Il faut dire que la ville de P. a beaucoup grandi en un siècle : de nouvelles rues apparaissent (presque) tous les jours. Et à chaque fois, il faut trouver un nom, faire un discours, faire venir des célébrités et des traiteurs intraitables et patati et patata.
Au début cela allait, je piochais dans mon Lagarde et Michard, puis dans le bottin, puis dans la blogosphère sur des textes d’un certain Végas (très célèbre, vous le connaissez ?).
Ensuite cela s’est corsé. Suite à la réforme XX543, celle qui dit que chaque nom de rue doit être parrainée par une entreprise qui en assure l’entretien, les choses sont devenues compliquées. Je fais les démarches pour chercher les gentils donateurs (les GD), je dois les convaincre de participer financièrement à la réfection des chaussées, l’élargissement des trottoirs et tutti quanti.
J’ai eu mon petit succès au début. J’ai réussi à convaincre une grande société d’autoroute (que je ne nommerais pas, discrétion oblige) de parrainer une rue dans le 16ème. Et oui la rue Leonard de Vinci Autoroute, c’est moi : j’ai encore en tête le jour de l’inauguration avec Mona Lisa, que j’avais fait venir pour l’occasion. 
Mais ceci est un autre sujet, ce qui m’ennuie c’est le nom de la nouvelle rue que vient de pondre mon supérieur hiérarchique : mais où va t-il chercher ces noms ? 
Sans me plaindre, je trouve qu’il perd parfois un peu la mesure : La semaine dernière, il a rebaptisé la rue Christian Clavier en Christian Clavier Bontempi, et la semaine d’avant la rue Truman Capote est devenue sous son imagination délirante la rue Truman Capote Durex, (là j’ai réussi un super show avec Truman, mais je vous en parlerai une autre fois)
Bon, je vous laisse, il faut que je trouve une idée pour l’inauguration de la rue Marcel Aymé Jacquet ! J’ai du pain (de mie) sur la planche.