa fortune.   
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Guardi Guedji, appelé aussi  "l'aïeul de tout le monde" intervient également en début, milieu et fin du livre. Il incarne la sagesse, explique certaines coutumes, aide les personnes à voir clair dans leurs motivations. 
Ce livre est époustouflant tant par la complexité des personnages que par l'action en elle même. Les rapports père-fils, sont abordés de façon intéressante : Toursène envie son fils, l'aime, le déteste, l'admire. Ouroz déteste son père pour son emprise sur sa vie, son indifférence, la répudiation de sa mère devenue stérile.
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Les rapports à l'argent sont également finement analysés (Ouroz  dilapide son argent, la petite Zéré est prête à tout pour sortir de sa misère). Enfin l'amour est présent, celui pur de Mokkhi pour Zéré et intéressée de sa part à elle.
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Un coup de coeur pour ce livre où les espaces sont tour à tour immenses (la steppe) et exigus (la traversée finale entre deux montagnes), les personnages complexes (pas de bons ou de mauvais, juste des êtres humains dépassés par leurs passions)
Jehol le cheval fou est également très présent : il comprend la situation, défend son maître contre les tentatives d'assassinats.
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Un extrait sur La façon dont Toursène (le père) voit Jehol, le cheval : 
Non, pensait le vieux Tchopendoz, jamais plus on ne verrait un cheval comme celui là. Parce que jamais plus il n'y aurait un Toursène pour en faire un autre. Pour choisir le mélange des sangs. Surveiller la nourriture du poulain pendant les trois premières années où il connaissait une liberté complète. Le seller, le brider, le monter pendant trois années ensuite. Et puis, encore pendant trois ans, pour le former, pas à pas, exercice par exercice, muscle par muscle, aux fatigues, aux acrobaties terribles. 
Il fallait en vérité, à tous les coursiers de Bouzkachi, les qualités les plus rares et les plus contraires : la fougue et la patience, la vitesse du vent et l'entêtement d'une bête de bât, la bravoure du lion et l'art d'un chien savant. Pourtant, aucune de ces montures étonnantes ne se pouvait mesurer à l'étalon dont le souffle chaud caressait les joues parcheminées de Toursène.

Un extrait du Bouzkachi 
Les deux Tchopendoz couraient à leur rencontre afin de saisir, d'accrocher Ouroz et sa monture. Ils atteignirent leu proie ensemble avec un hululement de victoire. Juste à ce moment Jehol se dressa tout droit sur ses sabots arrière, tourna sa tête hennissante vers l'ennemi de gauche et lui broya la main entre ses dents, tandis qu'Ouroz comme détaché de l'étalon, levé sur ses étriers, frappait du manche de sa cravache l'autre tchopendoz en pleine poitrine et le désarçonnait. 

