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3 mars 2013 7 03 /03 /mars /2013 17:15

 

Depuis que je suis Dame-Pipi, je suis Zen. Avant, j'avais la folie des grandeurs : le CAC 40 et la bourse, les grands hôtels de part le monde. J'ai quand même écrit de grandes choses du temps où j'étais grand reporter : le reportage sur la lac Pipicaca en Bolivie, c'est moi, l'enquête de fonds sur les origines du Manneken-Pis à Bruxelles, c'est encore moi, la recette des pets-de-nonne dans le dernier Echo du Midi, c'est encore moi,    Fleurdelise Bérochu, de mon vrai nom  ; mon pseudo c'est Pipistrelle mais ne le répétez pas, je suis ici incognito, dans ces toilettes géantes de la gare de Saint Lazare. J'ai eu du pot, il faut un super piston pour avoir un poste ici. Heureusement, je connais quelqu'un qui connait quelqu'un qui avait besoin d'un rendez vous chez un urologue (et j'ai tout un paquet d'urologues dans mon carnet d'adresses) 
Je maîtrise mon sujet même si il est scatologiquement incorrect. J'étais heureuse jusqu'à mon dernier passage à la télé , la veille de mes 43 ans, depuis je doute. Je vous passe les blagues vaseuses du présentateur de cette émisson pseudo-littéraire , les questions débiles "et jusqu'à quel âge avez vous fait pipi au lit ? " et "Votre premier touche-pipi c'était quand?"  Le présentateur avait osé se moquer de moi, affirmer que je ne maîtrisais pas mon sujet, que ma diarrhée verbale était un genre que je me donnais , que je n'avais rien inventé, juste recyclé quelques concepts philsophiques éculés.... 
J'ai donc décidé de m'immerger dans mon sujet à la façon de Florence A. dans "les quais de Ouistreham". C'est comme cela que je me suis retrouvée ici : je collecte des données, des impressions, du vécu(l), pour mon prochain roman en immersion.  Je regarde passer les gens, des pressés, des constipés, des enfants charmants accompagnés de maman angoissées qui essaient de gruger dans la queue (avec les enfants, je compatis et je suis plutôt "coulante".)
Pour devenir nettoyeuse de chiottes, j'ai potassé d'abord "Stupeurs et tremblement" de cette chère Amélie N. Je me suis posée, je prends le temps d'être à l'écoute de mon corps : plus d'avion, plus de trains à prendre.   Maintenant , je suis au contact des vrais gens et de la vraie vie et quand y'en a un qui essaie de resquiller, je lui susurre, un éclair diabolique dans les yeux  : "pisse and love". Je crois que je tiens le titre de mon futur bouquin ! 
 

La consigne de Gwenaëlle

Elle s’appelle Fleurdelise Bérochu. 43 ans, célibataire, sans enfant. Un écureuil de compagnie. Un deux pièces près de la gare Saint-Lazare. Elle a fait des études, tenu des postes à responsabilité. Elle a connu l’amour mais ça n’a pas marché. Aujourd’hui, elle est Dame Pipi à Paris.DAME-PIPI.jpeg

 

 

Comment est-elle devenue Dame Pipi et pourquoi? Quel est son quotidien et comment le vit-elle? Fait-elle des projets d’avenir? A-t-elle décidé de révolutionner le monde des latrines? L’amour est-il au coin du lavabo?

Dans un texte de moins de mille mots, vous pouvez répondre à l’une ou l’autre de ces questions, voire à toutes…

Sérieux s’abstenir!

Les autres participants sont  ici 

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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 00:00

 

logo-plumes2-lylouanne-tumblr-comCette semaine, petite forme ;-) J'ai donc légèrement remanié un texte écrit pour un concours de nouvelles de la mairie de Gimont  dont voici le thème

Le mythe confronté à la réalité.

En tentant de s’échapper du labyrinthe, Dédale et son fils Icare tombent dans une faille spatio-temporelle et se retrouve dans une salle d’embarquement d’un grand aéroport."

 


 

Dédale ouvre les paupières avec difficulté. Il tâte le sol autour de lui, le sol est froid, dur, inhospitalier. Tout lui revient par bribes : Le labyrinthe, la colère du roi de Crète,  Minos, furieux que Dédale ait aidé Ariane à sauver Thésée. Il se rappelle également son désespoir à la perspective de mourir dans ce labyrinthe, puis son idée  de fabriquer des ailes pour s’échapper du labyrinthe avec son fils Icare ; et l’accident ! Il revoit l’accident. Dédale regarde Icare voler dans le ciel, toujours plus haut. Soudain son fils, la chair de sa chair,  plonge, plonge à toute allure. Il s’est trop approché du soleil et ses ailes se sont décollées. Icare essaie de se rattraper, ses bras moulinent mais, ce ne sont point des ailes et ses efforts pathétiques ne font qu’accélérer sa chute infinie.

Alors Dédale, vire sur le côté, et il rattrape in extrémis Icare par sa toge. Il crie « Tiens toi à moi, je peux voler pour deux, mon fils. Je te prend sous mon aile »

Dédale a présumé de ses forces et il est épuisé. Ils vont plonger vers l’océan, une étendue d’eau sans la moindre île alentour ! Puis le trou noir !

Et le réveil, maintenant : glacial sur ces drôles de carreaux blancs !

Mais où est Icare ?  Dédale se lève précautionneusement. Miracle, il a mal partout mais tous ses membres bougent. Pour lui prouver qu’il n’est pas mort, une douleur aiguë à la cheville le fait grimacer, il boitille vers un mur où s’appuyer. Et là, il trouve Icare allongé sur le sol, indemne.

Dédale et Icare s’embrassent fous de joie et crient leur euphorie : « on a réussi, vive la liberté !! »

- Oui mais on est où ? S’interroge Dédale. Plus dans le labyrinthe en tout cas : Je le connais, c’est moi qui l’ai fait : j’ai utilisé de la pierre chaude, pas cette espèce de glaçon.

- Oui c’est étrange, confirme Icare en caressant les murs, je ne connais pas ce matériau.

- Allons voir où nous sommes. Cette pièce est déserte, propose son père.

 

Dédale boitillant et Icare se massant un poignet douloureux partent longeant le mur vers des portes battantes. Au passage, Dédale aperçoit une drôle de cuvette, blanche également, avec de l’eau au fond.

« Au moins nous ne mourrons pas de soif », soupire-t- il et il prend un peu d’eau de la cuvette pour se laver le visage.

- « Prudence » murmure Dédale. « Nous ne savons pas ce que nous allons découvrir de l’autre côté : un monstre comme le Minotaure ? Les ennemis de Minos ? Minos lui-même ? 

Dédale ouvre doucement la porte, passe la tête et referme la porte aussi vide, le visage livide

Retenant sa respiration, Icare questionne : « Père ?  Qu’as-tu vu de si horrible ? Tu es tout pâle ! »

- J’ai vu un homme bizarre, totalement contre-nature,  enfin un homme-coq, je ne vois pas d’autre explication : nous avons dû arriver chez des dieux-oiseaux

Curieux, Icare passe à son tour la tête discrètement par la porte. Et la retire tout à fait aussi rapidement.

- Oui tu as raison, père ! Evidemment nous sommes arrivés chez les hommes-coq! J’ai vu leur chef.

Les deux hommes passent la tête et Icare montre un énergumène du doigt.

- Lui là bas, regarde ! Celui qui est au milieu des autres, il caquette une langue inconnue.  

Effectivement, l’objet de leur attention parade. L’homme, car c’est bien un bipède, pantalon bleu sale, chemise flottant au vent, n’a pas de cheveux mais une crête, majestueuse, rouge sang.

