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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 05:11

FORMULE.jpgAu japon dans les années 1990 - La narratrice (qui n' a pas de nom ou de prénom) a une trentaine d'années.  Elle élève seule un fils de 10 ans.  Elle travaille dans un société d'aide à domicile, qui l'envoie chez un ancien  professeur de mathématiques. Ce vieux monsieur a eu un accident de voiture il y a une quinzaine d'années et   il souffre d'une séquelle très handicapante : Il n'a une mémoire immédiate que de 80 minutes.Il a une excellente mémoire du passé mais ne se rappelle de rien une fois passées ces fatidiques 80 minutes. Il faut sans cesse se représenter, lui rappeler les choses, la moindre sortie ressemble à une expédition.
 
J'ai beaucoup aimé ce livre. Sur un rythme assez lent, nous suivons les relations entre la narratrice, son fils et le professeur.  Le vieil homme a une passion pour le base-ball (en particulier pour un joueur au nom d'Enatsu, célébrité en 1975) et une passion pour les mathématiques. Il était chercheur en mathématiques de haut niveau avant son accident et continue à participer à des concours pour des revues de mathématiques. Chaque fois qu'il se sent perdu (et cela lui arrive toutes les 80 minutes), il rebondit sur des formules mathématiques et parle de la magie des chiffres. 

 .
Ce que j'ai aimé est la bienveillance et l'attention aux autres qui ressort de ce trio. Le professeur, même avec sa mémoire (à court terme) défaillante, apporte beaucoup à cette mère et à son fils. Eternel professeur dans les nuages, couverts de post-it pour se rappeler les évènements les plus importants. Un dessin de sa femme de ménage et de son fils sur un post-it pour ne pas redemander leur nom à chaque fois.  A la mère, il apporte confiance et écoute, lui soumet des problèmes de mathématiques. Il lui explique les nombres premiers, l'encourage dans ses efforts à résoudre des problèmes, sans se moquer d'elle, alors qu'elle a peu de formation mathématique.  Celle-ci a fait peu d'études, car elle a été obligée de travailler très tôt pour élever son fils. Le jeune garçon, que le professeur a surnommé Root (racine carrée) pour la forme étrange de son crâne,  s'intéresse beaucoup au professeur pour sa passion du base-ball et sa collection de cartes de joueurs.... d'il y a vingt ans. On suit volontiers les discussions et les personnages, même s'il y a peu d'action. 
Une plainte de la belle soeur du professeur viendra rompre ce bel équilibre, la narratrice sera congédiée. La perte alors ressentie leur permettra de prendre conscience de ce qu'ils avaient réussi à tisser comme lien.  Après une séparation de quelques semaines, ils se retrouvent et continuent leurs échanges.


 

Un livre que j'ai bien aimé sur la relation harmonieuse entre trois générations, et sur l'importance de ce que peuvent apporter les personnes agées ou handicapées aux plus jeunes (et inversement). 

 

J'ai également bien aimé les explications sur des coutumes japonaises
"La golden Week  ou semaine dorée, première semaine de mai qui cumule les jours de congés, l'une des trois périodes de vacances de l'année du salarié japonais, avec à la mi août pour la fête des morts et la première semaine de l'année pour le Nouvel An."
"Juin est la saison des pluies au Japon. Au Japon été comme hiver, il fait généralement complètement noir aux alentours de six heures du soir."  