Un  extrait sur un souvenir d'enfance d'Ouroz 
Des genoux et des rênes, Ouroz avertit Jehol de mettre fin à ses jeux. L'étalon obéit de mauvais gré. Sa démarche se fit dure et rétive. 
"Va, va, lui dit en pensée Ouroz. Je ne suis pas un vieillard qu'amollissent tes charmes."
Une souffrance étrange lui vint en cet instant. Ce n'était pas vrai. L'âge n'était pour rien dans le comportement de Toursène. Il y avait toujours eu un Jehol pour son père. Et le cheval, toujours avait occupé le premier rang. 
Quand Ouroz dans son enfance avait une maladie, Toursène le laissait aux soins des femmes. Quand c’était le poulain, il ne le quittait point, partageait sa litière. Une image tout à coup se leva dans la mémoire d'Ouroz. L'écurie.... la pénombre.... Et là, Toursène qui jamais ne l'embrassait, lui, son garçon, Toursène portait contre sa poitrine formidable, comme une sorte de jouet vivant, un tout petit, tout petit cheval, tout nu, tout humide, qu'il ranimait et berçait.    
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Dernier extrait : Ouroz une fois rentré chez lui, mutilé, s'interroge sur son avenir :
"Qu'a-t-il besoin de courir l'homme pour lequel il n'est point de retour ? "
Pas de retour, cela de toute manière était sûr. Et le but? La frontière russe était proche. Ensuite - Tachkent, Samarcande ? Il y avait aussi, du côté de l'Iran, ces déserts impitoyables, inconnus. Il pouvait s'y enfoncer, s'y perdre....Et aussi l'horizon où le soleil se lève. Après la province de Mazar, après le Kataghan, après le Badakchan, au bout de la terre afghane, il y  avait le Qual. En Panja, le couloir du mystère, si haut, si haut qu'il touchait au Toit du Monde.... On y voyageait sur des buffles à fourrure blanche .... L'homme des neiges y habitait....Ainsi rêvant, Ouroz sortit du domaine. Alors, pensées, projets ou songes - rien n'eut plus de sens pour lui. 
Rien que la steppe. Devant lui. A lui. A lui, né une deuxième fois pour elle. Net dans ses riches vêtements, fort et souple sur sa selle. Et libre comme personne sur terre n'avait pu et ne pouvait l'être. Il serrait entre ses cuisses l'étalon qui, en beauté, en vigueur, n'avait point son pareil. Et comme lui, fils des steppes, dévoré par l'instinct de fondre sur ce frémissant espace. Par sa peau, ses os, ses nerfs, tout son sang, Ouroz, dans son désir, était avec Jehol une seule créature.   
  

 

 

 

LittFrancophone
Ma première participation au challenge Lecture francophone d'ailleurs de Denis du blog "Au bonheur de lire" 
lecture rentrant dans la dernière catégorie 4/ Ecrivains qui ont choisi de s'exprimer en français (et qui ne viennent pas de ces pays)
Joseph Kessel est né en Argentine en 1898, a vécu avec ses parents dans l’Oural, berceau de sa mère de 1905 à 1908, avant de venir s’installer en France.(source Wikipedia)
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et ma troisième lecture dans le cadre du challenge Totem de  Liligalipette pour Jehol, le cheval, un personnage à part entière 
challenge-totem 
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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 00:30

plumedesmotsunehistoire3

Les liens vers les autres participants sont chez  Olivia 

 

Je ne suis pas arrivée à écrire une ligne cette semaine. J’étais sous le choc de cette lecture (le choc, vous avez bien lu, ce n’est même pas un des mots imposés chez Olivia cette semaine)

J’ai dévoré ce livre dans le week end et j’en suis restée un peu abasourdie, tellement je l’ai trouvé riche et bien construit. Allez écrire un texte après cela ;-)

Abasourdie par l’histoire, celle d’Hélène, la narratrice qui raconte son histoire et celle de son frère. Les chapitres alternent entre la vie d’Hélène aujourd hui (auprès de son mari Adem et de leur fils de 6 ans, Melih) et l’histoire de l’enfance d’Hélène et de son frère.

J’ai beaucoup aimé la façon d’Hélène de parler à son frère : les chapitres où elle raconte la période de leur enfance jusqu’au drame lui sont adressés et l’utilisation du « tu » fait réagir le lecteur plus que si elle avait employé le « il »  pour désigner son frère.  

Un jour chez le boucher, Hélène entend parler d’un vagabond qui vit dans le parc et tout de suite elle pense à son frère qu’elle n’a plus vu depuis des années depuis leur séparation lorsque son frère a été placé en foyer (psychiatrique ?). Et peu à peu Hélène perd pied, sa mémoire déjà fragile lui joue des tours, elle rencontre le vagabond, (qui ne la reconnaît pas), le poursuit, lui parle le persuade  de se laver, lui apporte à manger

Ces deux êtres se rapprochent, Hélène cherchant par la conquête de l’affection de ce vagabond à évacuer la culpabilité qui la ronge : Elle a abandonné son frère et son père est mort.

En parallèle, le mari observe, il  reste au début attentif et bienveillant, puis il se rend compte que cela menace l’équilibre de la famille et que son petit garçon en supporte  les frais.

Le petit garçon, Melih,  est touchant, rieur, adorable et très mûr pour son âge : il partage LE secret avec son père.