De chaque côté de sa crête, sa peau est lisse, chauve. Une espèce de boucle en forme d’étoile lui sort de l’oreille. Un tatouage sur l’épaule représente un aigle.

Autour de lui, deux individus, un mâle et une femelle l’écoutent attentivement, hochant leur crête émeraude  pour le deuxième homme, rousse pour la femme. Icare et Dédale arrivent à entendre quelques bribes de la conversation.

- Tu comprends ce qu’ils disent ? demande Icare.

- Pas tout, mais chut je me concentre ! Lui répond sèchement Dédale.

La poule rousse s’exclame : « on va pas rester bloqués ici quand même! »

- On peut rien y faire, lui répond le coq, acerbe : l’aéroport est bouclé pour raison de sécurité!

- Alors ? demande Icare.

- Attend, restons cachés, on est dans un aéroport !

- C’est quoi un aéroport ?

- Je ne sais pas ! Attends, si, j’ai une idée. Etymologiquement, « Port » c’est pour les bateaux. Aéro me fait penser à aérien. Au vu des ces drôles de volatiles, et du fait que nous soyons arrivés ici par les airs, je dirais que nous sommes dans un port pour les dieux volatiles : je ne vois pas d’autre explication !

Son père le tire en arrière rapidement.

- En voilà deux qui se dirigent vers nous. Cachons nous, afin de savoir si ces dieux sont nos ennemis ou nos amis !

- Bonne idée,  père, regarde cette porte : une petite cellule où on ne nous verra pas !

Et les deux hommes s’engouffrent prestement dans une cabine où trône un siège blanc avec de l’eau au fond.

- Oh regarde !  Une autre cuvette comme celle où tu t’es lavé tout à l'heure !

- Chut, Icare, le tance son père. Ce n’est pas le moment de parler, ni le moment d’avoir une crise de claustrophobie, c’est tout petit ici .

Par un trou de la porte, Dédale et Icare ne perdent pas une miette de ce qui se passe dans l’autre pièce.  Dans le miroir, ils voient la tête de l’homme-coq et de son acolyte.

Crète Rouge rentre dans la cabine à côté de la leur et on entend un long jet puissant frapper  la cuvette.

Dédale comprend et devient pâle. Icare sourit en se rappelant que son père s’est lavé la figure juste avant dans la cuvette où se soulage le coq.

Mais déjà l’homme-coq ressort  en baragouinant à toute allure.

Dédale et Icare ont beau tendre l’oreille, ils n’entendent pas tout mais quelques mots.

Après s’être aspergé d’eau, les deux volatiles sortent en chantonnant : « I’m a punk, a VIP, a very Important Punk, steppe by steppe I’m a very Important Punk  »

- Tu as  compris ? demande Dédale.

- Non, j’ai juste compris deux ou trois mois parmi lesquels Ariane et courroux.

- Ouh la là ! C’est pas bon pour nous cela, Courroux cela doit être l’état d’esprit de Minos, vis-à-vis de nous car nous avons aidé Ariane à sauver Thésée. J’ai aussi compris qu’ils devaient patienter jusqu’au départ d’Ariane, c’est à cause de ce départ que l’aéroport est bouclé.

- En tout cas cela me donne une idée, jubile Dédale. Nous allons aller trouver  Ariane

et lui demander de nous sortir de ce mauvais pas.

Sur ces mots, les deux hommes se décident à sortir de leur refuge pour rejoindre Ariane.

Ils sortent précautionneusement dans le couloir et s’arrêtent subjugués : La salle est immense et fourmille de gens qui s’affairent dans tous les sens. Des personnes avec des bagages, habillés avec de drôles de pantalons qui s’arrêtent à mi cuisses, des femmes portant des enfants dans le dos.  Chaque personne de cette faune bariolée et colorée semble parfaitement savoir où elle va.

-       Mais où sommes nous arrivés » se lamente –t-il ?

Par la baie vitrée, ils aperçoivent un drôle d’engin blanc qui semble comme flotter dans les airs. L’objet géant, qui ressemble vaguement à un oiseau,  se rapproche lentement de la piste. Quelques secondes avant de toucher le  sol, deux petites roues sortent de sous son ventre rebondi, touche terre dans un boucan effroyable, freine très fort et s’immobilise.

- Alors là c’est sûr que ce n’est pas un oiseau ce truc ! s’exclame Icare abasourdi. Tu as vu cet engin dans les airs, et qui ensuite s’est mis à rouler.

- Oui j’ai vu, on doit effectivement être chez des Dieux-oiseaux, approuve Dédale. Viens revenons à notre cachette, ne nous faisons pas découvrir trop tôt et préparons un plan pour rejoindre Ariane.

Le père et le fils battent donc en retraite et retournent dans leur cellule.

Soudain, la porte s’ouvre à nouveau et une dizaine d’hommes, tout habillés de  kaki, entrent bruyamment.  A tour de rôle, ils vont se  vider la vessie en s’apostrophant.

- Que l’atmosphère est lourde, il fait une chaleur atroce dans ce pays, ,  j’en peux plus de tout mon barda. Tiens, je le pose ici cinq minutes, tu le surveilles, Fred.

- T’as vu, Icare, chuchote Dédale : Certains homme sont blancs et d’autre noirs.

- et ce ne sont pas des oiseaux, ceux la assurément !  Renchérit Icare

Le chef fait accélérer la cadence à ces troupes. « Allez, une, deux, on n’est pas ici en vacances. On nous attend dans la salle Jupiter, pour participer au départ d’Ariane »

- Catastrophe, s’exclame Icare, la voix assourdie : on est chez les romains !

- Les romains ? Interroge Dédale.

- Oui, les romains, Jupiter est leur Dieu, c’est comme chez nous avec Zeus ! Je l’ai appris en classe d’histoire cette année. Il est terrible ce Jupiter, cruel et sans pitié, nous sommes perdus !

Dédale et Icare se regardent silencieux et désespérés.

- Ils sont fous ces romains ! Et pourquoi doivent ils garder Ariane. Est elle prisonnière elle aussi ? Se lamente Icare.

- En voiture les  gars, on ne traîne pas : on est attendu pour le départ d’Ariane. On fait partie du cordon de sécurité, crie le chef des Kakis.

Dédale réagit aussitôt : « Vite, fiston, dépêchons nous : ces hommes ont l’air au courant pour le départ d’Ariane. Minos va sûrement l’exiler. Partons avec elle, c’est vital pour nous ; mieux vaut affronter l’exil que la colère de Minos, ou de Jupiter, ou des deux réunis.

Discrètement, Dédale s’empare du sac de l’homme kaki, l’ouvre, en sort deux pantalons et deux chemises et replace le sac à sa place d’origine.

- Suivons les, Ils sont dix : deux de plus ou de moins, ils ne verront pas la différence. Au moins ils savent où ils vont. Vers Ariane, il sera toujours temps de s’éclypser ensuite !

Imitant le pas saccadé des hommes, ils se faufilent en derrière position. La petite troupe fait quelques pas sous une écrasante chaleur et monte dans un drôle de véhicule qui se met en route aussitôt, dans un bruit terrible. Les deux crétois, après avoir entendu l’objet volant de tout à l’heure se poser par terre ne s’étonnent plus de rien.

Assis à l’arrière sur des bancs peu confortables, sursautant à chaque cahot, Dédale et Icare, sont tendus, assis l’un en face de l’autre, muets pour ne pas se trahir.

Après un long moment de voyage, l’étrange véhicule kaki s’arrête devant un grand bâtiment. Tous les hommes  en descendent, Dédale et Icare, bons derniers.

- Vous êtes prêts, crie l’homme qui commandait tout à l’heure.

- Oui, chef, répondent les dix soldats comme un seul homme.

