Les liens vers les autres participants sont chez Olivia
Je ne suis pas arrivée à écrire une ligne cette semaine. J’étais sous le choc de cette lecture (le choc, vous avez bien lu, ce n’est même pas un des mots imposés chez Olivia cette semaine)
J’ai dévoré ce livre dans le week end et j’en suis restée un peu abasourdie, tellement je l’ai trouvé riche et bien construit. Allez écrire un texte après cela ;-)
Abasourdie par l’histoire, celle d’Hélène, la narratrice qui raconte son histoire et celle de son frère. Les chapitres alternent entre la vie d’Hélène aujourd hui (auprès de son mari Adem et de leur fils de 6 ans, Melih) et l’histoire de l’enfance d’Hélène et de son frère.
J’ai beaucoup aimé la façon d’Hélène de parler à son frère : les chapitres où elle raconte la période de leur enfance jusqu’au drame lui sont adressés et l’utilisation du « tu » fait réagir le lecteur plus que si elle avait employé le « il » pour désigner son frère.
Un jour chez le boucher, Hélène entend parler d’un vagabond qui vit dans le parc et tout de suite elle pense à son frère qu’elle n’a plus vu depuis des années depuis leur séparation lorsque son frère a été placé en foyer (psychiatrique ?). Et peu à peu Hélène perd pied, sa mémoire déjà fragile lui joue des tours, elle rencontre le vagabond, (qui ne la reconnaît pas), le poursuit, lui parle le persuade de se laver, lui apporte à manger
Ces deux êtres se rapprochent, Hélène cherchant par la conquête de l’affection de ce vagabond à évacuer la culpabilité qui la ronge : Elle a abandonné son frère et son père est mort.
En parallèle, le mari observe, il reste au début attentif et bienveillant, puis il se rend compte que cela menace l’équilibre de la famille et que son petit garçon en supporte les frais.
Le petit garçon, Melih, est touchant, rieur, adorable et très mûr pour son âge : il partage LE secret avec son père.
Régulièrement, on se demande la part de réalité dans les paroles d’Hélène, réalité ou cauchemar. Plusieurs fois, par petites touches, elle évoque ce fameux jour du ciel des chevaux où le monde s’est écroulé pour elle, son frère et ses parents.
Le frère est émouvant également dans sa volonté de vivre dehors en vagabond plutôt que dans un foyer spécialisé, où il pourrait être l’objet de soins attentifs et vivre mieux que dans une cabane de chantier au fonds du parc. On se pose des questions sur sa « maladie ». Le « problème » des facultés du frère est évoqué en ces termes :
Les médecins ont diagnostiqué une maladie complexe, un trouble plutôt- c’était un mot étrange, »trouble », comme une eau opaque, l’œil indéchiffrable d’une flaque sur un chemin boueux – dans lequel certains enfants finissent par sombrer jusqu’à n’avoir plus aucun contact avec le monde extérieur. Le monde dans lequel ils vivent est autre, disaient ils, ils y grimpent comme dans un petit grenier , une minuscule cabane en haut d’un arbre, et ils tirent la porte derrière eux pour un moment, pour quelques heures et parfois pour toujours. Maman a pleuré mais en te retrouvant dans l’antichambre où l’on t’avait envoyé attendre elle n’a pu y croire, son petit garçon au visage si tendre qui avait appris à compter, à lire, à écrire presque en même temps que sa grande sœur.
Un autre extrait sur l’enfance des deux enfants, Hélène et son frère Noël.
Et puis il y avait notre père. Il élevait des chevaux, disait-il. Quand il rentrait le soir, il dégageait une forte odeur de fumier qui nous faisait éternuer, et ses ongles, les lignes de ses paumes étaient incrustées de la crasse noire qu’y laissait le poil des bêtes. A tour de rôle, nous avions le droit de lui récurer les mains avec une brosse de poils durs. Bien sûr cela nous émerveillait, nous tournions autour de lui en flairant cette odeur animale inconnue et il y a avait mieux encore ; parfois il travaillait le dimanche, il arrivait à travers champs en tirant derrière lui un cheval attaché à une corde. De notre chambre nous les entendions s’ébrouer ou hennir dans le pré derrière le portillon du jardin, et nous nous précipitions dehors en criant. Souvent c’étaient de vieux chevaux au chanfrein gris, parfois ils boitaient ou paraissaient malades, mais nous les trouvions magnifiques ; après cela nous chevauchions pendant des jours des bâtons au bout duquel nous avions attacher les fines soies que l’on trouve à l’extrémité des épis de maïs, nous refusions même de mettre pied à terre dans la maison.
La fin est très réussie et étonnante : je n’avais rien vu venir et j’en suis restée abasourdie (je l’ai déjà dit non ?), enchantée aussi et les mains glacées (normal je lis dans le bus) . Le dernier chapitre (assez dur) relie tous les petits indices parsemés tout au long du livre et enfin on comprend tout…..
Un coup de cœur ce livre …..
Les mots collectés par Olivia
Cauchemar – ou – conquête – problème – frais – objet – mais - jour – relier - glacé –rester – mieux – période – faculté - deux
Une troisième participation au challenge "animaux du monde" de Sharon
Une deuxième participation au challenge Totem de Liligalipette