Régulièrement, on se demande la part de réalité dans les paroles d’Hélène, réalité ou cauchemar. Plusieurs fois, par petites touches, elle évoque ce fameux jour du ciel des chevaux où le monde s’est écroulé pour elle, son frère et ses parents.

Le frère est émouvant également dans sa volonté de vivre dehors en vagabond plutôt que dans un foyer spécialisé, où il pourrait être l’objet de soins attentifs et vivre mieux que dans une cabane de chantier au fonds du parc. On se pose des questions sur sa « maladie ». Le « problème » des facultés du frère est évoqué en ces termes : 

 

Les médecins ont diagnostiqué une maladie complexe, un trouble plutôt- c’était un mot étrange, »trouble », comme une eau opaque, l’œil indéchiffrable d’une flaque sur un chemin boueux – dans lequel certains enfants finissent par sombrer jusqu’à n’avoir plus aucun contact avec le monde extérieur. Le monde dans lequel ils vivent est autre, disaient ils, ils y grimpent comme dans un petit grenier , une minuscule cabane en haut d’un arbre, et ils tirent la porte derrière eux pour un moment, pour quelques heures et parfois pour toujours. Maman a pleuré mais en te retrouvant dans l’antichambre où l’on t’avait envoyé attendre elle n’a pu y croire, son petit garçon au visage si tendre qui avait appris à compter, à lire, à écrire presque en même temps que sa grande sœur.

 

Un autre extrait sur l’enfance des deux enfants, Hélène et son frère Noël.

Et puis il y avait notre père. Il élevait des chevaux, disait-il. Quand il rentrait le soir, il dégageait une forte odeur de fumier qui nous faisait éternuer, et ses ongles, les lignes de ses paumes étaient incrustées de la crasse noire qu’y laissait le poil des bêtes. A tour de rôle, nous avions le droit de lui récurer les mains avec une brosse de poils durs. Bien sûr cela nous émerveillait, nous tournions autour de lui en flairant cette odeur animale inconnue et il y a avait mieux encore ; parfois il travaillait le dimanche, il arrivait à travers champs en tirant derrière lui un cheval attaché à une corde. De notre chambre nous les entendions s’ébrouer ou hennir dans le pré derrière  le portillon du jardin, et nous nous précipitions dehors en criant. Souvent c’étaient de vieux chevaux au chanfrein gris, parfois ils boitaient ou paraissaient malades, mais nous les trouvions magnifiques ; après cela nous chevauchions pendant des jours des bâtons au bout duquel nous avions attacher les fines soies que l’on trouve à l’extrémité des épis de maïs, nous refusions même de mettre pied à terre dans la maison.

 

La fin est très réussie et étonnante : je n’avais rien vu venir et j’en suis restée abasourdie (je l’ai déjà dit non ?), enchantée aussi  et les mains glacées (normal je lis dans le bus) . Le dernier chapitre (assez dur)  relie tous les petits indices parsemés tout au long du livre et enfin on comprend tout…..

 

Un coup de cœur ce livre …..

 

Les mots collectés par Olivia

 

Cauchemar – ou – conquête – problème – frais – objet – mais - jour – relier -  glacé –rester – mieux – période – faculté - deux

CIEL-CHEVAUX.jpg

 


 Une troisième participation au challenge "animaux du monde" de Sharon 

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 Une deuxième participation au challenge Totem de Liligalipette 

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3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 00:00

CHEVAL-DE-GUERRE.jpg

      Joey arrive tout poulain à la ferme où vit un adolescent Albert. Ensemble, ils grandissent en Angleterre. 

Le père d’Albert, alcoolique, maltraite souvent le poulain mais une belle amitié unit Joey et Albert. Jusqu’au jour, où le père est obligé de ventre Joey, pour faire survivre sa ferme en difficulté. Joey part donc avec l’armée à la guerre qui commence en Europe. L’action se passe en 1914.