 

Deux extraits :
 
Page 78 
Root parle avec sa mère :
- Tu sais ce que je pense? ... fit-il soudain. Quand on va de 1 à 10, il n'y a que 10 qui est un peu à l'écart. 
- Pourquoi ? 
- Parce qu'il est le seul à avoir deux chiffres.
Il avait raison. J'avais fait plusieurs tentatives pour essayer d'analyser les nombres, mais je n'avais pas encore eu recours à la méthode qui consiste à en repérer un qui soit de nature différente des autres. 
En regardant à nouveau les chiffres, je remarquai aussitôt  que le 10 n'était pas comme les autres, au point de me demander avec découragement comment je ne l'avais pas remarqué plus tôt. 10 était le seul qu'on ne pouvait pas écrire sans lever la main. 
- Ce serait bien s'il n'y avait pas le 10, on pourrait les partager exactement au milieu.  
- Comment ça au milieu? 
- Puisque tu n'es pas venue au dernier cours en présence des parents, tu ne peux pas savoir. C'était pourtant celui de gymnastique, où je suis fort. Pendant le cours, quand le professeur nous donne l'ordre de nous mettre en rangs et de nous rassembler au centre, celui qui est au milieu de la file lève le bras et on s'aligne en le prenant comme point de repère. En rangs par 9 c'est facile parce que le cinquième à partir de devant est au milieu, mais par 10 ça pose un problème. Pour un de plus, on ne peut plus trouver le centre.
Je plaçai le 10 à l'écart, alignai les chiffres de 1 à 9, entourai le 5.
Le 5 était sans doute au centre. Il y avait 4 chiffres avant et quatre chiffres après. Il se tenait bien droit, le bras fièrement dressé, comme pour revendiquer sa légitimité en tant que point de repère. 
A ce moment là, je fis pour la première fois de ma vie l'expérience d'un instant miraculeux. Dans un désert cruellement piétiné, une rafale de vent venait de faire apparaître devant mes yeux un chemin qui allait tout droit. Au bout du chemin brillait une lumière qui me guidait. Une lumière qui me donnait envie de suivre le chemin pour m'y plonger toute entière. Je compris alors que je recevais une bénédiction qui avait pour nom étincelle.
.
p81 Ce que la mère ressent pour son fils qui ment au professeur au sujet du joueur de base- ball, Enatsu, car en 1990 ce joueur a pris sa retraite alors que le professeur se croit en 1975 et pense qu'il joue toujours.
C'était surprenant de le voir se comporter en adulte à ce point. Au moins pour Enatsu, nous nous étions fait la promesse de mentir tout du long. C'est embarrassant de mentir, quelle que soit la nature du mensonge. Et c'était encore pire de mentir au professeur. Même si notre mensonge était motivé par le fait que nous tenions compte de sa maladie, c'était difficile de ne pas savoir avec certitude si c'était vraiment pour son bien.  
 
 

 

 

 

 

  
Ma troisième participation au challenge d'Adalana logo-c3a9crivains-japonais_1.jpg

 

et une participation au challenge à tous prix de Laure puisque ce livre a eu le prix Yomuiri

logo-challenge-c3a0-tous-prix (1)

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commentaires

C
La plus belle formule mathématique de tous les temps(fermaton.over-blog.com)
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V
<br /> <br /> Je ne suis pas matheuse du tout mais ce livre est très intéressant et rend les maths (presque) attirants ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
L
C'est La piscine-les abeilles-la grossesse, trois courts romans. Je suis en train de faire l'article, donc pour demain normalement ;)<br /> bises Val :)
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V
<br /> <br /> Bonjour Laure<br /> <br /> <br /> J'ai vu l'article. Je vais attendre un peu pour celui là ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
A
Il est très apprécié celui-ci mais je ne l'ai pas encore lu...<br /> Merci pour ta contribution ce mois-ci ! :)
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V
<br /> <br /> Avec plaisir Adalana, jai vu plein d'autres livres de cette auteure à la bibli .... je réitèrerai une lecture ....dans quelques temps ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
L
Je viens juste de commence le mien hier soir ;) Celui-ci a l'air pas mal effectivement.<br /> Je te remercie pour ta participation, bon dimanche Valentyne :D bises
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V
<br /> <br /> J'ai hâte de voir ce que tu vas lire de Yoko Ogawa : il m'a semblé voir sur Facebook que c'était un titre comme "la grossesse...." mais je me trompe peut être ...  <br /> <br /> <br /> Bonne soirée Laure ;-)<br /> <br /> <br /> <br />