Les autres hommes claquent des talons et Dédale et Icare les imitent avec un temps de retard.

- Il me faut deux volontaires pour faire la garde rapprochée d’Ariane.

Dédale aussitôt s’avance, en donnant un coup de coude à Icare afin qu’il en fasse autant.

- Parfait, soldats. Je vous emmène !

Les trois hommes se dirigent alors vers un drôle d’engin, tout en acier, rutilant, haut comme une maison de quatre 2tages.

- Installez vous ici. Vous garderez cette entrée d’Ariane jusqu’à ce que je vous fasse signe. A mon signe, vous partez et vous avez cinq minutes pour vous mettre à l’abri dans la salle de contrôle, qui est ici juste derrière vous. Compris ?

- Compris chef, crient Dédale et Icare.

Dédale et Icare restent bien droit devant l’échelle, sans bouger. Ils ne quittent pas l’homme des yeux pour ne pas rater le signe convenu. Un quart d’heure plus tard, le chef fait le signe. Dédale  et Icare, sans réfléchir plus, grimpent rapidement à l’échelle. D’après ce qu’ils ont compris, le chef leur a dit qu’Ariane était à l’intérieur de ce mastodonte, il n’y a pas une minute à perdre. Elle seule peut les sauver !

Le chef s’agite alors : « non, non pas là, dans la salle de contrôle, arrêtez les moteurs, stoppez le lancement ! »

Pendant ce temps, Icare et son père pénètrent dans l’engin d’acier.  « Ou Minos vas t-il bien pouvoir l’envoyer Ariane, se demandent il silencieusement, Chez le peuple des oiseaux ?

Ils entendent  alors : « Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre trois, deux un zéro : décollage »

Et sous le choc de la propulsion des moteurs d’Ariane, suivi par un tonitruant «  ANNULATION DU LANCEMENT DE LA FUSEE », le père et le fils  s’évanouissent.

 

Un peu plus tard, une jeune femme, micro en main devant les télévisions du monde entier, s’exprime, émue, devant des dizaines de caméras

«En direct de Kourou, on apprend aujourd hui que deux hommes ont été arrêtés, par la police militaire. Ils tentaient de passer clandestinement pour monter dans la fusée Ariane. Celle-ci devait décoller ce matin, à la découverte de la galaxie et du cosmos.

Secoués pour avoir été trop près des réacteurs de la fusée, les deux hommes n’ont pas parus en possession de tous leurs moyens, « Le courroux de  Minos, Ariane,  Thésée, le minotaure » répétaient-ils en boucle, ils ont été transférés ce jour à l’hôpital psychiatrique de Cayenne. Le lancement d’Ariane  a été annulé au dernier moment et un deuxième essai devrait avoir lieu d’ici un mois ! Kourou, 24 Novembre 1979 à vous les studios»

 

 

Les mots collectés par Asphodèle

  

Liberté, fusée, nature, étoile, respiration, steppe, vital, étendue, océan, voiture, majestueux, claustrophobie, galaxie, infini, atmosphère, cosmos, euphorie, évidemment, éclipser.

 

et si vous avez envie de lire une nouvelle sur ce thème 

cliquer ici  (une nouvelle écrite par 6 collégiens)

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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 10:14
cheval roiQuatrième de couv : 
Toute enfance n'est-elle pas blessure irrémédiable ? Dès sa naissance, Louis fut abandonné par sa mère. Confié à sa grand-mère, il vit quelques années de bonheur radieux, mais les bombardements de juin 1944 en Normandie l'arrachent à celle qu'il aime. À dix-huit ans, il décide de s'exiler en Afrique pour commencer une nouvelle vie, mais il est rappelé en France à la mort de son père. Il doit alors apprendre à en faire le deuil, à accepter sa bâtardise tout en reconstruisant une personnalité défaillante.
Roman de la mémoire, Cheval-Roi est aussi un roman sur l'amour des chevaux qui permettra au narrateur de se réconcilier avec le monde et avec lui-même. Autant de sursauts où la conscience malheureuse s'éprouve et se met à vif dans une écriture tendue entre risque et délivrance. Cet écrivain de l'aveu, qui sait que vivre est l'aventure essentielle, nous invite à ne pas ignorer qu'il y a toujours un autre univers, caché dans celui-ci.
.
Mes impressions : Ce livre m'a beaucoup plu tant pour l'histoire que pour les mots et les phrases de l'auteur. Louis, le petit garçon, grandit, quasiment seul . Ignoré, mal aimé, il parvient tant bien que mal à se reconstruire, un peu avec son amour des chevaux mais surtout par ses rencontres : Dédé le mendiant  est, pendant son enfance, son seul vrai contact humain ; les années au collège des Jésuites le laisse plus seul que jamais. Le voyage au Dahomey (ancien nom du Bénin, l'action se passe à ce moment là en 1958) lui apprend cependant qu'il peut être "aimable" à défaut d'avoir été aimé. Accepté par les villageois, il travaille, les aide à construire maison et latrines. 
En filigrane, les chevaux sont très présents qu'ils s'agissent des chevaux de sa petite enfance, de la place du cheval en Afrique (quelques pages très dures à ce moment là) et  lors de son retour avec la complicité avec Agathe, la belle châtelaine cavalière. 
Enfin,  Hannah lui apportera autour de ses 20 ans une révélation qui pourra le faire repartir sur de bases saines après son enfance sacrifiée, et oublier la haine qui le brûle.  Sans révéler la fin, celle ci est pleine d'espoir pour le jeune Louis. 
Des chapitres courts s'enchaînent, forts, percutants. Le premier chapitre (magnifique) entre directement dans  l'histoire de Louis, en racontant l'accouchement de Madeleine,  17 ans, et de son rejet immédiat de son fils.
Un petit extrait sur la place de la langue et des mots dans la vie de Louis
A l'enfant qu'il était, dès les premiers jours privé de mère et négligé par les siens, se replonger dans l'enfance ne paraissait pas seulement l'aspiration la plus vive de la nostalgie : cet enracinement était déjà le voeu d'un plus profond retour, à l'obscure félicité des origines. Sa grand mère qui lui avait tenu lieu de louve, c'était elle là qui, chansons, comptines , parler enfantin, noces merveilleuses des mots et des rythmes, avait dès le commencement infusé en lui l'amour de la langue, de cette langue confondue désormais avec sa respiration même et les battements de son coeur.(P79)
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Un petit passage sur l'Afrique où Louis tombe malade
A quelle faiblesse, à quel constat de défaite se raccrocher pour survivre à cette fièvre paludéenne ? Accepter la maladie comme l'absence , l'abandon, la solitude ? comme la chose la plus naturelle ? comme la porte étroite par laquelle il lui fallait passer pour être accepter des africains? La marginalité, comment avait-il pu penser la repousser dans un lointain ailleurs et comment aujourd'hui y rêverait il encore ? On ne guérit pas de son enfance . Elle est ici, elle est au monde, au bout du monde, elle n'a jamais cessé d'y être. Le reflet de Louis traînait , épuisé, presque souriant, espérant qu'au delà de la souffrance se lèverait un jour nouveau , purifié. 
L'Afrique n'est elle pas un serpent qui vous mord? L'amertume de son venin, mêlée à une insoutenable douceur, vous épuise et vous soulève, vous délite et vous délivre. Comment alors fuir et d'un même élan s'acharner et persévérer, comment se retourner encore dans ce monde qui descelle et démantèle ? 
Quel tumulte en lui ! Toutes les vieilles douleurs remuées, de nouveau qui remontaient. Mais Louis a - t-il entendu Akakpo, le chef , dire d'une voix anxieuse :"Ce blanc va mourir ici " , comme si tout était à jamais inscrit dans le vent, à même la respiration par un vautour gaucher et qu'Akakpo seul avait le pouvoir de lire.  p119 
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Un extrait sur son enfance chez sa grand mère
Seuls jours de son enfance si pleinement vécus que ceux qu'il passait avec les chevaux! Il se souviendrait toujours de l'odeur montante, lourde, épicée des cuirs qui faisandent dans l'humidité ou qui font sécher leur sueur au soleil.
Tout petit déjà, sa grand mère le confiait aux chevaux qu'elle élevait, lorsqu'elle étendait le linge ou travaillait au jardin. Grésil, son compagnon de jeu entre tous, se penchait : Bélou prenait la tête de Grésil entre ses mains pour lui déposer un baiser sur le front, à l'image de sa grand-mère au moment de le mettre au lit. Puis il murmurait de douces paroles à l'oreille de son compagnon. Les autres chevaux, nez en l'air, membres raidis, s'empressaient autour de lui, impatients. Sur son visage se lisait l'avant-goût du bonheur et de la paix :
- Oh! Attendez mes amis,je cours chercher le ballon.
Assis sur un tas de foin, de crottes, d'épis de maïs rongés jusqu'à la racine, il faisait voler le ballon et les regardait, l'oeil malicieux. Ses amis poursuivaient maladroitement la balle qu'ils frappaient des membres antérieurs.
Les petits voyous s'en donnent à coeur-joie! leur lançait-il, répétant sans doute une phrase entendue dans la bouche de Mamama.
Quand il pleuvait et qu'ils devaient rester à l'écurie, Bélou inventait d'autres jeux. Il se coiffait d'un vieux chapeau de paille puis s'asseyait devant le boxe de Grésil, l'encourageant à saisir le couvre-chef avec ses dents. Il le grondait affectueusement,le traitant de voleur, avant de recommencer. Si par hasard, celle qu'il appelait Mamama l'entendait, elle lui faisait signe de se taire pour ne pas effrayer les chevaux. 