Le narrateur est Joey, ce cheval intrépide et sage.
L’entraînement de l’armée est  difficile pour un cheval de ferme habitué à la charrue. Heureusement il fait de belles rencontres en la personne du capitaine Stewart et d’un autre cheval dénommé Topthorn. Viendra ensuite la dure traversée en bateau pour arriver sur le champ de bataille et le premier affrontement avec l’ennemi. 
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Je continuai ma course et me retrouvai seul, loin du bruit de la bataille. Et je ne me serais jamais arrêté du tout, si je n'avais retrouvé Topthorn à mes côtés et le capitaine Stewart qui se penchait pour ramasser mes rênes et me ramener ensuite sur le champ de bataille. Nous avions gagné, avais je entendu dire ; mais partout des chevaux gisaient morts ou agonisants. Au cours de l'engagement, plus du quart de l'escadron avait été perdu. Tout cela avait été si rapide, si meurtrier ! p 64 
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Joey explique simplement les terrifiantes réalités de la guerre, les blessés, le bruit affolant des canons. Plus tard, il est enrôlé comme cheval d’ambulance :  
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- Mon capitaine, repris patiemment le major - à l'évidence, il n'était pas du tout impressionné - est ce que vous imaginez sérieusement qu'après la folie de cette matinée l'un des camps ou l'autre, emploiera à nouveau la cavalerie , dans cette guerre? Ne pouvez vous pas comprendre que nous avons besoin de transports, mon capitaine? Et c’est maintenant que nous en avons besoin. Il y a des braves, des allemands, des anglais - qui gisent là bas dans les tranchées sur des civières et , en ce moment, il n'y a pas assez de transports pour les ramener ici à l'hôpital. Alors, vous voulez qu'ils meurent tous mon capitaine? Répondez moi. Vous voulez qu'ils meurent ? Si on pouvait atteler ces chevaux à une charrette? Ils pourraient ramener des hommes par douzaine. (p 86)
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"Cheval de Guerre" est une histoire intéressante qui met en scène des militaires mais aussi des civils qui souffrent durement de la guerre. D’abord du côté anglais, Joey, à la "faveur" d’une bataille, se retrouvera du côté allemand. Le message de Joey est bien que d’un côté ou l’autre des tranchées, les hommes sont les mêmes ; pas de bons anglais ou de méchants allemands mais des hommes qui se sont retrouvés là, non pas parce qu’ils le désiraient mais broyés par l’Histoire qui dépasse les simples individus.
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Friedrich le fou prend soin d'eux : 
Un jour il nous déclara :  
- Moi, je vous le dis, mes amis ; je vous dis que je suis le seul homme sain d'esprit de ce régiment. C'est les autres qui sont fous mais ils ne le savent pas. Ils font la guerre et il ne savent pas pourquoi. C'est pas de la folie ça ? Comment un homme peut il en tuer un autre, sans vraiment savoir pour quelle raison, si ce n'est qu'il porte un uniforme d'une autre couleur et parle une langue différente ? Et c'est moi qu'on trouve fou !  Vous deux, vous êtes les seules créatures raisonnables que j'ai rencontrés dans cette guerre absurde ; comme moi la seule raison pour laquelle vous êtes ici, c'est qu'on vous y a amené. (p122)
J'ai lu ce livre dans une collection junior (à partir de 9 ans) mais suffisamment intéressant et bien écrit pour intéresser des plus âgés.
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Ma première participation au challenge Totem de Lili Galipette 

challenge-totem.jpg

 

      et ma troisième participation au challenge les animaux du monde de Sharon

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 21:28

LiliGalipette organise un challenge totem ;-)

 

Le principe est de choisir un animal et de lire, de lire, de lire des romans, des BD, des mangas..... où celui ci apparaît dans le titre ou dans l'histoire (et de parler aussi de ces lectures)

A la surprise générale, j'ai choisis le cheval, la jument, le poulain, le poney..... D'ailleurs à bien y réfléchir, je ne m'interdis pas non plus les ânes, mulets, et autres onagres.... ni même les hippocampes, voire les hippopotames .....

Bon avec tout cela je ne devrai pas tomber en hippoglycémie ;-)

A bientôt ;-)

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