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En conclusion : un livre et un auteur que je recommande fortement 
UN MOT DES TITRES
Ma participation au challenge de Calypso un mot des titres : Le mot était "roi"
 
 
LittFrancophone
Ma troisième  participation au challenge Lecture francophone d'ailleurs de Denis du blog "Au bonheur de lire" 
Gaston-Paul Effa est né au Cameroun en 1965 et enseigne la philosophie en Lorraine. Il est notamment l'auteur de Tout ce bleu (Grasset, 1996), M (Grasset, 1998), qui reçut le prix Erckmann-Chatrian 1998 et le Grand Prix littéraire de l'Afrique noire 1998, ainsi que de Le cri que tu pousses ne réveillera personne (Gallimard, 2000).
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challenge-totem 
et ma cinquième lecture dans le cadre du challenge Totem de  Liligalipette  
images
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et au challenge des animaux de Sharon 
 
tour monde 8 ANS
et au challenge tour du monde de Helran en 8 ans pour le Cameroun
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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 00:41

 

- Les initiales H.D. du nom de Henry Dark se rapportent à Humpty Dumpty.
- Qui ça ?
- Humpty Dumpty. Vous savez bien, l'oeuf.
- Comme dans Humpty Dumpty perché sur un mur ?
- Parfaitement.
- Je ne comprends pas.
- Humpty Dumpty : l'incarnation la plus pure de la condition humaine. Ecoutez avec attention, monsieur. Qu'est-ce qu'un oeuf ? C'est ce qui n'est pas encore né. Un paradoxe, n'est-ce pas ? Car, comment Humpty Dumpty peut-il être en vie s'il n'est pas encore né ? Et pourtant il est en vie - ne vous y trompez pas. Nous le savons parce qu'il est capable de parler. Qui plus est, c'est un philosophe du langage. "Lorsque j'utilise un mot, moi, déclara Humpty Dumpty d'un ton méprisant, il signifie exactement ce que je veux lui faire dire - ni plus ni moins. La question, dit Alice, c'est de savoir si vous pouvez obliger les mots à signifier tant de choses différentes. La question, répondit Humpty Dumpty, c'est de savoir qui sera le maître - c'est tout".
- Lewis Carroll.
- A travers le miroir. Chapitre six.
- Intéressant.
- C'est plus qu'intéressant, monsieur. C'est crucial. Ecoutez attentivement et vous apprendrez peut-être quelque chose. Dans le petit discours qu'il tient à Alice, Humpty Dumpty esquisse l'avenir des espérances humaines et nous indique la clé de notre salut : c'est de devenir les maîtres des mots que nous prononçons, de forcer le langage à répondre à nos besoins. Humpty Dumpty était un prophète, un homme qui proférait des vérités pour lesquelles le monde n'était pas prêt.
- Un homme ?
- Excusez-moi. Un lapsus. Je voulais dire un oeuf. Mais le lapsus est instructif et va dans mon sens. Car tous les hommes sont des oeufs, d'une certaine façon. Nous existons, mais nous n'avons pas encore réalisé la forme de notre destinée. Nous ne sommes qu'un potentiel, un exemple de non-encore-arrivé. Car l'homme est une créature qui a chuté - la Genèse nous l'a appris. Humpty Dumpty est aussi un être qui a chuté. Il tombe de son mur et nul le peut le reconstituer : ni le roi, ni ses chevaux, ni ses hommes. Mais c'est ce que nous devons tous nous efforcer de faire à présent. C'est notre devoir d'êtres humains : reconstituer l'oeuf. Car chacun de nous, monsieur, est un Humpty Dumpty. Et l'aider, c'est nous aider nous-mêmes.

 

Cité de verre  – Paul Auster

 

Sur une idée de Chiffonnette

 

  

  JEUDI CITATION

 

 

 

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27 février 2013 3 27 /02 /février /2013 02:15

Salut c’est moi le stylo de Valentyne,

.
Après une courte convalescence (pour ceux qui ont raté mon dernier exploit c’est ici ), je suis reparti du bon pied (en même temps j’en n’ai qu’un).
Je vous rassure, je vais beaucoup mieux maintenant. Valentyne s’est très bien occupée de moi. J’avais perdu tout mon encre. Elle m’a transfusé avec un produit de son invention et j’écris à nouveau. Je me demande ce qu’elle a mis dans cette encre, peu importe, seul compte le résultat : soit c’est de l’encre sympathique, soit c’est de l’encre ordinaire et je profite des fabuleux pouvoirs de l’effet Placebo. Peu importe l’encre pourvu qu’on aie l’ivresse . J’ai fait un ENORME travail sur moi même et je sais maintenant que jamais je ne pourrais faire le tour du monde par mes propres moyens. Mais faire le tour du monde reste mon but alors je complote. Vous suivez ? pas sûr , je vous explique. L’idée m’est venue lors de ma convalescence forcée : Valentyne, pour que je me sente moins seul m’avait rangé dans la boîte à chaussures où sont rangés les crayons de son fiston. J’étais là, couché au milieu de feutres martyrisés, de crayons de couleurs machouillés, d’un crayon à papier à la triste mine, d’un stabilo qui n’éclaire plus rien tellement il a servi, de ciseaux édentés. Presque un cercueil cette boîte. Mais ces pauvres diables m’ont redonné le goût de vivre. « Eloge d’une vieillesse heureuse » est leur leitmotiv. Quoi de mieux pour des feutres de se mettre au service de l’imagination d’un garnement de 6 ans : peu importe si les juments sont vertes, les fraises jaunes, cela donne de la couleur aux sentiments.
Nous sommes installés tranquillement dans la cuisine (« interdiction d’avoir des feutres dans le salon et dans les     chambres!  » a dit bien fort Valentyne à sa terreur de fiston, en serrant bien fort dans sa main sa dernière acquisition à la librairie « Etre un parent plus calme, serein, heureux »).
La nuit , la maison est à nous : le frigo et le lave-vaiselle ronronnent et rythment nos salsas endiablées. Car je crois que c’est là la clef de ma guérison. Avec les copains marqueurs, nous dansons, virevoltons toute la nuit, créant des arabesques folles dans les cahiers du susnommé fiston. « J’aime quand la danse guérit » m’a dit la nuit dernière, le feutre turquoise, pointe écrasée, pathétique mais resplendissant de vie. A moins qu’il n’ait dit « J’aime quand la danse gaie rit » , allez savoir… « Il faut arrêter de tout vouloir contrôler » a t il rajouté dans sa grande sagesse. « Si tu ne peux réaliser ton rêve, fais en sorte que les autres les réalisent pour toi. » m’a également sussuré un ciseau (des ciseaux?) qui faisait entrechats et grands écarts.
La danse a changé ma vie : avant j’étais torturé , je rendais visite à mon psy (Monsieur Freud s’est très bien occupé de moi , ici  l) , je lui parlais de mon problème de page blanche, de mon sentiment d’abandon, de la difficulté d’avoir été et de ne plus être, de ma difficulté à accepter la part féminine qui est en moi. Il me répondait « Devenez androgyne, ça ira mieux! » alors que cela va à l’encontre de mon vrai moi : je suis un stylo bique que diantre!
Avec la danse, rien de paranormal ou d’extraordinaire, mais on arrête de se prendre le capuchon. On écoute la musique (je préfère le rythme du lave-vaisselle en programme rapide à celui du réfrigérateur plus monotone ! et vous ??). Bref, je revis, et je m’exprime même si c’est en traces illisibles sur du papier pas canson, je ne mets pas de mots sur mes sentiments mais mon corps revit, devient plus souple. On ne va pas contre sa nature et je reste droit comme un i : vous ne me verrez pas faire du swing-gomme, mais à mon humble niveau , je lâche prise et j’applique l’adage de mon nouveau gourou « le stylo orange » : « quand vos zestes parlent pour vous » à moins qu’il n’ait dit « quand vos gestes parlent pour vous » , allez savoir… . Le matin, nous nous dépêchons de ranger le bazar que nous avons mis dans nos danses endiablées et je souris quand Valentyne s’exclame en buvant son café , interrogeant son cher et tendre : « Notre maison est elle malade ? j’ai l’impression de ranger tous les soirs et tous les matins , le foutoir est revenu »
Et moi je souris, dans mon for intérieur, je contemple les dessins de la nuit. Cette nuit j’ai dessiné une carte du monde, une sorte d’image subliminale, où on a l’impression que la Norvège est à un jet de pierre de la France. Je me répète comme un mantra ce que Sigmund m’a appris « Les grandes choses peuvent se manifester par de petits signes». J’arriverai à les persuader de faire le tour du monde. Au fait j’ai appris ce que Valentyne avait mélangé à mon encre : du coca (light quand même) et maintenant j’écris du Freud sous coke.

 

La consigne de Gwenaëlle

Participer à l’atelier d’écriture de Skriban : est-ce une activité paranormale? Ça se pourrait… surtout ce dimanche où je vous propose de vous appuyer sur des titres de livres mentionnés à la fin du magazine Psychologies de février 2013 pour bâtir un texte.

Voici les titres :

  1. Devenez androgyne, ça ira mieux!
  2. Quand vos gestes parlent pour vous
  3. Freud sous coke
  4. Votre maison est-elle malade?
  5. Les fabuleux pouvoirs de l’effet Placebo
  6. Paranormal
  7. Etre un parent plus calme, serein, heureux
  8. Quand la danse guérit
  9. Arrêter (z) de tout contrôler
  10. Eloge d’une vieillesse heureuse

Si vous n’étiez pas encore complètement paranormal, vous allez le devenir!

Les autres participants sont  ici 

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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 06:23

purge

Attention, livre choc, éprouvant. En même temps, pour un livre qui a pour sujet les purges staliniennes en Estonie, c'est prévisible. 
En Estonie, en 1992, Aliide est une vieille femme seule. L'effondrement de l'Union Soviétique est en cours. Dans son jardin, Aliide trouve une jeune femme  à bout de souffle, épuisée, battue, c'est Zara. Celle ci est russe, mais habillée à l'occidentale et parle un estonien aux intonations vieillies. Aliide la recueille, la soigne. On apprend petit à petit que Zara la jeune fille est recherchée par un proxénète Pacha.... et qu'elle n'a pas rejoint la ferme d'Aliide par hasard.
.
Sofi Oksanen raconte de façon entremêlée le destin de Allide, de sa soeur Ingel, du mari de sa soeur Hans de 1936 à 1950. En parallèle, on suit les réflexions d'Aliide en 1992 et de Zara,la jeune russe,  en 1991. Les chapitres se succèdent sans respecter d'ordre chronologique (mais sans que cela reste gênant pour la compréhension, la lecture reste très fluide). Aliide raconte son enfance, le mariage de sa soeur ; Zara , sa vie à Vladivostok. Un journal intime raconte les pensées de Hans, résistant contre le régime soviétique, qui est obligé de se cacher dans un cagibi de la maison d'Aliide.
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J'ai été prise par cette lecture, les personnages principaux sont émouvants, terriblement pathétiques avec leur peurs, leurs espoirs et leurs passions.
Un roman où le sens olfactif a aussi une très large place : les plantes médicinales, l'odeur d'oignons et de sueur véhiculées par le mari d'Aliide, l'odeur de la peur....

Sans raconter l'histoire et le secret de cette famille, je ne peux m'empêcher de penser : quel monstre cette Aliide : en même temps comment la juger après toutes les souffrances qu'elle a endurées ? Sofi Oksanen ne juge pas et écrit sobrement  « Dans la terre du désespoir poussent de mauvaises fleurs »
Le  geste final et salvateur d'Aliide envers Zara rattrape t il un peu tous ses méfaits?

Deux extraits : 
Les mains d’Aliide furent attachées dans son dos et un sac mis sur sa tête. Les gars se retirèrent. A travers le jute, elle ne voyait rien, quelque part, de l’eau gouttait par terre. L’odeur de la cave passait à travers. La porte s’ouvrit. Des bottes. Le chemisier d’Aliide fut déchiré, les boutons projetés sur les dalles, sur les murs, les boutons de verres allemands, et puis… elle se transforma en souris dans un coin de la pièce, en mouche dans la lampe, elle s’envola, en clou dans le carton mural, en punaise rouille, elle était une punaise rouille dans le mur. Elle était une mouche et allait avec une poitrine de femme dénudée, la femme était au milieu de la pièce avec un sac sur la tête, et elle surmontait la récente contusion, le sang s’était accumulé sous la peau de sa poitrine, les bleus étaient traversés par une fissure qui laissait passer une mouche, les hématomes des mamelons gonflés comme des continents. Quand la peau nue de la femme toucha les dalles, la femme ne bougeait plus. La femme la tête dans le sac au milieu de la pièce était une étrangère et Aliide était partie, son cœur se tortillait dans les fentes, trous, rainures, se confondait en une racine qui s’enfonçait dans la terre sous la pièce. Si on en faisait du savon ? La femme au milieu de la pièce ne bougeait pas, n’entendait pas, Aliide était devenue un crachat sur le pied de la table, à côté d’un trou de termite, à l’intérieur d’un trou rond dans le bois, le bois d’aulne, d’aulne issu de la terre d’Estonie, qui sentait encore la forêt, qui sentait encore l’eau et les racines et les taupes. Elle plongea au loin, elle était une taupe, qui poussait un tas de terre dans la cour, la cour sentait la pluie et le vent, la terre humide respirait et remuait. La tête de la femme qui se trouvait au milieu de la pièce avait été plongée dans seau à ordures. Aliide était dehors dans la terre humide, de la terre dans les narines, de la terre dans les cheveux, de la terre dans les oreilles et les chiens lui couraient par-dessus, leurs pattes pressaient la terre, qui respirait et gémissait, et la pluie battait et creusait ses propres voies et quelque part des bottes de cuir chrome, quelque part un manteau de cuir, quelque part l’odeur froide de l’eau-de-vie, quelque part le russe et l’estonien se mêlaient et les langues pourries sifflaient. La femme au milieu de la pièce ne bougeait pas.
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Un face à face entre Aliide et Zara
Mais la terreur de la fille était tellement vive qu'Aliide la ressentit soudain en elle-même. Bon sang,comment son corps se souvenait-il de cette sensation, et s'en souvenait si bien qu'il était prêt à la partager dès qu'il l'apercevait dans les yeux d'une inconnue? (...) Pour Aliide, la peur était censée appartenir à un temps révolu.
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Une lecture commune avec  Douceur littéraire , Laure et Christie, Lilou (lien à venir)
L'article de Denis qui l'a lu également.
lc
logo-challenge-c3a0-tous-prix (1)
et ma première participation au challenge à tout prix de Laure pour ce livre qui a obtenu le prix FNAC 2010 et le Prix Femina étranger 2010
Et une deuxième participation au tour du monde des auteurs d'Helran  pour la Finlande
tour monde 8 ANS
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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 00:00

 

Sur un banc, deux personnes (un homme et une femme) tournent le dos à la scène.Elles sont chaudement vêtues, bonnets, manteaux,  écharpes, et boots. Un paysage d'hiver en toile de fond, des arbres nus. Elle est âgée et joue avec la canne qui lui servit à se rapprocher du banc où ils font une pause. Lui, jeune et alerte, l'aide, prévenant.
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Elle : Je n'en peux plus d'attendre, il ne viendra jamais. 
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Lui : Tu dis cela tous les ans, et puis bon an mal an , il finit par montrer le bout de son nez. Je suis d'accord avec toi, le temps me semble long. Mais rien ne sert de soupirer, cela ne le fera pas venir plus tôt : On ne peut pas lui reprocher son inactitude. 
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Elle : Oui, mais d'après les infos, il aurait trois semaines de retard , cette année. 
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Lui : Les infos, les infos! sa venue n'est marquée dans aucun horaire connu. Il faut lui laisser son libre-arbitre. Quand il sera enfin là, nous serons tous heureux et le fêterons dignement. 
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Elle : j'ai bien peur que ce soit la dernière fois que je le vois pour ma part. C'est pour cela , que je l'espère tant. Toi ce n'est pas pareil, tu es jeune, au début de ta vie : tu en verras plein d'autres.
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Lui : Oh , regarde, Marnie, une hirondelle l'annonce. 
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Elle : Chouette, c'est pas trop tôt : rentrons à la maison, j'ai des semis à préparer. Je veux être fin prête pour l'arrivée du printemps.
La consigne des Impromptus : 

En attendant Untel

Deux personnages parlent d’un troisième qui apparaitra par la suite. Décor. Dialogues. Didascalies. C’est du théâtre.

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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 03:47

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Les mots collectés par Asphodèle   (allez voir chez elle les autres participants )

 

Dehors, le vent commençait à devenir plus intense. Il lui fallait sortir avant qu'il ne soit obligé de rester cloîtré chez lui. Ses protégées avaient besoin de lui dans la grange. Hubert  enfila donc ses bottes, mit un coupe-vent et sortit dans la bourrasque.

Aux alentours, tout était désert, pas un voisin à moins de 5 kilomètres de cette ferme isolée : il était sûr ainsi de ne pas être espionné.

Quatre ans maintenant qu'il habitait ici avec ses « invitées ». Ah comme il les chérissait ces petites !!

La première avait à peine deux ans quand il l'avait enlevée. Pas besoin de se repasser le film, il y avait eu une tempête semblable et cela l'avait aidé à commettre son forfait. Il avait repéré les lieux pendant des semaines, épiant le quotidien de cette famille bien sous tous rapports : la mère institutrice, le père menuisier, les deux enfants, le chien. Mais c'est sur Rose qu'il avait flashé tout de suite la voyant installée mi- soleil mi-ombre dans le jardin. Deux ans, la silhouette déjà élancée ayant perdu ses rondeurs de l'enfance, elle  se balançait doucement dans le vent. Rose c'était le nom qu'il lui avait trouvé. Il ne connaissait pas son vrai prénom mais cela devait être tout à fait banal : Jennifer ou Kelly peu importe : Rose lui allait si bien.

Il avait été subjugué aussitôt et, pris de vertige, une obsession avait germé dans son esprit : il lui fallait Rose. Peu importe que celle-ci ait déjà une famille, elle ne pouvait être heureuse dans cet environnement si sordide : il lui fallait une attention de tous les instants, quelqu'un qui l'admirerait, la ferait grandir grâce à des soins quotidiens. 

Il lui avait fallu trois semaines pour organiser l'enlèvement : Un soir, alors que les parents étaient sortis, il s'était introduit dans le jardin. Il avait fait vite et le rapt s'était déroulé sans aucun bruit . Il avait pensé au chloroforme et sa petite victime n'avait donc pas protesté : aussitôt après, il avait pris le large et était retourné dans son ermitage à 200 kilomètres de là : La petite n'avait pas protesté, ne s'était pas débattue : elle était restée impassible, recroquevillée sur la banquette arrière de son pick up. Il lui avait parlé pour la rassurer à son réveil.

Dans les jours qui avait suivi il l'avait installé dans la grange : il avait bien cru qu'il allait la perdre : elle se laissait dépérir, ne mangeait plus, ne buvait plus, n'ouvrait plus la bouche. Sa tête penchait base, comme résignée, la mâchoire tombante. 

Finalement il avait compris que sa protégée ne supportait pas la solitude et il s'était remis en chasse. Il fallait qu'il fasse attention : répéter son crime si tôt après sa première  tentative était risqué. Il avait donc pris encore plus de précautions que la première fois. La famille dans laquelle il avait repéré Tonia était une famille nombreuse : 7 enfants dont 6 filles, la mère était débordée de toute façon et ne remarquerait rien. . 
Tonia avait un caractère beaucoup plus affirmé que Rose, elle s’était un peu débattue, essayant de le mordre au passage ; cependant le sac de jute dont il s’était muni l’avait vite mise à sa merci, puis il l'avait installé dans la grange à côté de Rose qui tendait le cou vers sa nouvelle compagne, curieuse de voir sa nouvelle voisine. Et  Rose avait retrouvé sa joie de vivre.

Hubert avait alors connu une période de bonheur à l’état pur : Rose et Tonia, les délicieuses, étaient la famille qu’il n’avait jamais eue : il les choyait comme ces propres filles. Dans cette relation fusionnelle, il  les cajolait, les dorlotait, leur préparait de petits plats, les nourrissant à la becquée comme des oisillons tombés du nid, des petits morceaux de viande, des fruits pile à la dimension de leur petites bouches rouges et charnues. De vrais gouffres à nourritures, ces petites mais elles lui étaient reconnaissantes, elles le serraient dans leurs bras à chaque fois qu'il venait les voir, essayant de le retenir dans des jeux à n'en plus finir. Chaque fois qu'il s'absentait,  il leur ramenait un jeu, une babiole, un livre qu'il leur lisait chaque soir et où elles l'écoutaient religieusement ; il leur avait lu ainsi Gros câlin, un roman d'un auteur français qu'il aimait beaucoup Romain Gary, le petit Prince de Saint Exupéry pour Rose et surtout Lolita de Nabokov. Comme il se reconnaissait dans le personnage principal, Humbert Humbert, presque son nom à lui, Hubert. Que de lectures (rien d’érotique bien sûr), il avait pu partager avec elles !

Jamais il n’élevait la voix et ne voulait intimider Rose et Tonia : il n’était que douceur et attention, se félicitant chaque jour de les avoir enlevé à des gens, qu’il s’imaginait maltraitants.

Deux ans de félicité s’étaient ainsi écoulés, lui et les petites, vivant en autarcie. Dans la grange, il leur avait installé un puits de lumière invisible depuis l‘entrée de la ferme.

Maintenant ses filles pouvaient profiter des rayons du soleil matinal : Car il les appelait ses filles à présent et ne pouvait envisager de vivre sans leurs mouvements ondoyants, et leur odeur si délicate.

Pourquoi n'était-il pas resté ainsi avec Rose et Tonia, tranquilles et à l'écart du monde?  Lors du troisième printemps suivant l'arrivée de Rose dans son foyer, ses anciens démons l’avaient repris : il s’en voulait : pourquoi ne pas profiter de son bonheur actuel avec les petites et pourquoi vouloir agrandir sa petite famille ? C’était attirer inutilement l’attention sur lui. Et surtout il ne pouvait pas prévoir ce qui allait se passer et qui allait détruire à petit feu sa cellule familiale.

Mais c’était plus fort que lui, ses tripes lui réclamaient une nouvelle compagne pour les petites : c’est alors qu’il LA vit, sur la banquette arrière d'une voiture dans laquelle une  grosse dame chargeait ses courses : elle était sagement assise impassible, ne regardant pas la dame, ignorant le monde entier, fière et hautaine.  

Hubert  adressa la parole à la femme ce qu'il ne faisait jamais avec des inconnus : charmante petite ! C'est à ce moment qu'il aurait dû se méfier car la réponse de la femme, aigre et amère, aurait dû l'alerter. « Charmante, vous plaisantez : une vraie peste : je la ramène à mon ex-mari ! C’est sa « poupée ».Mon ex est le dirigeant de la société Genetical Research. Ils sont mondialement connus. » Hubert n'écoutait plus. Il restait les yeux rivés sur celle, qu'il appelait déjà Sarah. Il abrégea alors la conversation avec cette femme obèse : elle et son ex-mari ne la méritait pas. Il fallait soustraire Sarah à ce couple de tortionnaires. Il la suivit donc chez son ex-mari, les vit faire descendre Sarah et l'installer sous la terrasse. Le soir même, Sarah rejoignait Rose et Tonia qui lui firent un accueil chaleureux, la caressant tendrement. Mais Sarah n'avait pas réussi à s'intégrer  : elle  essayait toujours de le mordre quand il venait les nourrir et les soigner.

Surtout, il le sentait, Sarah montait les deux autres contre lui, il ne savait pas ce qu'elles se racontaient  la nuit dans la grange mais elles devaient organiser des plans pour l'éliminer, il en était sûr. Elle devait être atteinte d’une quelconque folie, cette Sarah : il allait falloir qu'il lui règle son compte discrètement car il ne voulait pas faire de peine à Rose et Tonia. 

C'était toute leur attitude qui lui soufflait cela : Rose se détournait quand il entrait dans la pièce, Tonia ne dansait plus de joie quand il apparaissait. Voyant ses difficultés, Hubert fit des recherches sur le couple chez qui vivait Sarah avant son enlèvement et là il avait compris quels monstres c’étaient, surtout l'homme. L'entreprise en question étudiait des évolutions génétiques : il avait dû procéder à des expériences horribles sur cette petite, pour la dénaturer ainsi.

Peut-être avait elle-même été génétiquement modifiée, avant sa naissance même : c’est la seule explication  qu'Hubert voyait pour expliquer l'affreux caractère de Sarah : cette agressivité démente qu'elle avait à son encontre, sans reconnaissance.

Hubert ouvrit précautionneusement la porte de la grange, qu'il barricadait à chaque sortie avec plusieurs cadenas.

Il voyait nettement Rose et Tonia : elles ne dormaient pas, normal avec la tempête et s'agitaient inquiètes, balançant leur tête à droite et à gauche. Par contre, pas de trace de Sarah, où était-elle, il l'avait pourtant bien attachée la dernière fois, ce matin même ?

Il recula, se mit dos au mur de la grange et fit le tour avec précaution essayant de repérer Sarah.

L'attaque fulgurante vint de la droite. Sarah, telle une liane, s'enroula autour de lui le déséquilibrant : elle l'étouffait, il la sentait sa tête proche de la sienne, sa bouche cherchant à le mordre, et Rose et Tonia qui regardaient la scène de loin sans intervenir. Ne voyaient elle pas que Sarah avait perdu tout contrôle et que dans un moment d’égarement elle essayait de le tuer, lui leur protecteur à toutes les trois ?

La bataille fit rage quelques courts instants, un vrai calvaire. Sarah était plus forte effectivement et il sentit peu à peu ses forces l'abandonner.

Sa passion l'avait perdu : c'est ce que penseraient les gens en le découvrant dans quelques jours, étouffé et à moitié mangé par des plantes carnivores : Une Darlingtonia  ou plante cobra, une Drosera et enfin une Sarracenia Leucophilla, visiblement génétiquement modifiée vues ses dimensions imposantes.

 

 

Les mots collectés par Asphodèle

 

obsession – fruit – calvaire – égarement – film – érotique – feu – intense – gouffre – fusionnel – folie – rouge – vertige – fulgurance – danser – délicieux – dément (dans le sens de fou, aliéné).

 

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 00:00

Quinn s’était intéressé à la vaste littérature consacrée à ces affaires. Il y avait eu le marin écossais Alexander Selkirk (considéré par certains comme le modèle de Robinson Crusoé)  qui avait vécu seul pendant quatre ans sur une île au large des côtes chiliennes et qui, selon le capitaine du vaisseau qui lui porta secours en 1708, « avait tellement oublié son langage faute de s’en servir que nous pouvions à peine le comprendre. Moins de deux décennies plus tard Peter de Hanovre, un enfant sauvage âgé d’environ quatorze ans, fut découvert, mutique et nu, dans une forêt près de la ville de Hamel, en Allemagne. Il fut amené à la cour d’Angleterre sous la protection particulière de Georges 1er. Swift aussi bien que Defoe, eut l’occasion de le voir, et cette expérience conduisit Defoe à écrire en 1726 l’opuscule intitulé Esquisse de la nature à l’état pur ; ou un corps sans âme, Peter, cependant, n’apprit jamais à parler. Au bot de plusieurs mois il fut envoyé à la campagne  où il vécut jusqu’à l’âge de soixante-dix ans sans manifester le moindre intérêt pour la sexualité, l’argent où les autres choses de ce monde. Puis il y avait eu le cas de Victor, l’enfant sauvage de l’Aveyron, capturé en 1800. Grâce aux soins patients et méthodiques du Dr Itard, Victor acquit quelques rudiments de parole mais ne dépassa jamais le niveau d’un petit enfant. Plus célèbre encore que Victor, il y avait eu Gaspard Hauser qui fit son apparition un après midi de 1828 à Nuremberg, habillé d’une façon incongrue et à peine capable d’articuler un son intelligible. Il pouvait écrire son nom, mais à tous autres égards il se conduisait comme un enfant. Adopté par la ville et confié aux soins d’un maître d’école, il passait ses journées assis sur le plancher à jouer avec des petits chevaux, ne mangeant que du pain et de l’eau. Pourtant il se développa. Il devint excellent cavalier, se montra d’une propreté obsessionnelle et se passionna pour deux couleurs, le blanc et le rouge. Enfin au dire de tous, il faisait preuve d’une mémoire extraordinaire, surtout pour les noms et les visages. Il préférait cependant rester à l’intérieur, fuyant la lumière vive. Comme Peter de Hanovre, il ne manifesta jamais le moindre intérêt pour les choses du sexes ou pour l’argent. Au fur et à mesure que lui revenait le souvenir de sa vie antérieure, il se trouva en mesure de se rappeler qu’il avait passé de nombreuses années sur le plancher d’une pièce plongée dans l’obscurité nourri par un homme qui ne lui parlait jamais et ne se laissait jamais voir. Peu après ces révélations, Gaspard mourut, poignardé par un inconnu dans un jardin public.

 

 

Sur une idée de Chiffonnette

 

  

  JEUDI CITATION

 

 

 

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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 05:11

impossible.jpgQuatrième de couv : Dans un avion, une chanson ramène Watanabe à ses souvenirs. Son amour de lycée pour Naoko, hantée comme lui par le suicide de leur ami, Kizuki. Puis sa rencontre avec une jeune fille, Midori, qui combat ses démons en affrontant la vie. Hommage aux amours enfuies, le premier roman culte d'Haruki Murakami fait resurgir la violence et la poésie de l'adolescence.

Oeuvre d'une ampleur exceptionnelle, placée sous le parrainage de Salinger et Fitzgerald, La Ballade de l'impossible est le livre qui a révélé Haruki Murakami. Un superbe roman d'apprentissage aux résonances autobiographiques, dans lequel l'auteur fait preuve d'une tendresse, d'un charme poétique et d'une intensité érotique saisissants. Au cours d'un voyage en avion, le narrateur entend une chanson des Beatles : " Norwegian Wood ". Instantanément, il replonge dans le souvenir d'un amour vieux de dix-huit ans. Quand il était lycéen, son meilleur ami, Kizuki, s'est suicidé. Kizuki avait une amie, Naoko. Ils étaient amoureux. Un an après ce suicide, le narrateur retrouve Naoko. Elle est incertaine et angoissée, il l'aime ainsi. Une nuit, elle lui livre son secret, puis disparaît...

Mes impressions : J’ai trouvé ce livre sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte très intéressant : les amis, les études, la découverte de la sexualité et de sa propre personnalité. Watanabe nous entraîne dans ses pensées et ses rencontres, sur un rythme propre à l'introspection et au questionnement. Il se cherche, se questionne, ruminant souvent le suicide de son ami. Son amie Naoko est bouleversante de fragilité. Midori, extravagante et extravertie est son contraire, malgré une vie famililae qui ne l'a pas épargnée.

Pour ma part, lorsque j'ai appris le secret de Naoko dont parle la quatrième de couv, il faut bien dire que j'ai une peu décroché de ce livre. Non pas parce qu'il était moins bien écrit, ou moins intéressant mais pour moi (compte tenu de mon expérience personnelle) la fin était inéluctable et très triste, j'ai donc pris du  recul et finit ce livre en simple spectateur alors qu'avant j'avais l'impression d'être dans le livre au côté de Watanabe et de Naoko.    

J'ai choisi trois extraits qui m'ont particulièrement plu :

Watanabe se promène dans Tokyo avec Naoko.

Au fur et à mesure que l'hiver avançait, je crus discerner dans ses yeux plus de transparence qu'auparavant. C'était une limpidité qui n'avait pas d'endroit où se poser. De temps en temps, elle me regardait dans les yeux sans raison précise, comme si elle y cherchait quelque chose, et, à chaque fois, j'étais pris d'un curieux sentiment de tristesse  et de découragement.

 Je finis par penser qu'elle voulait peut- être me dire quelque chose, mais qu'elle n'arrivait pas à l'exprimer avec des mots. Ou plutôt qu'avant de mettre en mots elle n'arrivait pas à le saisir à l'intérieur d'elle- même. C'était justement pour cela que les mots ne sortaient pas.  (p 40)

Un dialogue entre Watanabe et son ami Nagasawa :

Plus on connaissait Nagasawa, plus on le trouvait étrange. J'ai rencontré, j'ai croisé et j'ai connu pas mal de gens bizarres au cours de ma vie, mais aucun ne le fut autant que lui. Pour ce qui est du lecteur passionné qu'il était, je ne lui arrivais pas à la cheville, mais il avait pour principe de ne lire que les auteurs morts depuis au moins trente ans. Il me disait que c'étaient les seuls en qui il avait confiance.

"Je ne dis pas que je n'ai pas confiance dans la littérature contemporaine. Mais je ne veux pas gaspiller un temps précieux en lisant des œuvres qui n'ont pas reçu le baptême du temps.  La vie est courte.

- Quels sont les auteurs que tu aimes ? lui demandai-je.

- Balzac, Dante, Joseph Conrad, Dickens, me répondit-il aussitôt.

- On ne peut pas dire que ce soient des auteurs d'actualité.

- C'est justement pour cela que je les lis. Quand on lit la même chose que tout le monde, on ne peut penser que comme tout le monde. Cela fait péquenaud et vulgaire. Quelqu'un de sérieux ne s'amuse pas à ce genre de chose. Est-ce que tu sais, Watanabe, que dans ce foyer toi et moi sommes les seuls à peu près convenables? Tous les autres sont bons à mettre au panier.

- Comment peux-tu le savoir ? lui demandai-je, surpris.

- Je le sais. C'est comme si nous avions une marque sur le front. Je le vois tout de suite. Et puis nous avons tous les deux lu Gatsby le magnifique!"

Je fis mon calcul dans ma tête.

"Mais cela ne fait que vingt-huit ans que Scott Fitzgerald est mort !

- Deux ans, ce n'est rien du tout, les écrivains comme lui peuvent être en dessous de la moyenne, tu sais" p 43

 

Les réflexions de Watanabe sur sa place parmi ses pairs :

Tout le monde semblait heureux, chacun à sa manière. Je ne savais pas si ces gens l'étaient vraiment ou s'ils en donnaient seulement l'impression, en tout cas, en cet agréable après-midi de la fin du mois de septembre, tout le monde semblait heureux, et cela m'emplit d'un sentiment de tristesse inaccoutumé. J'avais l'impression d'être le seul à me tenir en dehors de ce paysage.

Mais à la réflexion, à quel paysage avais-je appartenu durant toutes ces années? me demandai-je. La dernière scène intime dont je me souvenais était celle du billard près du port où j'avais joué avec Kizuki. Mais c’était cette nuit-là que Kizuki était mort et, depuis, un courant d'air glacial s'étaient installé entre moi et le reste du monde. J'essayai de réfléchir à ce qu'avait représenté pour moi l'existence de Kizuki. Mais il me fut impossible de trouver une réponse. La seule que je comprenais, c'était que la mort de Kizuki m'avait privé , pour toujours et totalement, d'une partie de ce que j'étais bien obligé d'appeler mon adolescence. J'en étais tout à fait conscient. Mais je n'avais aucune idée de ce que cela pouvait signifier, ni des conséquences que cela pouvait entraîner.  p103

et pour finir la chanson qui revient comme un leitmotiv dans tout le livre

 

 

 

 

 

  
Ma deuxième participation au challenge d'Adalana logo-c3a9crivains-japonais_1.jpg

Livre qui fait partie aussi du Challenge Romans cultes de Métaphore

 tour-quebec-septembre-frissons-octobre-plein--L-J BS1L

 

et une participation au tour du monde en 8 ans chez Helran (pour le Japon)

 tour monde 8 ANS

et une participation au challenge à tous prix de Laure puisque ce livre a eu le prix Yomuiri

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